Fillette morte après une opération : deux médecins condamnés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 09 décembre 2016 - 21:29
L'un des deux condamnés a toujours clamé son innocence.
En 2009, une fillette opérée pour un acte bénin était morte quelques jours après son opération. Des négligences avaient été relevées. Deux médecins de l'hôpital viennent d'être condamnés.

La banale opération avait tourné au cauchemar: un chirurgien et une anesthésiste ont été condamnés vendredi par le tribunal correctionnel de Créteil à six mois de prison avec sursis pour le décès d'une fillette survenu en 2009 au CHU du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne).

Le 25 septembre 2009, Camille, 6 ans, subissait une intervention classique dite "de Cohen" pour mettre un terme à ses infections urinaires chroniques.

La veille, un germe infectieux avait été détecté dans les urines de la fillette et aurait dû conduire au report de l'opération. Mais ni le chirurgien, depuis à la retraite, ni l'anesthésiste, toujours en poste dans le même hôpital, n'avaient pensé à consulter les examens bactériologiques obligatoires avant l'admission au bloc.

Poussées de fièvre, vomissements, le cœur qui s'emballe: l'état de santé de la fillette s'était progressivement dégradé, sans que l'équipe médicale y remédie. Cinq jours après l'opération, c'est l'arrêt cardiaque: "choc septique", selon l'autopsie.

Monique, mère de Camille, est "ravie" du jugement: "Même si ce n'est que du sursis, ça marque le coup. On n'a pas fait ce procès pour rien." Surtout, elle est "soulagée" que l'anesthésiste, qui a toujours rejeté sa responsabilité dans le drame, ait reçu la même peine.

Absente au délibéré, la praticienne, dont l'avocate avait plaidé la relaxe, dispose de dix jours pour faire appel.

Présent, le chirurgien, 69 ans, est resté impassible à l'énoncé du jugement. A l'audience, il avait dit "penser tous les jours à Camille" et ne pas s'expliquer son erreur: "En 35 ans de chirurgie, j'ai toujours tout vérifié."

Pour sa défense, l'anesthésiste avait expliqué que les résultats de l'examen ne figuraient pas dans le dossier d'anesthésie mais dans celui de chirurgie. Elle avait également rejeté la faute sur un interne de garde pour se justifier de ne pas s'être déplacée au chevet de la fillette, qui se plaignait de douleurs, trois jours après l'intervention. L'interne "ne m'a pas sollicitée pour aller la voir" et "m'a parlé d'un état rassurant", s'était-elle défendue.

L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui gère l'établissement, a écopé d'une amende de 15.000 euros, dont 10.000 euros avec sursis. Les deux médecins et l'AP-HP devront également verser 10.000 euros de dommages et intérêts aux parents.

Depuis le drame, aucune intervention chirurgicale ne débute dans ce service sans la lecture d'une check-list devant l'ensemble du personnel soignant présent dans le bloc opératoire.

 

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