Jeune photographe gravement blessé lors d'une manifestation : une enquête ouverte par le parquet

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 juin 2016 - 20:26
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Une allégorie de la Justice.
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©Damien Meyer/AFP
Un juge d'instruction va enquêter pour élucider les circonstances dans lesquelles un jeune homme a été grièvement blessé à la tête après le jet d'une grenade dissuasive par un policier.
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Un juge d'instruction va enquêter pour élucider les circonstances dans lesquelles un jeune homme a été grièvement blessé à la tête après le jet d'une grenade dissuasive par un policier, lors de la manifestation du 26 mai contre la loi travail à Paris.

Le parquet de Paris a annoncé ce vendredi 17 avoir ouvert une information judiciaire contre X pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme". Les investigations initiées par le parquet de Paris dans le cadre d'une enquête préliminaire confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), "la police des polices", vont se poursuivre sous l'autorité d'un juge d'instruction "afin de déterminer, par voie d'expertises médico-légales et balistiques, l'origine des blessures subies", a précisé le parquet.

En pleine mobilisation contre la loi travail, les faits étaient survenus à la fin de la manifestation du 26 mai à Paris, au niveau du cours de Vincennes dans le XXe arrondissement, dans un contexte de tensions selon la police. Des vidéos de la scène diffusées sur internet montrent un policier en tenue anti-émeute lancer une grenade à terre, puis, l'instant qui suit, un jeune homme, Romain D., qui portait une petite caméra Go Pro, s'effondrer au sol, la tête en sang.

Lorsque les secours le prennent en charge, il est pris de convulsions, a relaté à l'AFP le commandant Gabriel Plus, porte-parole de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris. A son arrivée à l'hôpital, il est en "urgence absolue".

Souffrant d'un œdème cérébral, "un écrasement du crâne", selon l'avocat de sa famille, Me Hugues Bouget, Romain D., sorti récemment de son coma artificiel, est toujours hospitalisé. Au cours des événements, une femme, Véronique P., a également été légèrement blessée aux jambes et s'est vu prescrire deux jours d'incapacité totale de travail (ITT). Les deux victimes entendent se constituer parties civiles pour accéder au dossier.

Le policier de la compagnie d'intervention de la préfecture de police de Paris a-t-il fait un usage conforme de la grenade dissuasive dite de désencerclement? Les fonctionnaires entendus par les enquêteurs de l'IGPN, dont celui qui a jeté la grenade, ont tous affirmé avoir agi dans les règles.

Le soir des faits, la préfecture de police avait affirmé qu'"une centaine de personnes (avait) pris à partie cinq fonctionnaires de police qui procédaient à une interpellation et (qui avaient) dû se retrancher dans une résidence privée dans l'attente de l'arrivée de renforts".

Des manifestants qui demandaient la libération du jeune "invectivent les policiers mais n'ont pas l'intention de s'en prendre physiquement à eux", a raconté à l'AFP Olivier Laban-Mattéi, un photographe présent sur place, au côté de "badauds, des passants curieux". "La situation est calme, sans tension particulière", a-t-il assuré. Puis arrivent les renforts, et le jet de la grenade, "sans sommation", selon lui.

Pour l'avocat de Véronique P., Me Julien Pignon, les vidéos suggèrent "un usage non conforme" d'une grenade qui semble être jetée "avec à peine un regard" au milieu de gens "non hostiles". A ce moment-là, "on n'est pas face à une foule compacte et il n'y a pas de jet de projectiles en direction des policiers", a-t-il commenté. L'avocat a vu en tout cas dans l'ouverture de l'information judiciaire "un signe encourageant".

Selon une source policière, la grenade à main de désencerclement (GMD) "ne peut être utilisée que si l'usage est nécessaire face à une situation de danger, d'urgence, quand par exemple les policiers sont acculés ou quasiment encerclés par les manifestants". Dans cette enquête, parmi les hypothèses ouvertes, un "possible dysfonctionnement" ou "défaut" de ces GMD est envisagé "parmi d'autres pistes de travail", ont indiqué des sources policières.

Selon la préfecture de police, le lot de GMD dont ses compagnies d'intervention disposent habituellement est actuellement "analysé" dans le cadre de l'enquête ouverte après la manifestation du 26 mai.

 

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