Meurtre d'Alexandre Junca : le procès s'est ouvert ce mardi à Pau

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 07 juin 2016 - 16:16
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Une allégorie de la Justice.
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Les quatre accusés doivent répondre de leurs actes à partir de ce mardi devant la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques.
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Cinq ans après la découverte du corps démembré d'Alexandre Junca, un adolescent de 13 ans, quatre accusés comparaissent à partir de ce mardi aux assises de Pau. Il avait été tué à coups de marteau après le vol de son téléphone portable.

D'emblée pesant, entre yeux rougis, silence de plomb, malaise dans la salle, le procès du meurtre du jeune Alexandre Junca en 2011 s'est ouvert ce mardi 7 matin à Pau, empreint de l'émotion qui avait entouré la mort du collégien de 13 ans, tué puis démembré pour un téléphone portable. Quatre accusés comparaissent jusqu'au 16 juin devant la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques. Les deux principaux sont des marginaux, Mickaël Baerhel, 30 ans, et Christophe Camy, 28 ans, jugés pour "vol avec violences ayant entraîné la mort", faits passibles de la réclusion à perpétuité. A leurs côtés, un retraité de 76 ans, Claude Ducos: soupçonné d'avoir aidé à faire disparaître le corps, il est jugé pour "recel de cadavre, atteinte à l'intégrité d'un cadavre, destruction de preuve et non-dénonciation de crime". Il encourt trois ans de prison, comme Fatima Ennajah, 50 ans, ex-compagne de Baerhel qui répond de "recel de cadavre" et "non-dénonciation de crime".

La famille d'Alexandre, en rangs serrés, a pris place dans la salle d'audience petite mais comble. La mère Valérie Lance, les yeux rougis: "il faut qu'elle soit forte pendant ces dix jours, et elle le sera. Elle attendait ce moment", a déclaré Me Pierrette Mazza-Capdevielle, avocate de la mère. Le père, Philippe Junca, serrant fort la main de la soeur d'Alexandre, Virginie. Dans une atmosphère à la fois pesante et grave, les accusés ont décliné leur identité, Fatima Ennajah se faisant rappeler à l'ordre pour regarder les juges en face. Dans le box des accusés, Christophe Camy a le regard perdu devant lui tandis que Mickael Baehrel baisse la tête. Claude Ducos -qui comparaît libre- semblait nettement plus détendu.

Alexandre, 13 ans, avait disparu le soir du 4 juin 2011, près de chez son père, dans le centre de Pau. Malgré d'intenses recherches, trois semaines s'étaient écoulées avant la découverte de son corps, démembré: d'abord un fémur fin juin, puis d'autres restes en octobre. Arrêté en 2013, Mickaël Baerhel avait avoué en garde à vue avoir assené les coups de marteau mortels à Alexandre. Puis Christophe Camy, dénoncé, avait reconnu être l'auteur du vol du portable. Mais le rôle joué par chacun dans le crime reste encore flou, ainsi que le sort exact du corps, dans les heures et jours qui suivirent l'agression. Des jours de traumatisme pour la ville de Pau, où une marche blanche avait réuni plus de 4.000 personnes.

Les quatre accusés, tour à tour, ont assuré au président François Bobille qu'ils répondraient à ses questions: "j'ai toujours assumé mes actes (...) je répondrai à vos questions", a déclaré le principal accusé, Mickael Baehrel, d'une voix ferme. L'émotion dans la salle d'audience s'est muée en silence de sépulcre lorsque le président Francis Bobille a procédé au rappel des faits, aux coups potentiellement létaux, au corps démembré, déposé pour parties sous les gravats d'une digue provisoire le long du Gave (la rivière) de Pau.

Dans les rangs des accusés, les yeux de Mickael Baehrel s'abaissaient au fur et à mesure. Dans la salle, une jeune fille s'est trouvée mal, et a dû être évacuée. Les parents, eux, restaient stoïques, se tenant la main. Mais ils ont souffert, des larmes glissant sur les joues, lorsque l'enquêtrice de personnalité a retracé le portrait d'Alexandre, enfant vif, jovial, le "clown de la famille", un "petit gars qui a la pêche", charmant, beau gosse, aimé des copains, et des filles. Et puis ce portable, offert à Noël après de bons résultats scolaires. Ce portable "très précieux pour lui", qui sera au cœur de l'agression mortelle.

"Je veux juste la vérité. J'espère que ce débat le permettra", dira le père d'Alexandre, appelé à la barre pour parler de son fils. "Nous on a pris perpétuité", appuiera la mère, tremblante, incapable de se recueillir sur la tombe car elle "ne peut imaginer allongé dedans" son fils démembré. Dans son box, Christophe Camy pleure en l'entendant. La Cour devait se livrer à l'interrogatoire des accusés mardi après-midi puis mercredi, avant d'entendre les enquêteurs de police.

 

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