Procès Barbot : les deux accusés se renvoient la balle
"Il ment", "elle ment": Didier Barbot, jugé devant les assises de Loire-Atlantique pour l'assassinat de son épouse en mars 2013, maquillé en disparition, a minimisé son rôle ce jeudi 21 janvier, une version largement contredite par sa maîtresse et coaccusée, Stéphanie Livet.
Interrogé le premier, pendant plus de trois heures et demie ce jeudi matin, l'accusé, un agriculteur de 42 ans, explique qu'il n'a "pas trouvé d'autre solution" que de tuer sa femme, Anne Barbot, alors âgée de 38 ans, car il avait "peur de l'affronter" et de lui avouer sa liaison avec Stéphanie Livet, débutée en septembre 2010.
Cette dernière venait de se séparer de son mari, lui ne "pouvait divorcer", répète-t-il dans le box, se tenant bien droit, vêtu d'un pull gris rayé.
Simple "plaisanterie" au départ, le projet meurtrier s'est "concrétisé dans les deux derniers jours avant le passage à l'acte", dans la nuit du 15 au 16 mars 2013, même si aucune date n'avait été "définie". Avec, derrière, l'idée "de fonder une famille" avec sa maîtresse et son fils, qu'il pense être le sien, souligne Didier Barbot.
Selon ce plan, évoqué pour la première fois par l'accusé qui en a "eu l'idée", "c'est Stéphanie" qui devait "neutraliser Anne", parce qu'il "n'avait pas la force", lui, de la tuer.
Sa maîtresse devait se rendre au domicile des Barbot, à Vritz (Loire-Atlantique), bourg de 700 habitants, entrer par la porte-fenêtre du garage laissée préalablement ouverte par le mari et couper le courant. Stéphanie Livet devait ensuite attendre dans le noir sa rivale venue le rétablir, armée d'une poêle, une "galettoire", pour l'assommer.
"Réfugié" aux toilettes, Didier Barbot entend son épouse crier à l'aide. Dans le garage, les deux femmes sont en train de s'empoigner. Il assène alors, selon sa version, un seul coup de bûche sur la tête de la victime, puis avant de fuir "dans la salle à manger", laissant Mme Livet achever son épouse en l'étranglant avec une corde.
L'accusé, habitué de la série Les Experts, se charge alors "tout seul" de mettre le corps de son épouse dans le coffre de sa voiture, pour s'en débarrasser en le brûlant et faire croire à une disparition, semant des leurres, dont un chéquier, pour "brouiller les pistes", déclare-t-il.
Mais, dans la bouche de Stéphanie Livet, la "vérité" est tout autre.
Selon elle, son amant avait commencé à "s'inventer des scénarios", imaginant par exemple "qu'il la frapperait avec un marteau", en raison de l'imminence de l'arrivée d'un enfant en cours d'adoption par les Barbot, dont "il ne voulait plus".
Elle assure avoir "essayé de l'en dissuader", avant d'accepter "par amour", son rôle devant se limiter à "éteindre le compteur" pour attirer la victime dans le garage.
Lui "devait taper Anne avec des bûches, se débarrasser de la voiture pour enlever toutes les traces, dire qu'elle avait disparu", poursuit-elle, se raclant régulièrement la gorge, et s'interdisant de pleurer, "parce qu'il y a les parties civiles".
Froidement, elle décrit comment Anne Barbot s'est écroulée par terre, après avoir été "tapée, plusieurs fois, avec deux bûches", par son mari. Puis que ce dernier lui a "tendu une corde" et qu'elle a "étranglé Anne pour abréger ses souffrances", avant d'aller chercher son fils de 19 mois dans sa voiture.
"Quand on l'écoute, on a l'impression qu'il a rien fait. C'est lui qui ment", lance Stéphanie Livet. Didier Barbot lui renvoie la politesse.
Le cadavre calciné d'Anne Barbot n'est découvert qu'une dizaine de jours après le signalement de sa disparition par son mari, le lendemain des faits. L'autopsie n'a pu déterminer la cause exacte du décès.
Interpellés huit mois plus tard, le 26 novembre 2013, les amants passent aux aveux en garde à vue.
Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Verdict attendu lundi 25 au soir.
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