"Je voulais juste que ça s'arrête" : Jacqueline Sauvage raconte son histoire et le meurtre de son mari dans un livre (VIDEO)
Condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage, graciée par François Hollande en décembre dernier, est sortie de son silence. Par l'intermédiaire d'un livre intitulé "Je voulais juste que ça s'arrête" (ed. Fayard), elle raconte pour la première fois sa vérité. Le JDD a rapporté des extraits.
Cette femme de 69 ans y raconte 47 ans de violences et les raisons qui l'ont poussé à mettre à terme à son cauchemar et par la même occasion à la vie de son conjoint. Un jour de septembre 2012, trois jour après le suicide de son fils, elle est sortie de "son mode survie" : "ce jour-là, il avait juré de tous nous éliminer... , il m’avait frappée. Un poing dans la lèvre... Ce n’était pourtant pas la première fois, ni la centième. Une scène si routinière, une violence si fréquente. La peur. La douleur. La honte. Encore et toujours. Une fois, dix fois, cent fois. Ce fut sans doute la fois de trop. Pourquoi? Comment? Je ne sais pas. D’habitude, je me contentais d’attendre que ça passe. De me faire petite, d’oublier, de me mettre en mode survie. Ce jour-là, ce fut différent. Une lueur encore inconnue dans ses yeux, une intonation particulière dans sa voix, dans ses cris. J’ai vu mes enfants morts", explique-t-elle.
Un sentiment qui va poussé cette femme battue à passer à l'acte: "jai passé la langue sur ma lèvre abîmée par lui, le goût du sang dans ma bouche. Je ne voyais plus rien. J’avais le fusil entre mes mains. J’ai fermé les yeux et tiré trois fois", cite Le Figaro.
Les violences de Norbert "le dur au cœur tendre" sur sa femme Jacqueline "la petite fille sage" ont commencé peu après leur mariage. La violence s'est installée "doucement, insidieusement". "Les premières injures qu'on excuse, la première gifle qu'on veut oublier et le crescendo des humiliations, le coup plus fort qu'on croit un accident, puis la peur, la honte, l'isolement", poursuit-elle. "Je devins une femme battue, celles dont on ne comprend pas pourquoi elles restent".
Après l'homicide de son mari, elle revient sur sa passivité si longtemps conservée. "Terrorisée et démunie", elle confie le regret de ne pas avoir su quitter "son salle bonhomme, ni à "l'expédier en détention", lui qui "s'en sortait toujours" face à la justice. Elle culpabilise le suicide de son fils: "Trois jours que je pleure sans m'arrêter. Mon fils. Mon ventre d'un coup se serre. Le chagrin pénètre dans mes entrailles. La faute, aussi, de n'avoir pas su empêcher l'horreur. Qu'il y a-t-il de pire pour une mère que de perdre un enfant? (...) J'aurais dû mourir, j'aurais préféré mourir que de survivre à la mort de mon petit. Mais comment aurais-je pu laisser si longtemps ma famille en proie à ce monstre?"
Sa condamnation en octobre 2014 puis en appel en décembre 2015 avait suscité une intense émotion dans le pays, relayée par un comité de soutien et plusieurs responsables politiques. Jacqueline Sauvage a été graciée par François Hollande le 28 décembre dernier. Elle est sortie de prison le jour-même.
(Voir ci-dessous un extrait du passage de Jacqueline Sauvage au JT de france 2, le 6 janvier dernier)
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