Nouvelle-Calédonie : la peur d'une attaque de requin fait fuir les touristes

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 13 mai 2016 - 21:14
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Un requin tigre.
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©Stefan Sauer/AFP
Une femme a succombé à l'attaque d'un requin-tigre le 9 avril dernier en Nouvelle-Calédonie.
©Stefan Sauer/AFP
Un peu plus d'un mois après l'attaque de requin qui a coûté la vie à une sexagénaire, la région de Poé en Nouvelle-Calédonie reste marqué par l'évènement. Les touristes ont désertés la zone suite à l'attaque du squale qui n'a toujours pas été identifié.

"Il n'y a plus personne, on a juste un touriste allemand, qui s'est posé pour un mois", se désole Romain André, cuisinier dans un camping, un peu plus d'un mois après une attaque mortelle de requin sur la plage idyllique de Poé, en Nouvelle-Calédonie.

Encore choqué, le jeune homme connaissait bien la victime, son "ancienne voisine, dynamique et généreuse", appréciée des habitants de cette zone touristique, sur la commune de Bourail, à 160 kilomètres au nord de Nouméa.

Le 9 avril, Nicole Malignon nageait dans 1,50 mètre d'eau en compagnie de son chien lorsqu'elle a été attaquée par un requin-tigre, qui lui a arraché les avant-bras. Un baigneur est allé à son secours mais la sexagénaire est décédée des suites de ses blessures.

"Le lendemain de l'accident, tout le monde est parti et les réservations ont été annulées. C'est le désert", s'inquiète Andréa Sorin, qui gère l'auberge de jeunesse avec vue imprenable sur le camaïeu bleuté du lagon. "Les gens ne parlent plus que de ça, tout le monde a sa théorie sur les raisons de la présence de requins-tigre dans le lagon. Moi, je ne veux pas y participer", confie-t-elle.

Sur la route qui longe l'immense plage de Poé, une multitude de petites structures touristiques - activités nautiques, hôtel, campings, bungalows en location - ont fleuri ces dernières années, sous l'impulsion de la volonté des autorités de dynamiser le nord de la province Sud.

En septembre 2014, un hôtel 5 étoiles avec golf y a ouvert, en lisière d'un domaine de 8.000 hectares en cours d'aménagement et dont le patrimoine culturel et naturel est mis en valeur pour attirer les touristes locaux et internationaux. Aussi, le drame du 9 avril est-il tombé au plus mauvais moment.

"C'est la catastrophe. A Nouméa, tout le monde pense qu'à Bourail, c'est les dents de la mer. On est vraiment inquiet, il n'y a plus de réservations même pour les longs week-ends de mai", soupire Catherine Daverat, directrice de l'Office de tourisme du village.

Depuis l'attaque, la baignade et les activités nautiques sont interdites à Poé, où, grâce à des survols quotidiens en ULM du lagon, plusieurs requins mesurant entre 2,5 et 3 mètres ont été observés. Cette concentration de squales est inhabituelle et interpellent les spécialistes, qui pensent "que quelque chose doit les attirer", comme des carcasses de poissons morts ou de gibier. Malgré les recherches organisées par la mairie, aucune source de nourrissage n'a jusqu'à présent été identifiée.

Alors que le lagon de Poé est une aire marine protégée, la province sud a autorisé entre le 3 et le 10 mai "des opérations de prélèvements" de requins-tigre, menées en partenariat avec l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement) ainsi que l'euthanasie, s'il était trouvé, du squale auteur de l'attaque mortelle, que les scientifiques sont à même d'identifier.

"Deux requins-tigre femelles ont été attrapés, bagués et relâchés hors du lagon. Les trois derniers jours, on n'a rien vu", a expliqué à l'AFP Laurent Thomas, capitaine des pompiers de Bourail.

Plusieurs associations écologistes se sont indignées qu'un "permis de tuer" soit officiellement accordé, estimant la mesure "totalement inutile" et accusant la mairie de ne pas se soucier des pollutions du lagon. Jeudi, la province Sud a indiqué que si "d'ici le 13 mai" aucun requin n'était repéré, la commune de Bourail "pourrait lever" l'arrêté d'interdiction de baignade.

Parallèlement, "un plan de sécurisation et d'aménagement" de la plage de Poé, où des tours de guet doivent être installées, est en cours d'élaboration. Pour tenter d'élucider la présence de ces grands spécimens de requins-tigre si près des côtes, "un programme de recherche sur l'écologie et le comportement" de différentes espèces de requins va en outre être engagé. Au cours des dix dernières années, cinq attaques mortelles de requin ont eu lieu en Nouvelle-Calédonie.

 

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