Mort mystérieuse d'un journaliste enquêtant sur les mercenaires russes en Syrie
Sa mort est jugée "préoccupante" pour les défenseurs de la liberté des médias en Russie. Un journaliste d'investigation, Maxim Borodin qui enquêtait sur les mercenaires russes en Syrie est décédé dimanche 15 à Ekaterinbourg (Russie) des suites d'une chute mystérieuse de son balcon.
Les enquêteurs en charge des investigations ont déclaré ce lundi 16 ne pas déceler d'éléments étranges dans ce décès. "Il n'y a pas de raisons d'ouvrir une affaire criminelle. Plusieurs versions sont à l'étude, dont celle de l'accident, mais il n'y a aucun signe montrant qu'un crime a été commis", a déclaré le Comité d'enquête local à l'agence de presse gouvernementale TASS.
Maxim Borodin est donc "tombé du balcon" de son appartement, perché au 5e étage d’un immeuble d’Ekaterinbourg. Ce sont des voisins qui l’ont retrouvé inanimé. Transporté à l’hôpital, il est mort dimanche des suites de sa chute, au terme de trois jours de coma. Peu avant les faits, il avait confié à des proches se sentir surveillé.
Le journaliste, qui travaillait pour le journal Novyi Die, avait notamment révélé présence de mercenaires russes affilié au groupe Wagner (qui emploie également des paramilitaires dans les républiques sécessionnistes de Lougansk et Donetsk en Ukraine) en Syrie, aux côtés du régime de Bachar al-Assad.
"Des milliers de mercenaires auraient ainsi été déployés discrètement en Syrie par une société de sous-traitance présumée financée par Yevgeny Prigozhin, un homme d'affaires russe ayant des liens avec le président russe Vladimir Poutine", souligne Le Parisien.
Le groupe Wagner n'a aucune existence légale, d'autant que les sociétés militaires privées (SMP) sont officiellement interdites en Russie. Pourtant, la présence en Syrie de cette organisation qui a aussi combattu dans l'est de l'Ukraine a été abondamment documentée. Elle remonte à l'automne 2015, soit la période à laquelle la Russie a lancé sa campagne de frappes aériennes en soutien au régime de Bachar al-Assad, selon le journal en ligne Fontanka.ru, qui a consacré de longues enquêtes à cette organisation.
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Le nombre d'hommes du "groupe Wagner" présents en Syrie a varié selon les périodes, allant de 2.500 au plus fort des combats, selon le quotidien RBK, à un millier en moyenne avant que leur présence ne se réduise à l'été 2016. Des mercenaires qui ne sont pas liés directement aux militaires russes peuvent présenter l'avantage de servir les intérêts de Moscou en Syrie sans engager la responsabilité du Kremlin.
Le 7 février, Washington a annoncé avoir tué dans des frappes aériennes au moins 100 combattants pro-régime dans la région de Deir Ezzor, en riposte à l'attaque du QG de combattants kurdes et arabes syriens soutenus par les Etats-Unis. Parmi les morts, se trouvaient des "contractors" russes.
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