"Chemise arrachée" à Air France : 2 à 4 mois de prison avec sursis requis contre 5 salariés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 septembre 2016 - 20:42
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Les images "humiliantes" des deux cadres dirigeants escaladant un grillage pour échapper à leurs poursuivants avaient fait le tour du monde.
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Deux à quatre mois de prison avec sursis ont été requis ce mercredi contre cinq salariés d'Air France jugés à Bobigny pour leur implication dans l'épisode de la "chemise arrachée" du DRH. Le parquet a aussi requis 1.000 euros d'amende contre les dix autres prévenus, poursuivis pour des "dégradations" lors de la manifestation du 5 octobre 2015.

Pas des "colibris" mais des "voyous": deux à quatre mois de prison avec sursis ont été requis ce mercredi 28 contre cinq salariés d'Air France jugés à Bobigny pour leur implication dans l'épisode de la "chemise arrachée" du DRH. "Ce n'était pas une opération syndicale mais une opération de casseurs, puis de voyous", a déclaré le procureur Philippe Bourion, reprenant à son compte les termes employés par le Premier ministre Manuel Valls au lendemain de ces incidents. Le parquet a aussi requis 1.000 euros d'amende contre les dix autres prévenus, poursuivis pour des "dégradations" lors de la manifestation du 5 octobre 2015 devant le siège d'Air France à Roissy.

Pris à partie ce jour-là, Xavier Broseta, DRH d'Air France à l'époque, et Pierre Plissonnier, le responsable du long-courrier, avaient dû fuir sous les huées, torse nu pour le premier, la chemise en lambeaux pour le second. Les images "humiliantes" des deux cadres dirigeants escaladant un grillage pour échapper à leurs poursuivants avaient fait le tour du monde et terni un peu plus la réputation de la France en matière de dialogue social. Le procureur a assuré avoir pris en compte le "contexte" de ces incidents dans ses réquisitions et appelé le tribunal à faire de même dans son jugement, qui sera mis en délibéré. "Personne n'a à l'esprit que lorsqu'on annonce 2.900 licenciements, il y aurait une obligation d'amener des fleurs", a-t-il dit.

Comme l'ont rappelé les responsables de la CGT Air France mardi à l'audience, ces incidents faisaient suite en effet à l'annonce d'un plan de restructuration menaçant 2.900 emplois, dans une entreprise déjà éprouvée par les plans sociaux à répétition ("10.000 suppressions d'emploi en dix ans"). Pour la première fois, les syndicats redoutaient des licenciements secs, en particulier au sein du personnel au sol à qui "beaucoup d'efforts avaient déjà été demandés", et dont les prévenus sont issus. Mettant les incidents sur le compte d'un "effet de meute", le procureur a ironisé sur les dénégations des prévenus, pourtant identifiés par l'enquête de police sur la base des innombrables images versées dans la procédure.

"Tous vous font des descriptions d'eux-mêmes avec des délicatesses de libellules, des entrechats de danseuses. Je ne crois pas à cette réunion de colibris délicats", a dit M. Bourion, qui a scandalisé la défense en qualifiant d'"hyperprotéinés" ces prévenus à la forte carrure. Avocate de 12 des prévenus, Lilia Mhissen a dénoncé une fois de plus la "déloyauté de l'enquête", "un dossier bâclé" où domine la volonté de trouver des "boucs-émissaires". Elle a invité le tribunal à prendre de la hauteur avec les images médiatiques. "Ce qu'écrivent les médias, ce n'est pas toujours la vérité judiciaire. Vous ne pouvez pas condamner sur la base d'une photo sensationnelle", a-t-elle dit.

La défense, qui a fait citer Air France et deux sociétés de vigiles dans une audience séparée qui se tiendra le 9 décembre, a redit sa conviction que la compagnie s'était rendue coupable du délit d'immixtion dans un conflit social, notamment en verrouillant la grille d'accès au siège. Un acte perçu comme une "provocation" par les salariés qui avaient pénétré de force dans le siège en criant "on est chez nous, ici".

Dans la matinée, les avocats des parties civiles s'étaient relayés pour dénoncer la stratégie de la défense consistant à ériger les victimes en coupables. Une stratégie qualifiée par Me Fanny Colin de "classique mais vulgaire". Ils avaient aussi critiqué la tentation des prévenus et de leurs soutiens, notamment au sein de la CGT, de justifier le recours à la violence physique "lorsqu'elle répond à une violence sociale ou à une situation de désespoir".

 

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