"Ras la blouse" : pas de sortie de crise en vue dans le conflit de la clinique de Tarbes

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 décembre 2016 - 18:41
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Un chirurgien se prépare à opérer.
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©Jean-Sébastien Evrard/AFP
Les grévistes pointent des écarts de rémunération de 300 euros avec le secteur public.
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Les grévistes de la polyclinique de L'Ormeau à Tarbes multiplient depuis un mois les opérations pour obtenir une revalorisation salariale. Cette opposition commence à affecter l'accueil des patients.

Occupation de l'aéroport ou encore barrage filtrant aux urgences: les grévistes de la polyclinique de L'Ormeau à Tarbes multiplient depuis un mois les opérations coups de poing pour une revalorisation salariale, un bras de fer qui commence à affecter l'accueil des patients.

"On ne lâche rien, on n'est pas fatigués", confie Joëlle Ducos, psychologue en grève. "Nous sommes maltraités dans notre institution", explique cette cadre, parlant de "détresse" dans le milieu déjà "violent" de la santé, où "notre champ de bataille, c'est la mort".

A la clinique de L'Ormeau, le mouvement dure depuis le 8 novembre, touchant entre 45 et 60% du personnel soignant selon les sources. Et un mois, jour pour jour, après ses débuts, les négociations étaient dans l'impasse jeudi entre les grévistes et le groupe Médipole partenaires, qui contrôle l'établissement.

Témoins de l'enlisement du conflit, les banderoles ont fleuri aux fenêtres de la clinique, sur la façade mais aussi dans les couloirs du site principal qui abrite les urgences et les services administratifs.

"Ras la blouse", "Noël 2016: les salariés n'ont que les boules" ou encore "soignants maltraités, santé en danger", autant de slogans que le patient découvre à son arrivée dans la clinique de 300 lits et 500 emplois.

Depuis dimanche, des matelas jonchent le sol du hall d'accueil. Entre 25 et 40 personnes, selon la CGT, y dorment chaque nuit: "On a décidé d'investir la clinique, parce qu'on est chez nous, après tout", explique Isabelle Gérard, aide-soignante CGT. Certains ont muré des bureaux, à l'aide de parpaings et de ciment.

Les grévistes réclament une revalorisation salariale de 3% ainsi que le versement d'une prime annuelle de 1.600 euros. Ils dénoncent aussi "la dégradation constante des conditions de travail": manque de moyens et d'effectifs, affectations forcées.

Au service des soins palliatifs, où Joëlle Ducos exerce, "certains soignants sont arrivés en ayant peur, en pleurant, cela a provoqué un stress et des dysfonctionnements", témoigne la psychologue, qui avait "alerté" la direction dès l'été.

Les négociations, plusieurs fois interrompues, n'ont rien donné. Même sous l'égide de l'Agence régionale de la santé et de la préfecture des Hautes-Pyrénées.

"La négociation ne peut pas se faire sous la contrainte", explique-t-on à la direction. Les revendications des grévistes représenteraient selon elle une hausse de 9,2% de la masse salariale: "Quel hôpital public et quelle clinique privée peut accéder à cette demande?", dit-elle.

"Il y a des écarts de 300 euros par mois avec le secteur hospitalier", rétorque François Dousseau, secrétaire général de l'union départementale CGT.

Les grévistes, après avoir occupé l'aéroport de Tarbes-Lourdes occasionnant des retards d'avions, ont investi la fédération de l'hospitalisation privée à Toulouse, bloqué l'accès aux services administratifs de la clinique, et filtré l'entrée des urgences.

Une manifestation a dégénéré le 29 novembre quand deux protestataires disent avoir été blessés par le véhicule d'un médecin qui voulait forcer leur barrage filtrant. Ils ont porté plainte pour "violences volontaires", selon la CGT.

"Le conflit est très dur", abonde M. Dousseau de la CGT, et en raison du mouvement, "le fonctionnement de la clinique n'est pas satisfaisant, il y a un risque potentiel, la sagesse voudrait aller vers une fermeture administrative".

De fait, les praticiens non grévistes de la clinique déplorent "la tournure des évènements qui impactent la prise en charge des patients".

"Plus de 1.500 d'entre eux n'ont pu être soignés, 600 sont en attente de diagnostic" depuis le début du mouvement, estiment-ils dans un communiqué, parlant de "retards de traitement" et de "drames humains". Une situation que la direction qualifie d'"intolérable"

 

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