Procès des djihadistes de la "filière de Strasbourg" : dix et huit ans de prison requis

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RT avec AFP
Publié le 07 juin 2016 - 12:58
Les plaidoiries prennent fin ce mardi.
Le procureur a requis lundi dix et huit ans de prison contre sept djihadistes de la filière dite de Strasbourg. Parmi eux se trouvait Karim Mohamed-Aggad, le frère d'un kamikaze du Bataclan. Le jugement devrait être mis en délibéré.

"Des terroristes, pas des combattants": sourd à la version d'une généreuse équipée "politico-humanitaire" à "vernis religieux" contre le régime syrien, le procureur a requis lundi 6 dix ans et huit ans de prison contre sept Strasbourgeois, dont le frère d'un kamikaze du Bataclan. "On juge ce soir des terroristes, pas des combattants", a dit Nicolas Le Bris, avant de livrer un réquisitoire d'autant plus implacable qu'il est déroulé sans aucune emphase. En scindant en deux groupes ces sept Strasbourgeois jugés pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes, le procureur confirme l'impression déjà créée par plus d'une semaine de procès devant le tribunal correctionnel de Paris.

De part et d'autre de la présidente et ses deux juges assesseurs, ces hommes âgés de 24 à 27 ans ont été répartis dans deux box, collant parfaitement aux réquisitions. D'un côté, quatre hommes barbus, détendus, souvent souriants. Contre eux, le ministère public demande la peine maximale, dix ans, et une période de sûreté des deux tiers. Dans l'autre box, trois visages glabres et des mines sombres: huit années requises, avec la même période de sûreté.

Dans le premier groupe se trouve le prévenu le plus médiatique et le plus combatif pendant les audiences: Karim Mohamed-Aggad, dont le frère Foued, parti en Syrie avec le groupe en décembre 2013, a été identifié comme l'un des assaillants du Bataclan. Il écoute les réquisitions sans broncher. Après, lors d'une suspension d'audience, il interpelle ses proches dans la salle: "Moi pour trois mois (en Syrie, NDLR) je dois prendre dix ans? Et pour ceux qui ont passé six mois, quoi? La guillotine?" Contre lui, le procureur a retenu une conversation téléphonique avec son frère, en septembre 2015. Karim Mohamed-Aggad est en prison en France - les sept Strasbourgeois ont été interpellés en mai 2014 - tandis que son frère est resté auprès du groupe Etat islamique. Il dit à Foued: "C'est toi qui me devances auprès d'Allah." Et aussi: "Je sens que le produit +daechien+ pénètre dans mes veines".

Un rapport de détention, très critiqué par sa défense, présente le jeune homme de 25 ans à la barbe épaisse et aux boucles lustrées comme un "patron" en détention. Pour le procureur, Karim Mohamed-Aggad et Radouane Taher sont les animateurs du groupe, qui ont pris contact avec le recruteur Mourad Fares, l'ont présenté aux autres, ont organisé le financement. Les frères Ali et Mohamed Hattay, eux, ont été particulièrement visés parce que le procureur ne croit pas à une franche rupture avec le groupe Etat islamique. Il estime plutôt que les deux ont été "piégés" par un passeur qui les a livrés à la police turque.

S'il requiert une peine moins longue contre Miloud Maalmi, Mokhlès Dahbi et Banoumou Kadiakhe, c'est seulement parce qu'ils ont passé moins de temps en Syrie: deux mois, contre un peu plus de trois pour Karim Mohamed-Aggad, le dernier à partir. Pour le reste, assène Nicolas Le Bris, les sept hommes étaient également "déterminés" à rejoindre un groupe djihadiste en Syrie, pareillement "à l'aise" pendant la période passée dans les rangs de l'EI, à voir les photos et vidéos postées sur internet. Et surtout, tous "ont été au front", dit-il.

Le procureur évacue la version avancée par les prévenus, selon laquelle ils étaient partis pour combattre le régime syrien avec seulement un "vernis religieux" (Radouane Taher), s'étaient retrouvés un peu par hasard dans les rangs de l'EI, et avaient décidé de faire demi-tour pour ne pas prendre part aux affrontements entre groupes rebelles. Après le réquisitoire, le premier avocat à se lever est Me Eric Plouvier, pour Miloud Maalmi. Il proteste contre la peine "d'élimination physique" qui est demandée, et contre la "férocité du parquet". "Les juges vont aller regarder si l'un sourit plus que l'autre (sur les photos de Syrie) pour voir s'il mérite trois ans de plus? Mais dans quel procès sommes-nous?", s'insurge l'avocat. Fin des plaidoiries ce mardi. Le jugement devrait être mis en délibéré.

 

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