Le PSG ou le syndrome du mal français

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Victoria Valoris, édité par la rédaction.
Publié le 07 mars 2018 - 18:48
Mis à jour le 08 mars 2018 - 09:39
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Le drapeau français.
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©Jacques Demarthon/AFP
Pour gagner, une France doit être plus qu’un assemblage de Français, elle doit être l'expression de valeurs communes et d'un objectif collectif.
©Jacques Demarthon/AFP
TRIBUNE - Et si la défaite du Paris Saint-Germain mardi soir face au Real Madrid en Ligue des champions n'était pas seulement l'expression d'un échec sportif mais qu'elle illustrait aussi un effondrement des valeurs face au culte de l'argent? Où sport et société se rejoignent dans une France en perte de repères moraux.

Outre la défaite cuisante du PSG malgré un compte bancaire bien garni et un arsenal de joueurs de classe mondiale, le réveil ce matin (mercredi 7, au lendemain de la défaite 1-2 des Parisiens contre les Madrilènes en Ligue des champions, NDLR) n’en est que plus douloureux. Nous ne sommes pas en présence d’une énième manifestation du syndrome d'un mal français profond qui nous suit depuis bien trop longtemps. Ce syndrome se caractérise une fois encore par la perte de vue de l’objectif à accomplir, de l’esprit d’équipe et de la volonté de "mouiller le maillot". Le "Nous" a laissé sa place au "Je", le devoir aux droits et par là même la victoire à la défaite.

L’entreprise française a les mêmes syndromes: la victoire n’est pas célébrée et peut même être regardée avec méfiance. L’argent de nos impôts collecté à grands coûts et redistribué en fédération n’arrive pas plus à faire gagner la France: nous aurions ainsi pu avoir bien plus de 15 médailles aux derniers jeux Olympiques d'hiver, leur nombre est même dramatiquement bas comparé à l’investissement initial.

Ce syndrome qu’est-il? Devons-nous continuellement nous excuser ou nous trouver des excuses pour gagner, pour vaincre? L’esprit français est-il en passe d’être étouffé par un corporatisme et une redistribution providentielle de l’Etat sans cesse augmentée jusqu’à rendre les Français dépendants et moins responsables de leur avenir, à leur trouver des excuses en cas d’échec, à minimiser la valeur de la victoire? Notre modèle de société, certes vertueux à l'origine, est désormais à la dérive.

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La dernière victoire de la France à une grande épreuve par équipe date de 20 ans, au Mondial de foot 1998. Depuis ce ne sont que des exploits individuels manufacturés à grand coûts par des sponsors privés et une équipe d’irréductibles Gaulois sachant se motiver au plus au point pour gagner. Cette France qui gagne existe donc. Mais à quel prix, avec quel degré d’individualisme? L’esprit français post-guerre ou post-victoire de 1998, quand la France entière s’est unie derrière un objectif national, existe mais celui-ci a été dévié ou dénaturé par des années de pertes de repères, de nivellement par le bas, d’amoindrissement de la volonté de victoire.

Depuis hier, il est clair que des millions d'euros dépensés ne feront pas un collectif, que la culture et l’engagement auront toujours la raison sur les sommes dépensées, que l’individualisme perdra toujours contre l'unité. Nous aimerions tous voir la France gagner, les Français célébrer des victoires. Celles de leurs entreprises, de leurs entrepreneurs, de leurs équipes. Afin de remettre les valeurs au centre des préoccupations avec un modèle social responsable où la communauté et le respect des autres prime. L'argent ne fait pas tout.

Notre modèle social de redistribution sans cesse augmenté par de nouveaux prélèvements alors que nous devrions les réduire, amène les individus à se comporter en agents librement soumis à un système qui ne prône pas l’excellence du résultat, la reconnaissance du travail d’équipe mais qui pousse à l’optimisation individuelle sous contraintes. Pour gagner, une France doit être plus qu’un assemblage de Français affecté par un système de redistribution -se confronter à la dure réalité chypriote ou grecque sur l’état des finances d’un pays-, ne plus croire de manière exacerbée à l’Etat-providence qui va régler et gérer tous les problèmes. Nous attendons sans cesse plus de l’Etat, plus d'étatisme, en étant seulement préparé à donner moins. Il est temps que la France et les Français apprennent à donner moins pour recevoir moins, à partager pour investir, à regarder l’intérêt commun et social sous contrainte en vivant dans le monde d’aujourd’hui.

PSG ou le "pari sans gagner" a fait face à la dure REAL-ité.

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