Peine de mort par injection létale : un supplice ultra-controversé
Aux Etats-Unis, dans le Tennessee, Edmund Zagorski devait être exécuté ce jeudi 11 octobre, après avoir été condamné à mort en 1984 pour le meurtre de deux hommes, qu'il avait égorgés. Mais la veille de l'application de la sentence, le meurtrier de 63 ans a obtenu un sursis: la justice souhaite lui laisser du temps pour qu'il puisse expliquer son choix. Quel choix? La façon dont il sera tué: sur la chaise électrique.
Dans cet Etat, les condamnés à mort ont en effet la possibilité de choisir entre cette exécution et l'injection létale, qui fait face à une controverse sans précédent depuis de longs mois.
Selon la requête des avocats d'Edmund Zagorski, le sexagénaire a opté pour la chaise électrique pour une mort rapide et certaine bien que douloureuse, plutôt qu'une longue agonie.
Ils ont ainsi expliqué qu'avec l'injection létale, leur client pourrait vivre "les 10 à 18 dernières minutes dans une horreur absolue" alors que la chaise électrique le ferait souffrir atrocement mais "seulement entre 15 et 30 secondes".
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Le cas de cet homme illustre le débat qui fait de plus en plus rage aux Etats-Unis ces derniers mois.
Trois produits entre dans la composition de l'injection mortelle: un anesthésiant pour endormir, une substance qui paralyse les muscles de l'individu, et une autre qui arrêté son cœur.
Mais les laboratoires américains et européens qui fournissaient jusque-là les prisons avec les barbituriques pour procéder à l'injection létale ont arrêté de fabriquer certains produits (pour une question d'image).
Résultat, les 31 Etats américains qui appliquent toujours la peine de mort doivent trouver des alternatives pour remplacer les produits manquants. C'est souvent le midazolam, un anxiolytique censé anesthésier le condamné à mort, qui pose problème.
L'efficacité de ce produit a été remise en cause après que plusieurs prisonniers ont agonisé pendant des heures avant de mourir. Dans l'Oklahoma en 2014, Clayton Lockett a souffert pendant 43 minutes (convulsions, gémissements…) avant de succomber à une crise cardiaque. Son cas avait été jugé particulièrement inhumain et l'Oklahoma s'était remis en question, arrêtant toute exécution pendant neuf mois.
Ensuite, une pénurie du midazolam a contraint les Etats à chercher d'autres produits dans des laboratoires européens, qui ont catégoriquement refusé de fournir leurs substances pour ces fins-là.
Désormais de nombreux Etats "offrent" le choix aux condamnés entre différents moyens de mise à mort. Dans l'Utah, par exemple, les prisonniers peuvent opter pour le gaz.
D'autres ont ralenti le rythme des exécutions voire les ont suspendues totalement pour trouver d'autres moyens plus "humains" d'exécuter les prévenus, ou attendre que la législation évolue.
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