Notre-Dame-des-Landes : les opposants à l'aéroport organisent leur résistance

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 septembre 2016 - 17:39
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A Notre-Dame-des-Landes.
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©Stéphane Mahé/Reuters
Les occupants de la Zad poursuivent la construction de lieux de vie pour "un avenir sans aéroport".
©Stéphane Mahé/Reuters
En Loire-Atlantique, les occupants de la "Zone à défendre" de Notre-Dame-des-Landes s'organisent pour résister à toute tentative d'expulsion. "Si opération d'expulsion il y a, elle sera de ce fait beaucoup plus compliquée", assurent les opposants au projet d'aéroport qui sont désormais "plutôt 300".

Formations d'autodéfense, point information, bibliothèque: les occupants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), qu'ils ont baptisée "zone à défendre", s'organisent pour "résister" à toute tentative d'expulsion et poursuivent la construction de lieux de vie pour "un avenir sans aéroport". A quatre semaines d'une nouvelle grande mobilisation sur le site même du projet contesté, en réponse aux annonces du gouvernement d'une évacuation et d'un début des travaux à l'automne, après la victoire le 26 juin du "oui" à un nouvel aéroport, c'est "l'effervescence" dans le bocage nantais.

"Symboliquement", plusieurs chantiers se concentrent dans le hameau de "La Rolandière", un parmi une soixantaine de lieux de vie, situé au coeur de la "zone d'aménagement différé" de 1.650 hectares dédiée au projet d'aéroport, là où est il est prévu de construire la tour de contrôle. En bordure de l'une des deux routes départementales traversant la "Zad" du nord au sud, un "i" signale aux opposants de passage, de plus en plus internationaux, la présence d'un point information. A l'intérieur d'une petite pièce sombre, sont délivrés cartes, petites brochures du mouvement antiaéroport et informations sur "l'histoire de la lutte, où manger, où dormir, comme un office de tourisme", explique un "Camille" - prénom générique que se donnent les opposants pour conserver leur anonymat - au léger accent britannique.

Ce point d'accueil doit déménager dans les prochaines semaines dans l'ancienne étable attenante bientôt reconvertie en café, dans laquelle s'affaire une demi-douzaine d'occupants pour enduire les murs d'un isolant fait de terre argileuse et de paille. "Le gouvernement veut venir détruire et nous on construit. (...) Chaque semis qu'on plante, chaque clou, chaque planche, c'est pour dire +Ici, on va rester+", poursuit le jeune homme, installé de façon permanente à Notre-Dame-des-Landes depuis six mois, après s'être frotté il y a quelques années à des luttes antiautoroutes en Grande-Bretagne.

Derrière la grange voisine, dans la prairie jonchée de caravanes et de tentes, l'ancienne cabane médicale en bois, encore dénommée "La Transfu", fait place dès ce samedi 10 à une bibliothèque. Les livres, donnés par des voisins, des bouquinistes ou des maisons d'édition "sympathisantes", s'entassent au fur et à mesure sur les rayonnages. La Société du spectacle de Guy Debord y côtoie des essais politiques sur Mai 68, le Larzac, l'anarchisme ou la révolution espagnole, mais aussi des ouvrages de poésie et des romans. Comme les autres infrastructures "en dur" construites ces derniers mois sur la "Zad", dont un hangar prévu pour l'hébergement et le stockage de matériel qui doit être inauguré lors du rassemblement du 8 octobre, cette bibliothèque montre la "détermination des opposants" à "ancrer la lutte dans la durée", souligne l'un des "bibliothécaires". Contrairement à ces chantiers, des formations intitulées "Prêt-e-s à défendre la Zad", organisées sur le site chaque week-end depuis début septembre, alors que l'échéance fixée par le gouvernement se rapproche, sont fermées à la presse.

Assimilées par le président (Les Républicains) de la région des Pays de la Loire, Bruno Retailleau, à des "camps d'entraînement antiflics", elles doivent donner à "plusieurs centaines" d'opposants les "outils" nécessaires et les "principes de base": "Ne jamais être seul", "connaître ses droits, les armes de la police", mais aussi "se familiariser avec le terrain" lors d'une course d'orientation, assure une jeune femme qui se fait également appeler "Camille". De quelques dizaines avant les premières tentatives d'expulsion, à l'automne 2012, les occupants permanents de la Zad sont désormais "plutôt 300", témoigne un zadiste de la "première génération". "Si opération d'expulsion il y a, elle sera de ce fait beaucoup plus compliquée", veut-il croire. Mais "s'ils attaquent la Zad ou commencent les travaux, on s'est tous mis d'accord qu'on sera dans une situation de légitime défense", annonce-t-il. 

 

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