Mort de Rémi Fraisse : le gendarme "ni coupable, ni responsable" pour son avocat
Le drame avait eu un tel retentissement politique qu'on en avait presque oublié le principal acteur: le gendarme qui a jeté la grenade mortelle à Rémi Fraisse. Son avocat, Me Jean Tamalet s'est exprimé dans une interview accordée au Parisien. Il dépeint un "accident" alors que les forces de l'ordre étaient violement prises à partie.
Du gendarme en question, on ne sait que le grade, l'initiale -maréchal des logis-chef J.- et le fait qu'il serait un père de famille de 32 ans. A travers lui, c'est l'ensemble des forces de l'ordre qui a été accusé de se livrer aux violences volontaires.
Pour son avocat, le gendarme n'a à aucun moment cherché à blesser Rémi Fraisse ou un autre manifestant: "Il est dans le même état d'esprit qu'un conducteur qui s'est parfaitement conformé au Code de la route, mais dont le véhicule a heurté mortellement un autre usager qui n'aurait pas respecté une interdiction. Ce qui s'est passé est un accident. Il n'est ni coupable ni responsable".
Selon la version du gendarme, son escadron subissait des jets de pavés et de cocktails Molotov de la part d'une centaine de personnes. Il aurait lancé la grenade vers un petit groupe après sommation "en visant une zone à mi-chemin entre le grillage et la position estimée du groupe".
Le gendarme a-t-il raté son lancé ou fait une mauvaise utilisation de sa grenade? L'enquête devra le déterminer mais les grenades offensives sont des armes incapacitantes. Pour provoquer la mort, il aura fallu qu'elle soit très proche, voire en contact direct avec la victime au moment de l'explosion. A moins que la dangerosité de l'arme n'ait été sous-estimée lors de sa mise à disposition des gendarmes. Leur utilisation a été depuis interdite par le ministère de l'Intérieur.
Compte tenu de la situation au moment des faits, Me Tamalet considère que son client a eu une réaction "graduée et proportionnée. (…) Nous sommes convaincus que Rémi Fraisse était pacifiste, mais il se trouvait à cet instant-là au milieu de casseurs armés. Ce n'est pas faire injure à sa mémoire que de le préciser", rappelle-t-il. Le gendarme devrait s'expliquer le 18 décembre devant le Bureau des enquêtes judiciaires.
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