"Chemise arrachée" : quinze salariés d'Air France devant la justice

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 septembre 2016 - 11:48
Image
le DRH d'Air France molesté par des salariés le 5 octobre 2015.
Crédits
©Jacky Naegelen/Reuters
Le DRH d'Air France avait du fuir face à des individus violents le 5 octobre 2015.
©Jacky Naegelen/Reuters
Près d'un an après les faits, le procès de la "chemise arrachée" du DRH d'Air France s'ouvre ce mardi dans un climat qui reste tendu. L'intersyndicale qui espère en faire une journée consacrée aux "libertés syndicales" a lancé un appel à la grève.

La photo du DRH d'Air France, chemise en lambeaux, avait fait le tour du monde et terni un peu plus la réputation française en matière de dialogue social: le procès de 15 salariés de la compagnie s'ouvre mardi à Bobigny.

L'intersyndicale d'Air France appelle à une grève et un rassemblement en soutien aux prévenus aux abords du tribunal. La CGT, qui compte plusieurs membres parmi les prévenus, veut transformer cette journée en tribune pour "les libertés syndicales". Cinq de ses adhérents, dont un représentant du personnel, ont été licenciés par la compagnie à la suite des événements. Cinq salariés sont poursuivis pour "violences en réunion" et dix autres pour "dégradations".

Les faits s'étaient produits le 5 octobre 2015 lors d'une manifestation contre un projet de restructuration d'Air France visant à supprimer 2.900 emplois pour redresser sa compétitivité. Après avoir forcé la grille d'accès au parvis du siège d'Air France à Roissy, une centaine de manifestants avait envahi la salle où la direction était en train de présenter le plan en comité central d'entreprise.

Lors d'un mouvement de foule, le directeur des ressources humaines Xavier Broseta et celui de l'activité long courrier, Pierre Plissonnier, avaient été malmenés, de même que certains des vigiles assurant leur protection. Puis, alors qu'ils tentaient de fuir, leurs chemises avaient été arrachées par la foule hostile, massée à l'extérieur du bâtiment.

Ils n'avaient pas été blessés mais les images, filmées par de nombreux médias, de ces deux cadres fuyant sous les huées, torse nu et chemise en lambeaux, avaient fait le tour du monde et suscité de nombreuses réactions indignées, le Premier ministre Manuel Valls qualifiant les fauteurs de trouble de "voyous".

Fin mai, le procès s'était ouvert en pleine épreuve de force entre la confédération de Montreuil et le gouvernement sur la loi Travail, avant d'être opportunément renvoyé à la rentrée. Si le contexte est moins explosif, les débats s'annoncent tendus entre des prévenus résolus à dénoncer la "violence patronale" et une direction qui fustige le recours à la violence physique.

L'avocat d'Air France, Me Dominique Mondoloni, a ainsi critiqué la "volonté de la défense de transformer les auteurs en victimes et les victimes en auteurs". "Air France sera là pour soutenir ses salariés et répéter que la violence ne peut en aucun cas devenir un mode de régulation des conflits sociaux", a-t-il ajouté, soulignant l'attachement de l'entreprise, qui emploie 55.000 personnes, au dialogue social.

Côté défense, Me Lilia Mhissen aimerait "qu'on ne juge pas les salariés sur des extraits de vidéos". Par exemple, deux des prévenus ont "clairement agi pour protéger MM. Broseta et Plissonnier", affirme l'avocate de 12 des salariés, persuadée que "si on avait récupéré toutes les images de la vidéo-surveillance et l'ensemble des rushes des journalistes, l'histoire aurait été différente".

L'avocate a fait citer la compagnie pour immixtion dans un conflit social et entrave à l'exercice du droit syndical. Alors que ces faits doivent être examinés le 9 décembre, Me Mhissen devrait plaider à l'ouverture de l'audience la jonction entre les deux affaires.

Si le tribunal fait droit à sa demande, le procès, prévu pour durer jusqu'à mercredi, sera renvoyé au 9 décembre. Au pénal, les salariés poursuivis pour violences encourent jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. Au civil, Air France leur réclame un euro symbolique. Le jugement sera mis en délibéré.

 

À LIRE AUSSI

Image
AirFrance-Chemisearrachée-licenciement
"Chemise arrachée" à Air France : le délégué CGT vient de recevoir sa lettre de licenciement
Accusé d'avoir pris part à l'épisode de la "chemise arrachée" en octobre 2015, le délégué CGT d'Air France a indiqué avoir reçu ce mercredi sa lettre de licenciement. ...
31 août 2016 - 19:12
Société
Image
Le logo d'Air France.
Air France : reprise des discussions avec les syndicats d'hôtesses et de stewarts
Après une semaine de grève fin juillet qui s'était avérée coûteuse pour Air France, les discussions redémarrent ce mercredi entre direction et syndicats de stewards et...
24 août 2016 - 13:06
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.