Paris : manifestation de Roms contre le démantèlement de leur camp
"On est européens!". Accompagnés de nombreux soutiens, une centaine de Roms ont manifesté lundi 1er février devant la mairie du 18e arrondissement de Paris contre le démantèlement de leur campement, installé sur les voies ferrées entre les portes des Poissonniers et de Clignancourt. Car la justice, sur demande de la propriétaire des lieux, SNCF Réseau, a ordonné leur expulsion.
"L'éviction est bien programmée pour cette semaine, et seule une quinzaine de nuits d'hôtel ont été proposées. C'est inadapté. Personne n'est convaincu. Ils veulent le respect de la trêve hivernale, et poursuivre leur projet de construction d'un campement en dur, pour lequel ils ont déjà soumis des propositions à la Ville", déplore André Feigeles, du collectif RomParis, cité par Le Parisien.
"On est Européens! Il y a plusieurs dizaines de personnes du bidonville inscrites à Pôle emploi et on ne nous laisse pas notre chance. On veut réaliser notre projet, pas aller à l'hôtel", explique un habitant du campement au quotidien. "25 ans de politiques coûteuses et inutiles d'expulsions dans les bidonvilles", est-il écrit sur son gilet en lettre noires.
Car démanteler les camps de Roms a un coût. "Le démantèlement du campement est une erreur à plusieurs niveaux: elle déscolarise les enfants et casse le processus d'intégration. Les personnes âgées et les femmes enceintes doivent être relogées dans des hôtels, ce qui coûte cher à la collectivité. Ceux qui sont pris en charge dans des villages d'insertion finissent par s'intégrer, mais là encore cela coûte extrêmement cher. On pourrait facilement défendre une politique d'insertion dans leur écosystème, plutôt que de vouloir lui en substituer un autre. Il faut transformer une réalité sociale en réalité administrative", explique Grégoire Cousin, anthropologue et chercheur dans une interview au Figaro.
Livia Otal qui travaille chez Médecins du Monde et suit certaines familles depuis 2006 en région parisienne est du même avis. "L'expulsion ne résout pas le problème, ça ne fait que le repousser sur la commune d'à côté", s'insurge-t-elle, citée par France Bleu.
Mais la préfecture de police et la ville de Paris estiment que le bidonville est dangereux. Les braseros, les poêles de fortune dans le cabanes en bois sont autant de risques d'incendie. En contrepartie, la ville de Paris assure qu'une solution de relogement sera proposée à tous, avec priorité pour les familles d'enfants scolarisés dans les écoles parisiennes.
Septiques, les associations de soutien au Roms proposent de construire, avec l'aides des habitants, des structures démontables en bois qu'on pourrait installer temporairement sur un terrain libre, en attendant de trouver une solution de logement définitive aux familles. Une difficulté toutefois: mobiliser les crédits pour monter ce projet devrait prendre des mois. Or, la ville de Paris et la préfecture de police ne veulent pas attendre.
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