Paris : des jeunes portent plainte contre des policiers

Dans le 12e arrondissement de Paris, 18 adolescents ont porté plainte contre des policiers qu'ils accusent de violences, agressions sexuelles et insultes racistes à leur encontre. Les faits se seraient déroulés entre l'été 2013 et l'été 2015. Une enquête préliminaire a été ouverte.

L'affaire est grave. A Paris, 18 adolescents ont porté plainte contre des policiers qu'ils accusent de violences, agressions sexuelles et insultes racistes à leur encontre. Une enquête préliminaire a été confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. La police n'a pour le moment pas souhaité réagir.

Avec le soutien de leurs éducateurs, des jeunes, âgés de 14 à 18 ans ont porté plainte contre X jeudi 17, "X" représentant une dizaine de policiers du commissariat du 12e arrondissement. Car dans leur quartier Reuilly-Montgallet, entre la gare de Lyon et la place de la Nation, les contrôles sont fréquents et dérapent, assurent les jeunes qui ont notamment rapporté des faits de"violences volontaires aggravées", "agression sexuelle aggravée", "discrimination", "séquestration" et "abus d'autorité", qui auraient été commis entre l'été 2013 et l'été 2015.

Certains assurent que des agents leur ont mis "des doigts dans les fesses", tandis que d'autres disent avoir été "contraints de se déshabiller" devant les policiers. D'autres encore affirment avoir été "gazés au visage avec de la bombe lacrymogène", selon Le Monde. Les adolescents dénoncent également des faits de violences comme des coups de poing au visage, dans les côtes ou dans le dos.

Enfin, ils auraient aussi été victimes d'insultes à caractères racial tels que "espèce de Libanais de merde", "connards, sales Noirs". La phrase "on pisse sur le ramadan" aurait également été entendue.

Les plaintes retenues sont celles pouvant être confirmées par des témoins. Et ils sont nombreux d'après Le Monde selon qui une mère de famille se serait entendue répliquer "fermez-la, ou je vous embarque", alors qu'elle demandait leur matricules à des policiers en train de s'en prendre à des jeunes. Une autre mère aurait également constaté "régulièrement des traces de coups et de brûlures au gaz lacrymogène sur le visage" de son fils quand elle le récupérait au commissariat.

Face à un tel climat, une médiation a été tentée par les éducateurs de l'association Soleil et le service de prévention de la police. Catherine Baratti-Elbaz, la maire du 12e arrondissement  a ouvert des terrains de sport, développé la danse et des ateliers d'écriture. "Il est vrai que le partage de l’espace public entre générations est l’un de mes sujets quotidiens",  déclare-t-elle au Monde. Mais il y a eu des représailles de la part des policiers, assurent les jeunes. La situation empirant, l'ONG anglo-saxonne Open Society Justice Initiative les a encouragés à porter plainte.

Jeudi, soutenu par un duo d'avocats spécialisés dans ce genre de dossier, ils sont enfin passés à l'acte. "Les faits relatés sont d'une extrême gravité. S'ils devaient être avérés, il conviendrait de les sanctionner avec la plus grande fermeté", a réagi dans un communiqué Catherine Baratti-Elbaz, ajoutant avoir appris le dépôt de plainte par la presse.