La Courneuve : évacuation du plus vieux bidonville de France
C'était le plus vieux bidonville de France. L'évacuation du "Samaritain", rue Pascal à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), et des quelque 80 familles qui y résidaient, pour certaines installées là depuis 2008, a commencé ce jeudi 27 peu après 13h. Les opérations se sont déroulées dans le calme.
Les associations de soutien ont pourtant dénoncé cette expulsion, "contraire à la lettre et à l'esprit de la loi" selon elles, des 300 personnes, majoritairement roms, vivant dans ce bidonville. "Alors que Médecins du Monde et la Fédération Abbé Pierre ont entrepris des négociations et que le diagnostic (social, une étape préalable obligatoire avant toute expulsion, NDLR) est en cours, 12 cars de CRS encerclent le bidonville du Samaritain", ont-elles regretté auprès du Parisien en référence à un plan qu'elles avaient présenté à la mairie communiste de la ville, qui l'a refusé. Il s'agissait d'une solution de sortie "par le haut" prévoyant une évacuation étalée sur trois ans et avec relogement des expulsés.
La ville a ainsi demandé l'expulsion des familles dès 2013. Une requête accordée par la justice dont la décision était exécutoire depuis le 15 août, et donc mise en application ce jeudi.
Car le bidonville, installé entre l'A86 et les rails du RER-B, est à un jet de pierre du Parc des expositions du Bourget. Un parc qui verra défiler en décembre prochain des centaines de chefs d'Etat du monde entier pour la conférence internationale sur le climat (COP21).
L'Etat a donc choisi la manière forte pour faire disparaître cette tache sur la vitrine de la COP, le tout sans proposer de solution pérenne aux personnes évacuées. Après avoir appuyé les familles pour obtenir un délai avant l'évacuation, en février dernier, le Défenseur des droits Jacques Toubon a également émis un avis daté du 18 août appelant à "respecter les droits des familles du bidonville". Il y souligne notamment que "faute d’un accompagnement social, sanitaire et scolaire conforme aux exigences de la circulaire 26 aout 2012, et de solutions pérennes d’hébergement, la mise à la rue de familles, et notamment d’enfants en bas âge, peut caractériser un traitement inhumain et dégradant engageant la responsabilité de l’Etat".
"Grâce au diagnostic social, on a pu identifier quelques familles qui sont plus vulnérables que d'autres; on va leur proposer de les héberger dans des chambres d'hôtel qu'on a réservées", répond le cabinet du préfet de Seine-Saint-Denis. Des solutions temporaires et trop limitées, affirment en substance les associations.
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