A Marseille, les recherches interrompues pour démolir deux immeubles supplémentaires

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Par Estelle EMONET - Marseille (AFP)
Publié le 07 novembre 2018 - 05:00
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Les secouristes dégagent les décombres des immeubles effondrés à Marseille, le 6 novembre 2018
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© CHRISTOPHE SIMON / AFP
Les secouristes dégagent les décombres des immeubles effondrés à Marseille, le 6 novembre 2018
© CHRISTOPHE SIMON / AFP

Craignant de nouveaux effondrements, les autorités ont décidé mercredi soir de suspendre pour environ 24 heures les recherches dans les décombres des immeubles qui se sont écroulés lundi à Marseille, le temps de mettre à bas deux bâtiments voisins de ceux déjà tombés.

"C'est toujours une décision difficile à prendre", a déclaré lors d'un point presse le préfet de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur et des Bouches-du-Rhône Pierre Dartout: sous les gravats, où six corps ont déjà été retrouvés depuis lundi, les autorités estiment, sans certitude, qu'il pourrait y avoir encore deux victimes.

De fait, les recherches ont déjà été interrompues mercredi après-midi: "la sécurité des marins-pompiers ne pouvait plus être assurée", a expliqué M. Dartout. Concrètement, une pelleteuse va "déconstruire morceau par morceau" le n°69 et les étages supérieurs du n°71 de la rue d'Aubagne.

Lundi, les immeubles des numéros 63 et 65 s'étaient effondrés, avant que le n°67 ne tombe lui aussi partiellement, en raison notamment de l'action des marins-pompiers. De ces trois immeubles vétustes, seul le n°65 était habité, les deux autres bâtiments étant murés et officiellement vides.

Dans l'après-midi, le procureur de Marseille Xavier Tarabeux avait de son côté annoncé qu'"à ce stade", les causes précises de l'effondrement des immeubles 63 et 65 rue d'Aubagne n'étaient "pas établies". "On ignore lequel des deux immeubles a entraîné l'effondrement", a-t-il poursuivi, rappelant que les constructions dataient de la fin du XVIIIe siècle et que les immeubles avaient été construits en "s'appuyant les uns contre les autres".

Cinq des six victimes retrouvées avaient été identifiées mercredi soir, a-t-il aussi précisé à l'AFP.

Plus de 48 heures après l'effondrement, l'espoir de retrouver des survivants est de plus en plus mince et la colère des habitants du quartier est grandissante.

- "Complexité" -

Les enquêteurs ont pu recueillir des témoignages selon lesquels le numéro 65, qui avait fait l'objet le 18 octobre d'une "expertise" suivie de "travaux de confortement permettant la réintégration des occupants" selon la mairie, "avait bougé avant son éboulement".

Une locataire de cette copropriété privée avait appelé les "pompiers dans la nuit (avant la catastrophe) pour signaler l'augmentation d'une fissure qu'elle avait observé dans son appartement" avant de finalement les rappeler pour leur dire "qu'il n'était pas nécessaire qu'ils interviennent", a rapporté M. Tarabeux: toutefois, "en l'état, il est prématuré d'imputer des responsabilités pénales" compte tenu "de la complexité de la situation", a-t-il souligné.

Dans la rue d'Aubagne, la rancoeur est pourtant déjà grande: "Ici, il n'y a que des noirs et des arabes, alors tout le monde s'en fout. Mais je paie mon loyer, 380 euros par mois, et je paie même ma taxe d'habitation. Pourtant vous avez vu l'état des bâtiments?", s'indigne Adama, un jeune Comorien.

"Gaudin, Fructus, assassins", ont scandé mercredi en début de soirée une centaine de militants d'associations de quartier rassemblés dans la soirée en haut de la rue d'Aubagne, visant le maire LR et son adjointe au logement. A quelques mètres, l'appel à participer à une réunion publique "des habitant.es et associations de Noailles" pour exiger "un toit digne pour toutes et tous" a aussi fait salle comble, a constaté un journaliste de l'AFP.

La mairie qui a avancé l'hypothèse des fortes pluies des derniers jours pour expliquer la catastrophe, s'est défendue en soulignant "l'énorme travail fait (pour) l'éradication de l'habitat indigne".

La municipalité a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. Selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de 100.000 habitants de Marseille.

Elle a indiqué mardi avoir relogé des habitants dans une soixantaine de chambres d'hôtels du centre-ville. En tout, 160 personnes ont été évacuées par mesure de sécurité.

Jeudi, le maire LR de Marseille Jean-Claude Gaudin doit faire un point presse à 11H00 sur la situation rue d'Aubagne et la politique de la ville en matière de logement.

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