Procès Merah - Violences, antisémitisme, salafisme : à la barre, la mère de l'accusé assure "on est une famille normale"

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 19 octobre 2017 - 12:56
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Zoulikha Aziri la mère de Mohamed Merah devant les assises de Paris, le 18 octobre 2017
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© Benoit PEYRUCQ / AFP
Zoulikha Aziri a réfuté toutes les accusations qui pèsent sur son fils, jusqu’à nier l’évidence.
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Zoulikha Aziri, mère de Mohammed et d'Abdelkader Merah, a été auditionnée mercredi dans le procès de son cadet. Elle s'est employée à défendre son fils Abdelkader qu'elle juge non radicalisé, poussant parfois ses arguments vers l'invraisemblable.

Aucune journée d'audiences ne fut aussi difficile et chargée de tensions au procès d'Abdelkader Merah que ne le fut celle du mercredi 18. La mère de la fratrie Merah, Zoulikha Aziri, s'est livrée à une défense acharnée mais aussi confuse et parfois invraisemblable, de son fils Abdelkader, en n'hésitant pas pour cela à charger Mohamed Merah, l'auteur des tueries de mars 2012, tué par la police.

D'emblée, elle déclare au président du tribunal qui l'interroge tant bien que mal: "Abdelkader n'a rien à voir dans l'histoire qui s'est passée. Ce qu'a fait Mohamed, c'est très grave mais il est mort". Elle dresse d'ailleurs l'image idyllique d'un accusé, "gentil à la maison" pratiquant "un islam normal" alors que des proches ont décrit sa violence et son prosélytisme salafiste.

Si Abdelkader est l'enfant chéri pour Zoulikha Aziri, on ne peut pas en dire autant de son autre fils Abdelghani qui a rompu avec la famille. "Abdelghani, il est méchant, il tape tout le temps. Il boit l’alcool, c’est lui qui voulait montrer aux autres comment on boit", s'emporte sa mère qui le rend responsable des coups de couteau que lui a porté son frère Abdelkader en 2003. "C’est la faute d’Abdelghani, il était méchant, il l’avait bien cherché! Il était venu chez moi avec une machette pour défoncer la porte!", justifie-t-elle.

"Il y avait un climat de violence, mon père nous frappait énormément", avait témoigné lundi le plus âgé de la fratrie devant la cour. La mère de famille nie en bloc: "Non, non, non". N'a-t-elle pas momentanément rejoint un foyer pour femmes battues? "J'ai pris mes enfants et je suis partie, oui, mais c'est la famille qui me montait la tête".

"On n'a rien contre les Français, ni les Arabes, ni les Juifs. Tous mes médecins, c'est des juifs", lâche-t-elle encore alors qu'Abdelghani assurait avoir grandi "dans la haine des Juifs et de la France".

"Mais quand même, vous admettez qu’il y avait un problème dans votre famille? C’est pas banal d’avoir un fils qui commet un massacre?", l'interroge un avocat de la partie civile. Réponse terrible de Zoulikha Azrir: "On n’est pas des animaux, quand même, y a pas de problème, dans ma famille, on est une famille normale!".

"Vous ne pouvez pas demander à cette femme d’accabler son fils. Cette femme, c’est la mère d’un accusé, mais c’est aussi la mère d’un mort", s'emporte de son côté maître Dupont-Moretti qui défend le principal accusé. C'est la réflexion de trop pour le frère d'Imad Ibn Ziaten, militaire abattu par Mohammed Merah. "Vous n'avez pas honte!", s'exclame-t-il avant de quitter en larmes la salle d'audience, lâchant "Vous êtes une merde. Bande d'assassins".

Au final, Zoulikha Aziri aura gardé le silence sur un point clef de la procédure: les connexions effectuées à son domicile le 4 mars 2012 vers 23h à une annonce postée par la première victime sur le site LeBonCoin pour vendre sa moto. Imad Ibn Ziaten avait précisé qu'il était militaire, ce détail lui sera fatal.

"Il n'y avait personne chez moi, j'étais seule (...) moi je suis meilleure que vos ingénieurs, j'ai ma tête", a affirmé la mère. Elle reconnaît qu'Abdelkader était bien chez elle vers 19h30, mais affirme qu'il n'est resté que 20 minutes avant de partir et dit ne pas avoir vu Mohamed. L'enquête n'a pas permis de déterminer qui s'est connecté.

Son audition se termine sur une dernière charge contre son aîné: "Abdelghani, il est fou, il est méchant, il a voulu tuer son père, heureusement que j’étais là".

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