Paris : mort d'un sans-abri en pleine vague de froid

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 janvier 2016 - 20:18
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Depuis le 1er novembre, 1.529 places d'hébergement d'urgence ont été ouvertes à Paris. (Photo d'illustration).
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Un sans-abri de 66 ans a été découvert mort dans un parking parisien ce jeudi, en pleine vague de froid. Atteint entre autres de problèmes rénaux, l'homme demandait une place d'hébergement depuis deux mois.

Depuis deux mois, il demandait une place d'hébergement: un homme de 66 ans a été retrouvé mort ce jeudi 21 janvier dans un parking à Paris, en pleine vague de froid dans la capitale, où chaque soir des dizaines de sans-abri échouent à trouver un lit.

Venu d'Europe de l'Est pour étudier à Paris, cet homme qui parlait français "avec un fort accent" était tombé dans la précarité "très probablement à la suite d'un non-renouvellement de titre de séjour", raconte à l'AFP Cédric Lautard, de l'association Les Enfants du Canal, qui lui venait en aide.

"Il avait de longues années de rue derrière lui et avait toujours refusé de demander un hébergement, jusqu'à récemment", explique-t-il. Le 9 décembre, cet homme malade qui souffrait, entre autres, de problèmes rénaux, décide enfin de demander une place: "il acceptait le fait qu'il fatiguait".

"Cette place, il l'attendait", selon Cédric Lautard, mais les semaines ont passé et aucune réponse positive ne lui est parvenue, jusqu'à son décès dans un parking souterrain, devenu son abri, rue de Matignon dans le VIIIe arrondissement. Le 14e décès à la rue en Ile-de-France depuis novembre, selon la préfecture.

"Il est mort très probablement en raison du froid ou en tout cas de ses conditions de vie dehors", estime Cédric Lautard. "On est vraiment dans le cas d'un drame qui aurait pu être évité."

Comment un homme vieillissant, à l'état de santé très dégradé, a-t-il pu mourir seul alors que les températures tombaient en-dessous de zéro?

"On essaie de mettre à l'abri les personnes les plus vulnérables", explique Eric Pliez, directeur du Samusocial de Paris. Mais "qui on +priorise+ quand on manque de places?", demande-t-il.

Il y a environ chaque soir 320 demandes non pourvues, dont 75 la nuit au 115 en Île-de-France, selon les chiffres de la préfecture de Paris et d'Ile-de-France.

Au niveau national, "faute de moyens", le 115 "ne répond qu'à une demande sur deux", déplore la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale). Cette fédération, qui regroupe 870 structures, avait alerté le gouvernement dès octobre, lui demandant de ne pas attendre la période hivernale pour ouvrir des centres d'accueil.

Pour le directeur du Samusocial, le cas de ce sans-abri, qui se déplaçait difficilement, reflète aussi la situation des "personnes handicapées qui ont encore plus de mal à être hébergées. Il faut créer des places et adapter des places à ces publics".

Depuis le 1er novembre, la préfecture de Paris et de la région Ile-de-France a dénombré 14 décès à la rue dans la région, dont sept dans la capitale.

"Ce sont 14 de trop mais l'effort est déjà gigantesque et continue", fait valoir la préfecture, qui a annoncé ce jeudi l'ouverture de 85 places supplémentaires, s'ajoutant aux 107 places ouvertes la première semaine de janvier. La préfecture annonce en outre 58 places d'hébergement supplémentaires à Paris début février.

Depuis le 1er novembre, 1.529 places d'hébergement d'urgence ont été ouvertes à Paris et plus de 2.725 pour l'ensemble de la région.

Mais, pour les associations, la demande est telle que l'effort reste insuffisant. "On aurait besoin d'un volet de minimum 500 places sur Paris", jauge le directeur du Samusocial, "bien plus" pour Cédric Lautard, des Enfants du Canal, qui évoque les nombreux sans-abri découragés ne composant plus le 115.

"La vie dans la rue est dure tout le temps, il manque des places d'hébergement tout le temps", insiste Cécile Rocca, de l'association Les morts de la rue. Depuis le début de l'année 2016, l'association a déjà dénombré 23 personnes mortes dans la rue dans toute la France, en moyenne âgées de 50 ans.

"On s'habitue à ce qu'ils vivent et meurent sous nos yeux", dit Cécile Rocca. "C'est juste un peu plus dur l'hiver".

 

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