Jungle de Calais : 6.900 migrants selon l'Etat, plus de 9.000 selon les associations

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 août 2016 - 21:37
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La "Jungle de Calais", un bidonville.
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©Pascal Rossignol/Reuters
Loin de s'éloigner, la crise migratoire s'est aiguisée cet été à Calais, puisque la préfecture du département dénombre désormais 6.900 migrants au camp de la "Jungle".
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Loin de s'éloigner, la crise migratoire s'est aiguisée cet été à Calais, puisque la préfecture du département dénombre désormais 6.900 migrants au camp de la "Jungle", un chiffre record qui marque une progression supérieure à 50%.

Cette évolution constitue un défi pour le gouvernement, qui s'est fixé pour objectif, fin 2015, de ramener la population du camp à 2.000 personnes et que "plus aucun migrant ne dorme dehors". Depuis octobre 2015, le gouvernement a pourtant multiplié les mesures pour décourager les migrants de se rendre et s'installer à Calais. A titre d'exemples, la superficie du camp a été réduite de près de la moitié en février dernier et près de 5.400 migrants vivant dans le camp ont quitté la zone depuis novembre pour des centres d'accueil et d'orientation (CAO) répartis un peu partout en France, selon les autorités.

Mais rien n'y fait, et des associations se sont même dites, la semaine dernière, "surprises" par le flot des réfugiés. En un mois, "ce sont 2.000 personnes de plus qui se sont installées", affirmaient-elles. Un chiffre pour une fois proche de celui de l'Etat : + 2.415, par rapport à son dernier recensement il y a deux mois. Soit 53% de plus qu'à la mi-juin.

Selon des associations, le nombre de migrants établis dans la "Jungle" dépasse les 9.000 (9.106 précisément). "Il n'y a plus de place pour installer les tentes données aux nouveaux arrivants. La proximité des abris rend les risques d'incendie considérables", affirment ces associations, dont L'Auberge des migrants. La file d'attente des repas a été dédoublée, rapporte la préfecture.

Une minorité de réfugiés vit dans des installations en dur jouxtant la "Jungle": 1.500 au Centre d'accueil provisoire, 250 au centre Jules-Ferry. Les autres dorment sous tente ou dans des cabanes. Sans donner d'explication à ce nouvel afflux, la préfecture du Pas-de-Calais le rapproche de celui de l'été 2015 (6.000 migrants en octobre de cette année-là).

L'Etat ayant mis les bouchées doubles pour dissuader les migrants de traverser la Manche, la population avait ensuite décru, tombant à 3.500 au printemps dernier. Avec l'aide financière de la Grande-Bretagne, les passages clandestins par le tunnel ferroviaire ont été rendus quasi impossibles. D'autres travaux ont été entrepris pour sécuriser le port de Calais et la rocade qui y mène, longeant un moment la "Jungle", avec la pose en cours d'une clôture de 4 m de haut censée garantir le libre passage des camions à destination de l'Angleterre.

La déconvenue enregistrée vendredi par les autorités s'ajoute à celle essuyée la semaine dernière, lorsque l'Etat avait été débouté de sa demande d'éradiquer tous les commerces informels -"illégaux", souligne la préfecture - du camp "de la lande", son appellation officielle.

Saisi en référé, le tribunal administratif de Lille avait contesté l'urgence à statuer en ce sens mais aussi l'opportunité d'appliquer des mesures aussi radicales. "Le Conseil d'Etat sera saisi à bref délai en cassation" de ce jugement, rappelle la préfecture, qui entend poursuivre les contrôles.

Le quotidien de la "Jungle" continue d'être émaillé d'incidents cet été, malgré une présence policière massive : rixes entre migrants (l'une a même été mortelle), prise d'assaut de poids lourds sur la rocade portuaire. Au début de l'été, François Hollande avait annoncé sa venue à Calais en juillet. Mais c'était avant l'attentat djihadiste de Nice. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve y est venu souvent, Manuel Valls une fois.

Vendredi, la préfecture du Pas-de-Calais rappelait "l’engagement de l’État pour qu’une solution pérenne puisse être proposée à chaque migrant". "L'installation durable sur le campement de la Lande de Calais qui devra, à terme, être démantelé, ne peut en aucun cas être considérée comme un projet de vie acceptable".

 

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