Lyon : le prêtre soupçonné d'agressions sexuelles présenté devant la justice

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 26 janvier 2016 - 15:22
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Cloche église catholique
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©Frédéric Bisson/Flickr
Les premiers soupçons ont éclaté en 1991.
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Le prêtre lyonnais soupçonné d'agressions sexuelles envers des scouts il y a plus de 25 ans a reconnu les faits lors de sa garde à vue lundi. Il doit être présenté à la justice ce mardi.

Un prêtre lyonnais soupçonné d'une série d'agressions sexuelles contre d'anciens membres d'un groupe scout qu'il a encadré du début des années 1970 à 1991 doit être présenté ce mardi 26 janvier à la justice. Le septuagénaire a reconnu les faits lors de sa garde à vue de lundi 25.

Cet été, soit un quart de siècle après les faits, une enquête préliminaire pour agressions sexuelle a été ouverte par le parquet de Lyon après des dépôts de plainte de plusieurs anciens scouts de Saint-Luc, un groupe indépendant et mixte qui a compté jusqu'à 400 enfants et adolescents. Si certains faits sont prescrits compte tenu de leur ancienneté, d'autres peuvent encore faire l'objet de poursuite.

Par conséquent, en août, le prêtre, alors doyen de plusieurs paroisses dans le Roannais, a été relevé de ses fonctions et interdit de tout contact avec des mineurs par le diocèse de Lyon. C'est l'archevêché de Lyon qui avait révélé au grand public les plaintes et soupçons visant le septuagénaire. Le diocèse avait ensuite évoqué l'hypothèse d'une procédure interne "à l'issue de la procédure civile, selon les règles prévues par l'Église".

Mais, comme l'a dénoncé l'association La Parole Libérée qui regroupe d'anciennes victimes, les premiers soupçons avaient éclaté bien avant, quand, en 1991, une famille avait signalé le prêtre au cardinal Albert Decourtray, alors Primat des Gaules. Si l'affaire avait alimenté rumeurs et spéculations dans la région de Lyon, elle n'avait débouché sur aucune saisine de la justice et l'homme avait seulement été écarté du groupe Saint-Luc.

Après quoi, l'homme "sera de nouveau déplacé dans les paroisses de Saint Michel en Rhône et Loire puis de Sainte Claire entre Loire et Rhins. Il exercera son ministère jusqu'à l'été 2015, date à laquelle il semblerait qu'il soit +parti à la retraite+. Finalement, il sera resté au contact d'enfants, via les séances d'éveil à la foi et la formation des servants de messe -et ce en  opposition totale avec ce qui avait été affirmé à certains plaignants au début des années 1990- pendant 24 ans!", dénonce La Parole Libérée sur son site internet.

Voulant rompre le silence entourant ces faits depuis des décennies, l'association a publié sur son site internet de nombreux témoignages. "Je ne voulais pas témoigner, je voulais continuer à oublier ces sales années au GSL et surtout ce prêtre, que je caractériserais maintenant de sale type. Mais, après des journées de réflexions, je me suis dit qu'il faut que tout le monde sache, il m'a fait tellement de mal. Quitte à ce que cette affaire déplaise à certains, car trop de monde est encore en adoration devant Bernard Preynat! J'en ai d'abord parlé à ma mère qui n'était pas au courant pour moi. Elle l'était pour mon frère Didier", écrit notamment l'une des victimes. Sur ce site sont également publiés un échange épistolaire entre le prêtre mis en cause avec le cardinal Decourtray  ainsi qu'une lettre qu'il a adressé au père d'une des victimes. "Je n'ai jamais nié les faits qui me sont reprochés. Ils sont pour moi une blessure profonde dans mon cœur de prêtre", lui écrit le suspect.  

"Il est impossible de connaître précisément les éléments dont disposait Mgr Decourtray (décédé en septembre 1994, NDLR) au moment où il a décidé de suspendre la mission de ce prêtre, avant de lui confier une nouvelle charge pastorale quelques mois plus tard", a indiqué le diocèse de Lyon dans un communiqué publié il y a deux semaines.

Le cardinal Barbarin "a reçu les premiers témoignages au sujet de ce prêtre à l'été 2014: il a donc demandé que soit conduite une enquête, avant de prendre l'avis de la congrégation pour la doctrine de la foi. C'est à l'issue de cette enquête et de cet avis, et quoique les faits reprochés soient anciens, qu'il a décidé de lui retirer toute forme de ministère au 18 mai 2015", ajoutait le diocèse.

Une version contestée par l'association selon qui une ex-victime s'était déjà manifestée auprès du diocèse en 2011. Son témoignage est aujourd'hui entre les mains de la justice.

 

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