Pauvreté : des associations partent en campagne contre les préjugés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 janvier 2017 - 16:16
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Quelques pièces dans la main d'un homme.
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©Fabrizio Bensch/Reuters
La campagne se déclinera en un site démontant les idées fausses, des plateformes rassemblant les propositions des associations, et des visuels relayés sur les réseaux sociaux.
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Excédées d'entendre certaines idées reçues relayées par des responsables politiques, une cinquantaine d'associations, luttant contre la précarité, vont lancer une campagne pour démonter ces préjugés. Elle débutera fin janvier et se poursuivra jusqu'à l'élection présidentielle.

"Les chômeurs ne veulent pas travailler", "les pauvres sont des fraudeurs": excédées d'entendre certaines idées reçues relayées par des responsables politiques, une cinquantaine d'associations luttant contre la précarité lancent une campagne, jusqu'à l'élection présidentielle, pour démonter ces préjugés. Deux collectifs regroupant 51 associations (ATD quart monde, Croix rouge française, Emmaüs, etc) venant en aide à quelque 4 millions de personnes, se sont unis pour lancer une "autre campagne" et opposer aux stéréotypes entendus la réalité qu'ils observent sur le terrain.

"Mieux vaut être migrant que sans-abri français" (pour bénéficier d'aides), "les étrangers volent le travail des Français", "les allocations chômage n'incitent pas à la reprise de l'emploi", "la protection sociale coûte beaucoup trop cher et ne sert à rien": autant de phrases stigmatisantes que les associations comptent démonter. Il s'agit d'"affronter directement les candidats qui les relaient", a expliqué Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, lors d'une conférence de presse mercredi dans un centre d'hébergement parisien. "C'est un exercice un peu nouveau pour nous" mais "les associations en ont assez d'êtres sages. On ne peut pas subir un tel décalage entre la réalité de ce que vivent les personnes (...) et les discours politiques".

Parmi les propos polémiques relayés par les politiques, il a cité le Conseil départemental du Haut-Rhin et son président (LR) Eric Straumann, qui souhaitaient conditionner le RSA à du bénévolat ou encore l'ancien Premier ministre et actuel candidat à la primaire socialiste Manuel Valls, qui avait déclaré que les Roms avaient "des modes de vie extrêmement différents des nôtres qui évidemment sont en confrontation".

"Nous dénoncerons les contrevérités et l'instrumentalisation de la misère humaine à des fins politiciennes", a ajouté Florent Gueguen, directeur général de la Fnars, Fédération des acteurs de la solidarité. "Notre objectif, in fine, c'est que cette campagne présidentielle n'oublie pas les 9 millions de personnes qui vivent aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté, qui sont très largement exclues du débat politique, exclues des propositions et des priorités des principaux candidats à l'élection".

Car pour l'instant, s'"il y a des visites (de candidats à la présidentielle) dans les centres d'hébergement", comme François Fillon mardi dans un centre Emmaüs, "il n'en sort pas grand chose", a déploré M. Gueguen. Le président d'Emmaüs France a d'ailleurs demandé mardi au candidat LR "une évolution de son programme en partie sur la question du logement, du service public, sur la question du partage du travail et des richesses".

Selon l'Insee, le taux de pauvreté, c'est-à-dire la proportion de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté monétaire (60% du niveau de vie médian) de 1.008 euros par mois, a progressé de 0,2 points à 14,3% en 2015. Avec "un million de pauvres de plus en dix ans", "50% de SDF en plus entre 2001 et 2012" et "une augmentation de 24% des expulsions locatives l'an dernier", "on est sur une pente extrêmement dangereuse", a alerté M. Robert.

Face aux discours dénonçant l'"assistanat" ou la fraude au RSA, François Soulage, président du collectif Alerte, répond que sur le terrain, les associations constatent plutôt un "non recours aux droits" auxquels peuvent prétendre les personnes accueillies. Et ajoute que la fraude au RSA se chiffre en millions d'euros contre des milliards d'euros pour la fraude fiscale. "Il faut obliger les candidats à partir de ce qu'est la réalité", a-t-il souligné. "Si on arrive à faire comprendre que le RSA (revenu minimum pour personnes sans ressources, fixé pour un allocataire à 535,17 euros) ne permet pas de vivre dignement, on peut faire comprendre et accepter l'idée d'une augmentation du RSA", a cité M. Soulage en guise d'exemple. La campagne, qui débutera réellement fin janvier, se déclinera en un site démontant les idées fausses, des plateformes rassemblant les propositions des associations, et des visuels relayés sur les réseaux sociaux.

 

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