Génocide : le Rwandais Pascal Simbikangwa jugé en appel, il risque la perpétuité

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 25 octobre 2016 - 12:30
Image
Une allégorie de la Justice.
Crédits
©Damien Meyer/AFP
Pascal Simbikangwa risque la perpétuité lors de ce nouveau procès.
©Damien Meyer/AFP
A partir de ce mardi, Pascal Simbikangwa, premier condamné en France pour sa participation aux massacres de 1994, fera à nouveau face à la justice aux assises de Bobigny. Celui qui a toujours nié les faits risque la prison à perpétuité.

Il a affirmé avoir traversé le génocide rwandais et ses 800.000 morts sans voir un seul cadavre. Pascal Simbikangwa, premier condamné en France pour sa participation aux massacres de 1994, fera à nouveau face à la justice ce mardi 25, aux assises de Bobigny. Cet ex-officier de la garde présidentielle rwandaise, reconverti dans la police politique après l'accident qui l'a cloué dans un fauteuil roulant en 1986, comparaît en appel pour "complicité de génocide" et "complicité de crimes contre l'humanité".

Il y a deux ans, la cour d'assises de Paris l'avait condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour génocide et complicité de crimes contre l'humanité. L'accusation lui reproche d'avoir, à Kigali et dans sa région natale de Gisenyi (nord-ouest), organisé les barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et exécutés les Tutsis, d'avoir donné des instructions et livré des armes aux miliciens Interahamwe qui tenaient ces barrages.

Tout au long de son premier procès, Simbikangwa, qui nie les faits, n'avait cessé de minimiser son rôle et sa compréhension des massacres à l'époque. Il avait ainsi répété à la stupéfaction générale n'avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours d'avril à juillet 1994, au cours desquels au moins 800.000 personnes, en majorité Tutsis ainsi que des Hutus modérés, ont été massacrées. Depuis ce procès "historique", le tout premier en France d'un Rwandais pour le génocide de 1994, un deuxième a eu lieu, celui de deux anciens bourgmestres, Octavien Ngenzi et Tito Barahira. Ils ont été condamnés à perpétuité en mai 2016 pour leur participation au génocide et ont fait appel. Pascal Simbikangwa, 56 ans, risque lui aussi la perpétuité lors de ce nouveau procès.

Ce procès hors-normes - 24 tomes de procédure, une cinquantaine de témoins - occupera pendant 32 jours l'une des deux cours d'assises de Bobigny. Certains témoins, emprisonnés au Rwanda, seront entendus par visioconférence. Arrêté à Mayotte en 2008 pour trafic de faux papiers, Pascal Simbikangwa est jugé en France au titre de la "compétence universelle" qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, quels que soient le lieu où il a été commis et la nationalité des auteurs ou des victimes.

En 2014, l'ex-capitaine avait été condamné pour les faits qui lui étaient reprochés à Kigali mais été acquitté ceux qui lui étaient imputés à Gisenyi, les témoignages "laissant présumer une certaine concertation entre eux peu compatible avec la vérité", selon la cour. Un point capital pour ses avocats, Fabrice Epstein et Alexandra Bourgeot, qui avaient critiqué lors du premier procès un dossier reposant uniquement sur des témoignages, qu'ils s'étaient attachés à mettre en doute. Ils avaient aussi dénoncé un "procès politique", qui tombait à pic, à quelques semaines du vingtième anniversaire d'un génocide dans lequel le rôle de la France a été très critiqué.

"Nous espérons que seuls les faits seront regardés lors ce deuxième procès", sans la "pression morale" qui avait accompagné les premières audiences, ont-ils dit à l'AFP. Comme en première instance, ils tenteront d'obtenir l'acquittement.

 

À LIRE AUSSI

Image
La cour intérieure du palais de l'Elysée.
La présidence française déclassifie des documents sur le génocide rwandais
Les archives de la présidence française concernant le génocide rwandais ont été déclassifiées mardi 7 avril. Elle devrait permettre de faire la lumière sur le rôle de ...
08 avril 2015 - 16:00
Politique
Image
Un mémorial du génocide au Rwanda
Génocide rwandais : verdict attendu pour deux accusés à Paris
Deux "bourgmestres", des maires d'un village rwandais, sont jugés pour leur participation présumée au génocide de 1994. Les deux accusés nient leur participation et as...
06 juillet 2016 - 12:24
Politique
Image
Au procès.
Génocide rwandais : aux assises de Paris, le dernier cri des victimes
"Ils nous ont tués": les mots des survivants ont empli une dernière fois la cour d'assises de Paris, où s'achève le procès pour génocide de deux anciens bourgmestres r...
01 juillet 2016 - 18:53
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.