A Saint-Denis, les catholiques fêtent Pâques sans inquiétude

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 mars 2016 - 20:36
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Basilique Saint-Denis intérieur
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©François Guillot/AFP
Les fidèles catholique de Saint-Denis refusent de se laisser envahir par la crainte et fêtent Pâques sans inquiétude.
©François Guillot/AFP
Malgré les récents attentats de Paris et de Bruxelles, les fidèles catholique de Saint-Denis refusent de se laisser envahir par la crainte et fêtent Pâques sans inquiétude.

Plutôt "la joie" que "la peur": les catholiques venus célébrer Pâques à la basilique de Saint-Denis ont voulu ne pas se laisser envahir par la crainte face aux menaces terroristes, rappelées cette semaine par les attentats de Bruxelles.

"Les attentats ? On le vit comme un impondérable: on n'y pense pas plus que ça, sinon on ne viendrait pas", affirme à l'AFP un fidèle, Ghislain Nzamba. Samedi soir, dans cette banlieue au nord de Paris, ce sont en majorité des familles antillaises ou d'origine africaine qui sont venues participer à la "vigile" (veillée) pascale.

Dans leurs mémoires, le souvenir du projet d'attaque contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) en avril 2015 est désormais moins brûlant. Sous le porche de la nécropole des rois de France, ce père de famille est venu célébrer avec près de 500 autres fidèles la Résurrection de Jésus-Christ lors d'une veillée où sera baptisée sa fille de 17 ans avec 13 adultes de la ville.

Juste derrière lui, peu avant 21h, le parvis est quasi désert. Aucune patrouille de policiers ni de militaires ne s'y apercevra pendant les 2 heures et demie de la célébration. "A Noël et le jour de l'An, ils étaient visibles, surtout les militaires", s'étonne l'un des deux vigiles à l'entrée.

"Nous, on fait juste un contrôle visuel, on passe le détecteur de métaux, et on fait ouvrir sacs et manteaux mais sans fouiller: on n'est pas habilité à faire plus", explique ce salarié d'une société privée, présente depuis les attentats de janvier 2015 à la demande des autorités et aux frais de la paroisse.

Ce soir-là, il contrôle les passages avec sa collègue musulmane. Micheline se présente à lui, les bras écartés pour le contrôle: "Leur présence en rassure certains", dit-elle. Mais, pour son amie Béatrice, c'est une restriction des libertés "qui ne sert à rien". Au niveau national, "des mesures de vigilance particulières" ont été prises pour protéger les églises à l'occasion de Pâques, a souligné cette semaine le gouvernement.

Dans la nef, plongée dans l'obscurité, la veillée débute par la bénédiction du cierge pascal, dont la flamme se transmet ensuite à la bougie de chacun. "La +lumière qui brille dans les ténèbres+, c'est jamais aussi parlant que dans le contexte actuel", commente Capucine, une professeure d'université. "A Saint-Denis, on a eu à la fois les bombes et la planque des terroristes", rappelle-t-elle.

La ville a en effet été frappée par les kamikazes du 13 novembre aux abords du Stade de France et par l'assaut policier mené cinq jours plus tard rue du Corbillon contre le chef jihadiste Abdelhamid Abaaoud, qui s'était caché dans un logement à 400 mètres de la basilique. "Mais j'aime ma ville: il y a beaucoup, beaucoup de solidarité", insiste cette mère de trois enfants, dionysienne depuis 13 ans. Depuis les attentats, "on essaie de ne pas se replier", abonde Eric, informaticien, pour qui "la vie est plus forte" et a vite repris le dessus.

Pour Daniel, qui donne des cours d'alphabétisation aux migrants à Saint-Denis, les habitants, après une période d'inquiétude, "ont été repris par les problèmes du quotidien, parfois lourds: travail, logement..."

Même si les attaques à Bruxelles ont ravivé le souvenir de la menace, "on ne peut pas vivre dans la peur, alors que notre foi nous dit de vivre dans la joie", proclame Alexandre. Derrière sa poussette, le jeune papa relativise les risques: "Les chrétiens d'Orient sont bien plus menacés que nous par les organisateurs de ces attentats", le groupe jihadiste Etat islamique.

Avant la bénédiction finale, le curé prend le micro: "On a beaucoup prié pour la paix, on a besoin de la construire et on a aussi besoin d'hommes et de femmes qui nous aident à la vivre", lance-t-il, avant de préciser: "je veux parler de nos deux vigiles", très applaudis au terme d'une longue veillée.

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