Meurtre d'Aurélie Fouquet : Redoine Faïd se dit "innocent de A à Z"
Il se dit "innocent de A à Z" dans le braquage avorté qui fut fatal en 2010 à Aurélie Fouquet, il en a fini avec la vie "de merde" du grand banditisme: Redoine Faïd n'a pas lâché un pouce de terrain face à la cour d'assises de Paris. Mercredi, l'interrogatoire de personnalité du braqueur vedette est le premier temps fort d'un procès qui se consacrera pendant sept semaines au meurtre de la jeune policière municipale le 20 mai 2010, au terme d'une folle course-poursuite sur l'autoroute entre un commando de braqueurs et des policiers.
Redoine Faïd, 43 ans, avait commencé en exprimant une volonté d'apaisement. Dans une lettre à la famille de la victime, lue par le président Philippe Roux, il se défend de toute "arrogance", ce que lui avait reproché la veille la mère d'Aurélie Fouquet. Elisabeth Fouquet avait été ébranlée de le trouver "totalement détendu". "Je ne suis pas à l'aise", lui répond dans cette lettre le multirécidiviste, déjà condamné plusieurs fois pour des braquages réalisés à la fin des années 1990, et qui doit encore être jugé pour une évasion particulièrement violente en 2013.
Mais c'est avec une assurance incontestable qu'il prend la parole, pour plusieurs heures. Chemise bleu clair, visage rond expressif barré d'épais sourcils, celui qui fut surnommé "Doc" ou "l'écrivain" commence par décrire en détails une enfance heureuse dans une famille nombreuse, des parents "exceptionnels", deux "grands amours", et quelques épreuves: la mort de son meilleur copain, le cancer de sa mère... Il répond sur ses forfaits passés: "j'ai pris mes responsabilités", "je regrette mes bêtises".
Le grand banditisme? Une vie "de merde", lance-t-il même. On est loin du livre qui le fit connaître fin 2010, quelques mois après la mort d'Aurélie Fouquet, contant ses exploits de "caïd des cités", d'"aristocrate" du braquage. Mais comme dans cet ouvrage, il le dit à plusieurs reprises à l'audience, dans la langue presque pédante qu'il affectionne: Redoine Faïd est un repenti, dès 1999 il était "en bout de course d'une période délinquancielle" (sic), il a "tourné le dos" à cette vie.
Au fur et à mesure que l'interrogatoire s'approche de la date du 20 mai 2010, et de son interpellation plus d'un an plus tard, Redoine Faïd se fait plus véhément. Se disant "innocent de A à Z" dans cette affaire, contestant connaître certains des autres accusés, il s'insurge contre une "hystérie médiatique" qui le présenterait comme un "assassin de policier". "Je n'ai jamais touché" personne, "même pas une claque".
Pour les enquêteurs, si Redoine Faïd n'était pas physiquement présent lors de la fusillade fatale à Aurélie Fouquet, il est le cerveau du braquage avorté et le "dénominateur commun" des neuf hommes jugés par la cour d'assises à Paris pour y avoir participé de près ou de loin. Lorsqu'il aborde son parcours carcéral depuis 2011, Redoine Faïd, qui dans le procès en cours risque la perpétuité, perd, par moments, son sang-froid. Fini, le vocabulaire châtié: "on m'a fait la misère, la misère noire", dit-il, dénonçant sa mise à l'isolement, des conditions "abominables", son transfert vers une prison de Sequedin dans le Nord-Pas-de-Calais qui "brise (sa) famille", composée d'une compagne et de l'enfant de cette dernière.
La déférence marquée du début de l'audition se fissure, notamment dans ses échanges avec l'avocate générale. Lorsque le braqueur conteste un rapport sur son évasion de Sequedin en 2013, avec explosifs et "bouclier humain", Maryvonne Caillibotte lui lance: "Mais tout est sur internet, tout est filmé".
Redoine Faïd, gavé de films d'action au point de les copier dans ses braquages, et qui évoque à l'audience des projets avec "le monde du cinéma", lui rétorque: "C'est peut-être filmé Madame, mais moi, j'y étais".
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