El Mouadan, annoncé mort en Syrie, proche d'un kamikaze du Bataclan

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 décembre 2015 - 09:35
Image
Charaffe El Mouadan.
Crédits
©Kun Tian et Thomas Saint-Cricq/AFP
Charaffe El Mouadan est allé en Syrie avec, notamment, Samy Amimour et Omar Mostefaï, deux des terroristes kamikazes du 13 novembre.
©Kun Tian et Thomas Saint-Cricq/AFP
Le djihadiste français Charaffe El Mouadan tué récemment par les américains en Syrie était un proche des terroristes qui ont attaqué le Bataclan et semé la terreur dans les rues de Paris, le 13 novembre. Le Pentagone affirme même qu'il "préparait activement d'autres attaques".

Le djihadiste français Charaffe El Mouadan, dont les Américains ont annoncé la mort en Syrie, mardi 29, était proche d'au moins un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour, sur lequel il exerçait un ascendant.

Selon le Pentagone, ce Français a été tué le 24 décembre. Washington le présente comme "lié directement" à Abdelhamid Abaaoud, le djihadiste belge soupçonné d'être l'organisateur des attentats du 13 novembre à Paris, et affirme qu'il "préparait activement d'autres attaques" au nom de Daech. Une source française est moins affirmative: "en l'état, rien ne permet d'affirmer son implication" dans ces attentats, les plus meurtriers jamais commis en France. Mais, sans évoquer de liens établis avec Abaaoud, cette source relève qu'El Mouadan, 26 ans, était un ami d'Amimour. Le pavillon blanc de la famille El Mouadan à Drancy, au nord de Paris, a d'ailleurs été perquisitionné quatre jours après les attaques, selon une source proche du dossier.

Mardi les volets du pavillon étaient baissés et la famille refusait de s'exprimer devant la presse. "On l'a connu enfant, c'est trop dur", dit une voisine. "Il avait l'air très calme", ajoute une autre habitante du quartier, Rosa, 23 ans, qui parle d'une famille "discrète, sans histoire" et sans "signe apparent de radicalisation".

El Mouadan et Amimour avaient été arrêtés mi-octobre 2012 avec un troisième habitant de Drancy, Samir Bouabout: ils projetaient de partir combattre, au Yémen ou en Afghanistan, via la Somalie. Dans le trio, visé par un mandat d'arrêt depuis octobre dernier, l'ascendant était clairement exercé par El Mouadan, se souvient une source proche de l'enquête de l'époque.

Dernier d'une fratrie de huit enfants, ce fils d'un mécanicien est né à Bondy de parents marocains. C'est dans le pavillon familial que le jeune homme semble basculer dans l'islamisme radical, en "surfant" sur internet. Un mode d'initiation "virtuel" qui semble avoir été celui d'Amimour et de Bouabout. Selon un proche entendu par les services antiterroristes, El Mouadan, qui a grandi dans une famille pratiquante, n'était "au départ, pas trop religion" avant d'en adopter une "vision extrémiste". Il ne fréquentait pas de mosquée particulière, selon ce témoignage rapporté à l'AFP par une source proche du dossier.

Le maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde a toutefois évoqué mardi le rôle d'un "recruteur qui fréquentait la mosquée du Blanc-Mesnil", commune voisine. En mars 2012, El Mouadan, Amimour et Bouabout s'inscrivent dans un club de tir sportif, pour s'aguerrir, reconnaîtront-ils. El Mouadan contracte un prêt à la consommation de 20.000 euros pour financer le périple avorté. Mais après le coup de filet d'octobre 2012, il affirme aux enquêteurs avoir abandonné tout projet de djihad, préférant opter pour une "hijra", une immigration en terre d'islam avec pour but affiché de parfaire ses connaissances en arabe.

Il semble d'ailleurs avoir brièvement séjourné en Tunisie comme Bouabout, selon une source proche du dossier. Le projet "yéménite" avait échoué en raison du manque de contacts et d'une mauvaise maîtrise de l'arabe. Les trois hommes sont mis en examen mais laissés libres. Un an plus tard, ils sont en Syrie: El Mouadan part le premier. Rapidement suivi par Bouabout et Amimour, repérés en Turquie le 6 septembre 2013. Ils sont accompagnés d'Omar Mostefaï, autre kamikaze du Bataclan.

Auprès de ses proches, El Mouadan invoque la dimension "humanitaire" du séjour syrien. Mais il incite en vain un de ses aînés à le rejoindre et envoie à un autre des photos de lui souriant et armé, rapporte une source proche du dossier. Selon cette source, Mostefaï, Amimour, Bouabout et El Mouadan ont pu rester dans le même secteur en Syrie. Les deux premiers sont morts au Bataclan. Après avoir cru qu'il pouvait être passé en Grèce en septembre, les enquêteurs sont convaincus que Bouabout était en Syrie au moment des attaques.

Quel rôle a joué El Mouadan? Selon un témoin, au Bataclan, avant l'assaut policier, l'un des assassins a demandé à son comparse s'il comptait appeler "Souleymane". Agacé, son complice lui aurait répondu qu'ils allaient terminer l'opération "à leur sauce". "Abou Souleymane" (le père de Souleymane) est la "kounya" (surnom) qu'utilisait El Mouadan en Syrie et sur son compte Twitter, suspendu. Mais c'est un prénom commun. Les enquêteurs travaillent notamment sur un autre "Abou Souleymane", qui serait un Belge.

 

À LIRE AUSSI

Image
charaffe al mouadan djihadistes français EI
Un combattant français de Daech lié à Abaaoud tué en Syrie par la coalition
Les États-Unis ont annoncé ce mardi avoir tué dix dirigeants de l'État islamique (EI) lors de bombardements menés en Syrie et en Irak au cours du mois écoulé. Parmi ce...
29 décembre 2015 - 18:56
Politique
Image
maison Charaffe al-Mouadan
Qui était Charaffe al-Mouadan, le djihadiste français abattu en Syrie ?
Le djihadiste français Charaffe al-Mouadan, dont les Américains ont annoncé mardi la mort en Syrie, était proche d'au moins un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour,...
29 décembre 2015 - 20:48
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.