Deux djihadistes français condamnés à 6 et 10 ans de prison

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 janvier 2016 - 18:10
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Un djihadiste de l'Etat islamique.
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Les deux hommes étaient partis ensemble en Syrie. L'un est revenu, l'autre reste actif au sein de Daech.
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Deux djihadistes français ont été condamnés ce vendredi pour avoir rejoint l'Etat islamique en Syrie. Le premier, revenu depuis, a écopé de six ans de prison eu égard à sa "volonté de réinsertion". Le second, toujours en Syrie et jugé dangereux, a été condamné en son absence à 10 ans de prison.

Espoir de réinsertion pour l'un, revenu en France après six mois en Syrie, contre "dangerosité" de l'autre, actif au sein du groupe État islamique (Daech): la justice a condamné vendredi deux djihadistes français à six et dix ans d'emprisonnement.

Le tribunal de Paris a fait une nette distinction entre Zakaria Chadili, 28 ans, et Ziyeid Souied, 22 ans, partis ensemble en Syrie au début de l'année 2014, et jugés pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actions terroristes.

Contre le premier, détenu en France depuis environ un an et demi, le parquet avait requis sept années d'emprisonnement et une période de sûreté des deux tiers. Il n'a pas été entièrement suivi par le tribunal qui a condamné à six années d'emprisonnement, sans période de sûreté, ce qui, en théorie, permet des aménagements de peine dans quelques mois.

Le président a parlé de "nécessaire répression" devant un Zakaria Chadili immobile, crâne rasé, barbe rousse fournie et t-shirt bleu foncé, mais aussi de "volonté de réinsertion".Il a aussi évoqué la "fragilité psychologique" du prévenu, et un contexte familial "problématique": des parents séparés, des rapports compliqués des enfants avec leur mère, une Française convertie au soufisme, mouvance mystique de l'islam.

A l'audience, le 8 décembre dernier, Zakaria Chadili avait raconté une radicalisation rapide à l'été 2013, au moment du jeûne du ramadan. Disant vouloir "se rapprocher de Dieu", il se brouille avec ses proches, enregistre sur son ordinateur des photos en hommage à Ben Laden, consulte la page Facebook d'un recruteur de djihadistes.

En janvier 2014, il part pour la Syrie, pour "aider" la population face aux "horreurs" infligées par le régime de Bachar al-Assad, assure-t-il au tribunal. Il fait "un peu de course à pied, un peu de cardio" et, quand il ne publie pas des photos d'un chaton adopté sur Facebook, s'initie à la kalachnikov: "C'est pas très difficile. En 15 minutes tout le monde peut apprendre ça".

Suivent une mission "de surveillance" avortée sur le front, et une phase d'inaction: "Je traînais". A la fin du printemps 2014, son père organise son retour et son hébergement par un oncle en Grande-Bretagne, pays dans lequel il est arrêté en juin 2014, avant la proclamation d'un "califat" par le groupe État islamique.

Son avocat Martin Pradel, qui craignait un "amalgame" entre son client et les auteurs des attentats du 13 novembre, a estimé vendredi que le tribunal avait "entendu la prise de distance" de son client avec ses agissements passés. Il a jugé que Zakaria Chadili avait désormais "une chance de démontrer" sa volonté de réinsertion.

En ce qui concerne l'autre prévenu, Ziyeid Souied, jugé en son absence, le président du tribunal a au contraire insisté sur sa "dangerosité". Le tribunal a en ce qui le concerne suivi les réquisitions, en prononçant une peine de dix années d'emprisonnement à l'encontre du djihadiste.

Aux dernières nouvelles, Ziyeid Souied avait prêté allégeance au groupe État islamique et travaillait dans la "police" de l'organisation, tout en participant au recrutement de djihadistes étrangers.

Selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont notamment obtenu des renseignements sur son parcours par une jeune femme que le djihadiste a épousée religieusement en Syrie, et qui a été entendue après être rentrée en France l'an dernier. Elle a donné des détails sur les diverses missions de Ziyeid Souied pour le groupe État islamique, sur les rémunérations qu'il percevait (un "salaire de 100 dollars" pour "des surveillances") ou sur les armes du couple.

Un proche de Ziyeid Souied, resté en contact avec lui après son départ en Syrie, a lui raconté, selon une source proche du dossier, que le jeune homme né à Gap (Hautes-Alpes) se vantait d'être l'un des meilleurs dans ses entraînements. Et d'être surnommé pour cette raison "la pile électrique".

 

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