Sans-abri en France : une part non négligeable a fait des études supérieures

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 septembre 2016 - 22:07
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©Kenzo Tribouillard/AFP
D'après l'étude de l'Insee, 143.000 personnes étaient sans domicile en France en 2012.
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Parmi les plus de 140.000 sans-abri qui vivaient en France en 2012, une part non négligeable a fait des études supérieures, selon une étude de l'Insee parue ce mercredi. Au total, 14% ont fait des études supérieures et 10% en sont sortis diplômés.

"Le diplôme ne protège pas systématiquement de la précarité": parmi les plus de 140.000 sans-abri qui vivaient en France en 2012, une part non négligeable a fait des études supérieures, souligne une étude de l'Insee parue ce mercredi 28. L'Insee et l'Ined ont réalisé une enquête sur la population sans domicile en 2012. Des chercheurs se sont intéressés aux adultes sans-abri francophones. Parmi eux, 14% ont fait des études supérieures et 10% en sont sortis diplômés.

S'ils constituent une minorité, "les diplômés du supérieur sans domicile existent et leur nombre est loin d'être négligeable", relèvent les auteurs de l'article, Philippe Cordazzo et Nicolas Sembel. S'ils connaissent des situations comparables aux sans-abri non diplômés, les diplômés du supérieur se distinguent sur certains points. Ils ont "un rapport à l'emploi un peu plus dynamique, un état de santé jugé (par eux) plus souvent comme +très bon+, une expérience plus tardive de la sans-domiciliation, et un soutien plus actif de leur réseau de sociabilité (amis, proches, voisins, famille)".

Deux profils se distinguent. D'un côté, des diplômés de l'enseignement supérieur français, "plus souvent des hommes, plus âgés, plus seuls, un peu plus souvent issus de classes sociales défavorisées, un peu moins parisiens". De l'autre côté, des diplômés de l'enseignement supérieur étranger "plus souvent femmes, âgées entre 30 et 49 ans, voire moins de 30 ans, avec enfant (s) (le plus souvent en couple mais aussi seules), un peu plus souvent issues de classes moyennes".

"Leur sans-domiciliation est révélatrice d'une trajectoire de déclassement de diplômés nés à l'étranger et dont les conditions de vie suite à leur arrivée en France ont conduit à la pauvreté, faute de valorisation de leur diplôme, d'obtention d'un diplôme français ou d'une équivalence et, souvent, (à cause) de discrimination", notent les auteurs. Ils estiment que près de 15% des sans-abri ayant fait des études supérieures ont connu une première situation de sans-domiciliation au cours de leurs études.

D'après l'étude de l'Insee, 143.000 personnes étaient sans domicile en France en 2012, soit une augmentation de plus de 50% en onze ans. Entre 2001, date de l'étude précédente, et 2012, les SDF nés à l'étranger, venant pour beaucoup des anciennes colonies françaises, sont nettement plus nombreux. Les SDF dans leur ensemble étaient âgés de 39 ans en moyenne, un sur dix ayant 60 ans et plus.

Dans les agglomérations de 20.000 habitants ou plus, vivaient 82.000 adultes sans domicile, accompagnés de plus de 30.000 enfants. En onze ans, le nombre de sans-abri dans ces villes a progressé de 58%, et la progression du nombre d'enfants a été plus rapide que celle du nombre d'adultes (respectivement 85% et 49%). Un quart des SDF de moins de 65 ans travaillent. Un sur deux se dit chômeur, et un sur dix n'est pas autorisé à travailler (demandeur d'asile ou en congé maladie de plus de trois mois). Le revenu de solidarité active (RSA) est la ressource la plus souvent perçue.

Des chercheurs ont aussi constaté que 23% des utilisateurs de services d'aide (hébergement temporaire et restauration gratuite) nés en France ont été placés en famille d'accueil ou en foyer dans leur enfance, alors qu'en France, la proportion de personnes placées durant leur enfance n'est que de 2 à 3%. Parmi les utilisateurs des services d'aide, ceux qui ont connu le placement sont 36% à déclarer un état de santé mauvais ou très mauvais, soit deux fois plus que ceux qui n'ont pas connu cette situation, et ce mauvais état de santé remonte plus fréquemment à l'enfance que pour les autres.

 

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