Interner les fichés S ou bloquer le wifi public : les idées des policiers contre le terrorisme

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PP
Publié le 07 décembre 2015 - 16:45
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Un gendarme enquête.
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©Jeff Pachoud/AFP
Les policiers et gendarmes ont été consultés par leur hiérarchie sur leurs idées pour améliorer la lutte contre le terrorisme.
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Policiers et gendarmes ont été consultés par leur hiérarchie pour trouver de nouvelles idées pour améliorer la lutte contre le terrorisme. Parmi les propositions des agents: interner les individus visés par une "fiche S", ou encore interdire les réseaux wifi publics. Mais pas seulement.

Les policiers et gendarmes ont aussi un avis sur la question. Le Monde révèle ce lundi 7 le contenu d'un document de travail du ministère de l'Intérieur recensant les idées des fonctionnaires des forces de l'ordre pour lutter contre le terrorisme. Des propositions dont certaines sont "décoiffantes", dixit le quotidien du soir, comme celle d'interner les "fichés S", ou encore d'interdire le wifi public.

La fiche "S", pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", est l'une des 21 sous-catégories du Fichier des personnes recherchées (FPR), le plus ancien mis en place par la police nationale, en 1969. Le FPR comprend ainsi des fiches "M" (pour "mineurs fugueurs"), "V" ("évadés") ou encore "T" ("débiteurs envers le Trésor"), par exemple, et recenserait plus de 400.000 personnes. Parmi celles-ci les fichés S seraient 20.000, dont 10.000 liés à l'islam radical.

La solution, selon les policiers? "Prévoir (la) possibilité de placer en rétention administrative de sûreté des personnes visées par une fiche S en période d’état d’urgence", rien de moins. Une proposition à côté de laquelle la direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ), qui a établi le document, a précisé: "décision de police administrative, placée dans un délai de 48 ou 72 heures sous le contrôle du juge des libertés et de la détention, qui peut libérer à tout moment". Selon Le Monde, le ministère de l'Intérieur aurait ajouté sobrement "Cf. demande d’avis à Conseil d’Etat. Réflexion à conduire dans ce cadre de la demande d’avis", pour anticiper les "difficultés éventuelles ou points à arbitrer".

Parmi les autres idées proposées par les policiers et les gendarmes, l'interdiction, et même la pénalisation, des réseaux wifi publics, disponibles par exemple dans certains fast-foods, qui pourraient être utilisées par des terroristes pour se connecter discrètement à Internet. Ou encore obliger les éditeurs d'application de VoIP, à l'instar de Skype, à fournir les clés de chiffrement de leurs services, voire même de contraindre les services d emessagerie à prévoir des "backdoors", ou porte dérobées, permettant aux renseignements d'espionner les échanges de leur clients.

Enfin, les forces de l'ordre souhaiteraient également "interdire et bloquer les communications des réseaux TOR en France". Ces réseaux informatiques permettent en effet d'anonymiser les connections à Internet grâce à un système de multiples couches superposées, d'où son nom de "routage en oignon".

Autant de propositions qui hérissent le poil des défenseurs des libertés qui rappellent par exemple que TOR est tout aussi utilisé par des militants des droits de l'Homme ou encore des journalistes et que seul l'Iran et la Chine l'ont bloqué ce type de réseaux à ce jour, souligne Rue89.

La liste des souhaits des agents est bien plus longue. Création d'un nouveau fichier des "contrôles routiers, ferroviaires et fluviaux" ou d’un "registre informatique centralisé des hôteliers et des agences de location (logements et véhicules)", allongement la durée de la retenue pour vérification d’identité à huit heures, abaissement du seuil des radars routiers "sur une zone déterminée afin de flasher (sans émission de contravention) l’ensemble du trafic routier et ainsi localiser un véhicule"... Cet "inventaire à la Prévert", selon Le Monde, se heurte pour un certain nombre de propositions aux limites de la technique voire même à celles de la Constitution.

Elles seront néanmoins discutées par les représentants des différentes directions de la police nationale jeudi 3. Le cabinet du directeur de la DGPN estime ainsi qu'il "convient d’utiliser cette +fenêtre+ (législative, qu'est l'état d'urgence, NDLR) pour faire avancer certaines évolutions souhaitées par les différents services et qui n’ont pu jusqu’à présent aboutir soit par manque d’un vecteur législatif approprié, soit parce que le contexte ne s’y prêtait pas".

 

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