Meurtre de la petite Fiona : "je ne vais plus répondre à vos questions", s'emporte la mère
Elle s'emporte, elle pleure. Mais au bout du compte, elle se livre peu. Au deuxième jour de son procès, la mère de Fiona n'a guère fait avancer mardi 15 les assises du Puy-de-Dôme sur la mort de sa fille, qu'elle est accusée, avec son ex-compagnon, d'avoir tuée. "Mais expliquez, dites-les vos regrets!", la presse son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie. "Tous les jours, je regrette d'avoir été négligente, une mère indigne, peut-être un monstre pour certains", concède mécaniquement Cécile Bourgeon. La frange relevée par une pince, une paire de lunettes vissée sur le nez et un foulard rose fuchsia noué sur un pull gris, cette femme de 29 ans se retrouve sous le feu des questions, après son ex-concubin, Berkane Makhlouf, la veille.
La mort de Fiona? "Un accident", lâche-t-elle, sans plus de précisions. L'endroit où se trouve son corps? Impossible de savoir. "Moi, j'ai donné tout mon possible pour essayer de la retrouver et je n'ai pas réussi. J'en ai honte", confesse d'une voix plaintive, presque enfantine, celle qui s'exprime pour la première fois depuis trois ans et les terribles aveux. Après avoir évoqué la disparition de la fillette et menti pendant des mois, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf avaient en effet reconnu l'avoir enterrée, à la lisière d'une forêt. Après lui avoir porté des coups mortels, selon l'accusation. En prison, cette mère de famille, "mordue des enfants", a eu "envie d'un autre enfant", selon une lettre adressée à un homme avec lequel elle a entretenu une relation épistolaire, lue par une avocate des parties civiles. Qui la fait sortir de ses gonds, pour la première fois depuis le début de l'audience.
Un court instant, Cécile Bourgeon hausse la voix et montre un autre visage. "Pour qui elle se prend?" lance-t-elle à l'attention de Me Marie Grimaud, de l'association Innocence en danger, qui l'interroge sur ce courrier. "J'ai le droit d'être enceinte; je fais ce que je veux. La petite bête, vous la cherchez et vous allez la trouver! Je ne vais plus répondre à vos questions", s'emporte-t-elle.
Mais l'instant d'après, elle craque et demande pardon à son frère, qui venait d'être auditionné. "Je t'aime mon frère. Je te donne mes excuses pour tout ça", lui dit-elle, cette fois en pleurs. Ses parents, parties civiles, n'ont pas réussi non plus à lui arracher des aveux. "On aimerait avoir la vérité, Cécile. Je t'aime toujours tu sais", lance soudainement son père Gérard Bourgeon en s'adressant à elle, imperturbable. Sa mère Françoise Verschoote, qui essaie de lui faire revenir la mémoire en prison sur le lieu de sépulture de Fiona, a aussi avoué son impuissance: "ca vient pas", relate-t-elle.
Mardi, la cour a tenté de brosser la personnalité de Cécile Bourgeon et de décortiquer sa relation avec Berkane Makhlouf. "C'est compliqué, je suis perdue. Berkane, c'est le père de mon fils (né juste avant son arrestation). Je l'aimais très, très, très fort", confie l'accusée. "C'est toujours pas terminé? Vous êtes sous son emprise et vous ne pouvez pas tout dire?" lui demande alors le président, Dominique Brault. Long silence dans la salle. "Je ne peux pas vous dire", finit par répondre celle qui aurait été, en effet, "sous l'emprise" de son compagnon selon une psychologue appelée à la barre. "C'est une éponge, un buvard, on peut en faire ce qu'on veut. Par peur de l'abandon, elle est capable de tout supporter", abonde Martine Tetot-Prunet.
Tous deux sont accusés de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineure de moins de 15 ans, par ascendant ou par personne ayant autorité et en réunion, de non-assistance à personne en danger et de recel ou dissimulation de cadavre. Ils encourent 30 ans de réclusion criminelle. Ce mercredi 16, la cour donnera la parole à l'ancien couple sur les faits.
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