Bordeaux : un épicier musulman condamné pour discrimination dans son commerce
Le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné lundi 25 Jean-Baptiste Michalon, un épicier-libraire musulman à deux mois de prison avec sursis et une amende de 500 euros pour discrimination dans son commerce. En juin 2015, ce Picard converti à l'islam avait apposé sur la vitrine de sa boutique De l'Orient à l'Occident, située dans le quartier populaire de Saint Michel, une affichette distinguant les horaires d'ouverture pour femmes et hommes. Les "soeurs" étaient invitées à faire leur courses les samedis et dimanches, tandis que les "frères" pouvaient venir les autres jours de la semaine. Or interdire à une personne de venir dans un commerce en raison de son genre relève du code pénal, explique Le Monde qui révèle l'affaire.
Mais selon d'après celui qu'on appelle désormais Yahya, c'est sa clientèle féminine qui lui avait demandé ce régime d'ouverture différent pour les hommes et les femmes. Persuadé à l'époque qu'un homme ne pouvait s'isoler avec une femme ou inversement, il préférait que son épouse, au comptoir le week-end, s'occupe des clientes, tandis qu'il prenait le relais avec les hommes durant la semaine. Mais, devant l'ampleur de la polémique déclenchée par son affichette, le commerçant n'a eu d'autre choix que d'abandonner sa curieuse démarche commerciale.
En effet, les réseaux sociaux, les habitants du quartier, le préfet de la Gironde et même Alain Juppé, le maire de la ville, s'étaient empressés de critiquer "ce genre de pratiques". Le préfet de la Gironde, Pierre Dartout, avait estimé "qu'il était inacceptable qu'un commerçant puisse être ouvert à des jours différents pour les hommes et pour les femmes", et avait souhaité que "la justice s'en saisisse immédiatement". " La liberté de religion est un droit fondamental, mais elle s’exerce dans le respect des lois de la République", avait quant à lui déclaré Alain Juppé, se disant "choqué" et demandant "de faire cesser cette discrimination au plus vite". "Parmi les fondements de la République, il y a le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est la voie ouverte à toutes les dérives, dans les transports en commun, dans les équipements publics", avait-il poursuivi, repris par Le Monde. "On n'a jamais vu ça à l'époque du Prophète! Les marchés étaient mixtes. Ça me paraît un peu bizarre dans un monde où la mixité est une culture établie", avait commenté le grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, voyant dans cet épicier converti le symbole d'une "génération de jeunes qui n'ont pas de culture religieuse profonde, avec une lecture anachronique et absolutiste des textes, avec notamment des lectures obsessionnelles de tout ce qui touche à la femme et au sexe". "Ce sont des jeunes irresponsables et presque isolés de la société", avait-il estimé, cité par BFMTV.
Depuis, le principal intéressé a perdu son commerce, il a été menacé de plusieurs reprises et sa femme l'a quittée. Il vit du RSA et de petits boulots. Lors de son procès, le tribunal correctionnel de Bordeaux a reconnu des faits de "provocation à la haine ou à la violence, discrimination et subordination d’un bien ou d’un service, le tout en raison du sexe". Désespéré, l'homme envisage de faire appel.
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