"Jungle" de Calais : l'Etat veut vider la moitié de la superficie

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 12 février 2016 - 18:59
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Dans la "Jungle" de Calais.
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©Philippe Huguen/AFP
La superficie de la "Jungle" de Calais avoisine 50 hectares.
©Philippe Huguen/AFP
A Calais, les autorités souhaitent accélérer le démantèlement du plus grand bidonville de France, où vivent quelque 4.000 migrants. L'Etat compte vider la moitié de la superficie de la "jungle".

L’État a annoncé ce vendredi 12 février une nouvelle étape dans le démantèlement souhaité de la "Jungle" de Calais, plus grand bidonville de France, où vivent quelque 4.000 migrants, sur fond de montée des tensions dans ce secteur. Après avoir fait évacuer fin janvier pour raison de sécurité environ 600 migrants d'une bande de 100 mètres jouxtant la rocade portuaire et les habitations des riverains, les autorités souhaitent désormais vider "la moitié" de la superficie de la "Jungle" (50 hectares au total).

"Le temps est venu de passer à une autre étape", "plus personne ne doit vivre sur (la) partie sud du camp (...), tout le monde doit quitter cette partie-là", a déclaré devant la presse la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, estimant que "800 à 1.000 personnes" y vivent aujourd'hui. Les associations évaluent cependant à 2.000 personnes la population sur cette partie.

La préfecture a laissé une semaine aux migrants de ce secteur sud pour partir et "occuper les places mises à leur disposition", soit dans le Centre d'accueil provisoire (CAP) en conteneurs ouvert en janvier, capable d'accueillir 1.500 personnes, soit dans les différents centres d'accueil et d'orientation (CAO) de France, ralliés par 2.600 migrants de Calais depuis fin octobre, selon elle.

"Si un vrai mouvement se crée, on laissera plus de temps", a souligné Fabienne Buccio. Alors que le camp comptait plus de 6.000 candidats à l'exil en octobre, ce chiffre est descendu à environ 4.000 aujourd'hui (3.700 selon la préfecture, 4.500 disent les associations). Parmi eux, près de 500 femmes et enfants sont accueillis dans le centre de jour Jules-Ferry et environ 850 personnes dans le CAP. Objectif des autorités à terme, sans calendrier fixé officiellement: "arriver à 2.000" migrants au total et "que plus personne ne dorme dehors", ce qui passera par le démantèlement de "l'autre partie" du bidonville.

"Désormais à Calais, nous pouvons recevoir 2.000 personnes dans des contions dignes. Nous avons encore des personnes qui vivent dans des conditions qui ne sont pas dignes, ça ne peut pas durer, et, en plus, ça donne une très mauvaise image de la région", a déclaré la préfète. Si elle assure vouloir s'appuyer sur les associations œuvrant dans la "Jungle", les échanges risquent d'être crispés.

"C'est un terrible retour en arrière! Où vont aller les 2.000 personnes qui n'auront pas de place dans le CAP ou à Jules-Ferry? S'ils n'ont pas de solution d’accueil, ils repartiront en ville. Et les faire bouger en pleine période hivernale, c'est un mépris total pour les réfugiés de guerre", s'emporte ainsi Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants, "surpris" par cette annonce "violente".

A l'inverse, la maire de Calais Natacha Bouchart (Les Républicains) s'est dite "satisfaite" sur Twitter, espérant "que cette déclaration soit appliquée dans les meilleurs délais". Cette annonce survient alors que les tensions à Calais sont exacerbées. Mi-janvier, une manifestation pro-migrants, suivie d'une contre-manifestation le lendemain où de nombreux socio-professionnels avaient dénoncé l'impact économique de la crise migratoire sur leur activité, avait dégénéré avec la montée illicite de migrants à bord d'un ferry. Samedi 6, une manifestation hostile aux clandestins et interdite par les autorités avait également attiré entre 100 et 150 personnes, entraînant l'arrestation de vingt d'entre elles, dont un général quatre étoiles.

Plusieurs enquêtes ont en outre été ouvertes pour violences sur des migrants. Isabelle Bruand, coordinatrice régionale de Médecins du monde (MDM), constate ainsi une "recrudescence" des agressions depuis le début de l'année, des faits "pas nouveaux", mais qui se produisent "de manière plus régulière".

 

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