Camp de Grande-Synthe : le préfet du Nord met en demeure la mairie

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 mars 2016 - 08:16
Image
Le camp de migrants de Grande Synhte
Crédits
©Denis Charlet/AFP
Cette mise en demeure pourrait ralentir le processus.
©Denis Charlet/AFP
Monté par l'association Médecins sans frontières et par la mairie, un camp aux normes internationales a ouvert ses portes lundi matin à Grande-Synthe. Le préfet du Nord s'est toutefois dit "inquiet des dangers relevés par la commission communale de sécurité", mettant en demeure le maire de la ville.

Un camp de migrants aux normes internationales, premier du genre en France, avec des bungalows chauffés, a ouvert ses portes lundi 7 à Grande-Synthe (Nord), mais une mise en demeure de la préfecture sur sa sécurité pourrait suspendre le processus. "Inquiet des dangers relevés par la commission communale de sécurité", le préfet Jean-François Cordet a "mis en demeure le maire de Grande-Synthe de rapporter sans délai l'arrêté municipal" de lundi qui autorise "malgré l'avis défavorable de ladite commission" l'ouverture de ce camp, a-t-il annoncé dans un communiqué lundi soir.

Plusieurs cars de migrants, transportant quelque 400 personnes selon la mairie, étaient arrivés dans la journée au camp dit "de la Linière" en provenance du camp illégal de Basroch, distant de 1,5 km. Dans ce dernier, vivaient jusqu'à présent 1.050 migrants dans des conditions particulièrement insalubres.

Le maire (EELV) de Grande-Synthe, Damien Carême, était passé outre l'avis consultatif des représentants de la police et des pompiers venus sur place lundi et avait validé les dispositions de sécurité. Mais la mise en demeure du préfet du Nord, lundi soir, pourrait suspendre l'ouverture du camp. Il a en effet enjoint Damien Carême de "prendre sans délai les mesures compensatoires visant à assurer la sécurité des occupants, tout particulièrement durant les nuits".

"Il s'agit de limiter les risques d'incendie, d'alerter les occupants lorsqu'un sinistre se déclare, de favoriser leur évacuation, d'alerter les services de secours et de faciliter leur intervention. La sécurité des personnes est en jeu et on ne peut méconnaître les règles l'assurant, quels que soient les motifs humanitaires", a expliqué la préfecture. "C'est le bras de fer qui continue" avec l'Etat, avait réagi le maire plus tôt dans la journée, lorsque le préfet avait d'abord demandé l'organisation d'une commission de sécurité. "Je n'imaginais pas qu'ils étaient capables d'aller si loin en me mettant autant de bâtons dans les roues", avait-il protesté.

La plupart des migrants du camp de Basroch, qualifié de "camp de la honte" par le préfet, sont des Kurdes irakiens. Comme Majied Kaveen, 35 ans, originaire de Kirkouk, qui y a passé 40 jours: "Certains y ont vécu neuf mois, je ne sais pas comment ils ont fait...", a-t-il dit à l'AFP, "très heureux" de "rejoindre un abri".

Constitué de petits bungalows en bois, chauffés et prévus pour quatre personnes, ce nouveau camp, monté par MSF et la mairie, sera géré par l'association Utopia56. "Il y a aujourd'hui 220 cabanons disponibles, pouvant loger au moins 1.500 personnes. On espère en avoir 375 à court terme", soit une capacité de 2.500 places, selon la coordonnatrice de MSF Angélique Muller. "Je pallie une faille de l'Etat", a déclaré Damien Carême, qui disait ne plus pouvoir "supporter les images de ce camp et de ces enfants".

Situé dans la banlieue de Dunkerque, le camp de la Linière doit coûter 3,1 millions d'euros. MSF doit apporter 2,6 millions d'euros, Grande-Synthe et la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) 500.000 euros environ, a précisé Angélique Muller. Le camp sera divisé en six zones, comportant chacune douches et toilettes, ainsi qu'un ou deux "espaces de vie: cuisine, école, etc.", a détaillé un responsable de MSF.

A la différence du Centre d'accueil provisoire jouxtant la "jungle" de Calais et constitué de conteneurs, le camp ne sera pas clôturé: "on ne veut pas d'une prison à ciel ouvert", ont martelé MSF et la mairie.

Dès le départ, le gouvernement s'y est déclaré hostile. "La politique de l'Etat n'est pas de reconstituer un camp à Grande-Synthe, mais bien de le faire disparaître" pour offrir des "solutions individuelles" aux migrants, avait indiqué mi-février le préfet du Nord. "J'espère que les autorités (...) vont rembourser l'investissement fait et aussi venir en aide sur le fonctionnement estimé entre 2 et 2,5 millions d'euros par an", a cependant affirmé Damien Carême.

Les "maraudes" de fonctionnaires spécialisés ont conduit plus de 580 migrants à demander l'asile et à rejoindre l'un des 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) répartis en métropole, d'après la préfecture. Depuis début janvier, 320 autres personnes ont été hébergées dans le Dunkerquois, dont 150 femmes et enfants, selon la même source. A une quarantaine de km, les travaux de démantèlement de la partie sud de la "jungle" ont repris pour la seconde semaine consécutive.

 

À LIRE AUSSI

Image
Le camp de migrants de Grande Synhte
Grande-Synthe : le premier camp aux normes internationales a ouvert ses portes
Les premiers migrants du nouveau camp de Grande-Synthe (Nord) sont arrivés ce lundi en milieu de matinée. Le site, composé de maisonnettes en bois et financé en grande...
07 mars 2016 - 13:14
Société
Image
Le camp de migrants de Grande Synhte
Migrants : ouverture lundi à Grande-Synthe du premier camp aux normes internationales
Un camp de migrants composé de cabanons devrait accueillir ses premiers occupants à Grande-Synhte (Nord) ce lundi. Il devrait permettre d'accueillir 1.500 personnes à ...
06 mars 2016 - 17:37
Société
Image
Grande-Synthe vents violents 09.02.2016
Grande-Synthe : les vents abîment les deux-tiers du futur camp de migrants
Les vents violents qui ont soufflé sur une grande partie de la France ce mardi ont endommagé les deux-tiers du futur camp humanitaire de Grande-Synthe, près de Dunkerq...
09 février 2016 - 21:06
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.