Quai des Orfèvres : renvoi aux assises demandé pour deux policiers soupçonnés de viol

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 juin 2016 - 21:27
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Le "36".
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©Jeanne Menj/Flickr
Le parquet de Paris a demandé de renvoyer aux assises deux policiers pour le viol présumé d'une touriste canadienne.
©Jeanne Menj/Flickr
Deux ans après un scandale qui avait ébranlé le 36, quai des Orfèvres, mythique siège de la police judiciaire parisienne, le parquet de Paris a demandé de renvoyer aux assises deux policiers pour le viol présumé d'une touriste canadienne.

Le parquet a requis le renvoi des deux fonctionnaires de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), ou antigang, âgés de 37 et 46 ans, pour "viols en réunion", a-t-on appris ce vendredi 17 de source judiciaire. Il appartient désormais aux juges d'instruction de décider de les renvoyer ou non en procès.

Le 22 avril 2014, dans un pub irlandais en face du siège de la PJ, des policiers de la BRI s'étaient liés avec la jeune femme alors âgée de 34 ans. En pleine nuit, les fonctionnaires, qui n'étaient pas en service, lui avaient fait visiter les locaux du "36". Un peu plus tard, elle en était ressortie en larmes, extrêmement choquée. Elle avait porté plainte pour viol. Un des policiers avait évoqué une relation sexuelle "consentie" avec la jeune femme, l'autre démentant tout rapport. Un troisième avait été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté.

"L'absence de consentement de ma cliente et le comportement totalement abusif des policiers ont été parfaitement analysés par le parquet dans un réquisitoire très détaillé de près de soixante pages", a relevé Sophie Obadia, l'avocate de la jeune femme. "Mon client réaffirme avec force son innocence et attend maintenant avec confiance la décision des juges d'instruction", a réagi de son côté Sébastien Schapira, l'avocat d'un des deux policiers.

Des empreintes génétiques des deux mis en examen avaient été retrouvées sur les sous-vêtements de la victime, ainsi qu'une troisième, inconnue. Une vaste opération de prélèvements ADN sur une centaine de policiers et d'employés de la PJ avait été organisée en septembre 2015, mais n'avait rien donné. L'analyse des téléphones portables des suspects a affaibli leur défense, des vidéos et textos "explicites" ayant disparu, selon des sources proches du dossier.

Fin septembre et début octobre 2015, des confrontations ont été organisées avec les policiers, marquées parfois par des échanges "tendus et très durs", selon une source proche du dossier. Au final, "chacun a campé sur ses positions". La jeune femme s'était déplacée à Paris pour ces actes d'enquête, mais elle avait renoncé à participer à une reconstitution prévue au même moment, dans les locaux du "36".

Plusieurs expertises psychologiques se sont révélées contradictoires. L'une d'elle relevait qu'elle ne présentait pas "de tendance à la mythomanie ou à la fabulation", tandis qu'une autre estimait que sa "personnalité", "son état d'alcoolisation" cette nuit-là et "son discours sur les faits allégués" soulevaient "une forte réserve quant à la possibilité de s'appuyer sur son seul témoignage".

Les juges d'instruction s'étaient aussi rendus au Canada pour entendre la jeune femme et ses proches. Le Quai des Orfèvres, qui abrite plusieurs services d'élite de la police, spécialisés notamment dans les interventions difficiles et les interpellations à hauts risques, est ébranlé par plusieurs autres scandales.

Jonathan Guyot, à l'époque policier à la brigade des stupéfiants de Paris, est mis en examen pour le vol spectaculaire de 52 kilos de cocaïne dans les locaux du "36". Dix autres personnes, dont cinq policiers, sont également poursuivies dans cette affaire.

Fin 2013, le patron de la PJ parisienne Christian Flaesch avait été remercié en raison d'un appel à Brice Hortefeux prévenant l'ancien ministre d'une prochaine convocation. En février 2015, son successeur, Bernard Petit, avait de son côté été suspendu pour avoir violé le secret d'une enquête concernant l'ex-patron et fondateur du GIGN, Christian Prouteau.

 

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