Poitiers : le prof de philo accusé d'apologie du terrorisme en classe ne sera pas poursuivi par la justice
Classement sans suite. Le professeur de philosophie du lycée Victor-Hugo de Poitiers (Vienne), mis à pied à titre conservatoire après avoir été suspecté d'apologie d'actes de terrorisme en classe après les attentats du mois de janvier en France, ne sera finalement pas poursuivi en justice.
"Les propos imputés n'apparaissent pas, en eux-mêmes, constitutifs du délit d'apologie d'actes de terrorisme prévu par l'article 421-2-5 du Code pénal qui impose de présenter des actes de terrorisme sous un jour favorable. Ils ne pourront donc pas faire l'objet de poursuites pénales", a annoncé vendredi le procureur de la République, Nicolas Jacquet, dans un communiqué.
Le procureur estime cependant que "les propos tenus par cet enseignant, le jour même d'un deuil national décrété à la suite d'un attentat terroriste ayant particulièrement ému l'ensemble de la communauté nationale, peuvent apparaître particulièrement inadaptés, déplacés et choquants".
Selon les éléments de l'enquête de la police judiciaire rapportés par La Nouvelle République, le prof de philo, Jean-François Chazerans, a organisé un débat avec ses élèves de Terminale ES3 au lendemain de l'attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier.
Deux groupes d'élèves se sont opposés lors du débat, "l'un défendant la liberté totale d'expression, l'autre prônant une expression limitée et considérant que les journalistes de Charlie Hebdo étaient allés trop loin", selon le procureur de la République cité par le journal.
Le professeur se serait rangé à l'avis du second groupe, déclarant notamment que les journalistes de l'hebdomadaire étaient des "crapules", "ce qu'il a fini par reconnaître au cours de sa garde à vue, après l'avoir nié, en précisant qu'il s'agissait +dans son esprit d'un terme affectueux et commémoratif+", selon La Nouvelle République.
"Au bout d'une heure, après la pause, Jean-François Chazerans aurait fait glisser le débat sur un terrain plus politique faisant le lien entre le terrorisme et l'impérialisme de l'Occident +en assimilant les militaires français engagés sur des opérations extérieures à des terroristes+, selon l'enquête", ajoute le quotidien.
Après des plaintes de parents d'élèves et notamment un courrier adressé au rectorat, l'enseignant a été suspendu à titre conservatoire pour quatre mois. Le procureur de la République a transmis les résultats de l'enquête au rectorat "afin qu'une réponse adaptée puisse être donnée dans le cadre de la procédure disciplinaire en cours". Le prof de philo est convoqué le 13 mars prochain devant le conseil de discipline.
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