Syrie : du gaz sarin utilisé à Al-Lataminah, cinq jours avant l'attaque meurtrière de Khan Cheikhoun
Selon un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), dévoilé ce mercredi 4, du gaz sarin a été utilisé dans la localité d'Al-Lataminah au nord-ouest de la Syrie, cinq jours avant l'attaque meurtrière de Khan Cheikhoun, le 4 avril dernier, qui a fait plus de 80 morts. "L'analyse des échantillons collectés (par l'OIAC) se rapporte à un autre événement survenu dans la partie nord de la Syrie le 30 mars de cette année", a déclaré le directeur général de l'OIAC Ahmet Üzümcü.
"Nous ne savons pas grand-chose pour le moment. On rapporte que cinquante personnes ont été blessées. On ne fait pas état de morts", a-t-il expliqué. La mission d'enquête de l'OIAC a récupéré des échantillons de sol, des vêtements et des éléments métalliques "qui ont été envoyés à nos laboratoires et nous avons reçu les résultats voici quelques jours". Et de conclure: "Il est inquiétant qu'il y ait eu une utilisation ou exposition au sarin avant même l'incident du 4 avril".
L'attaque chimique a été menée avec un gaz neurotoxique de type sarin dont les effets sont dévastateurs sur le corps humain. Même s'il n'est pas inhalé, le simple contact avec la peau de ce gaz organophosphoré bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire après des souffrances importantes. La dose létale est d'un demi-milligramme pour un adulte.
Des victimes secouées de spasmes et de convulsions, des adultes et des enfants aux yeux exorbités et à la bouche écumante: les images du bombardement à l'arme chimique à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, bastion des insurgés, dans le nord-ouest de la Syrie étaient insoutenables.
Un rapport de ses services de renseignement dévoilé fin avril, pointait du doigt le régime de Bachar al-Assad comme responsable de ce crime de guerre. Le document étudiait trois aspects-clés de l'attaque de Khan Cheikhoun: la nature du produit, le procédé de fabrication et son mode de dispersion. Paris, à l'instar de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, de la Turquie, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, a conclu à l'utilisation de sarin à Khan Cheikhoun.
Mais c'est surtout le procédé de fabrication du gaz qui permet à la France d'incriminer le régime de Damas. Le sarin prélevé à Khan Cheikhoun a été comparé avec des prélèvements réalisés par la France après une attaque de 2013 imputée au régime et perpétrée à Saraqeb (nord-ouest).
La France avait récupéré une munition non explosée et en avait analysé le contenu. "Nous sommes en mesure de confirmer que le sarin employé le 4 avril est le même sarin que celui qui a été employé dans une attaque intervenue à Saraqeb le 29 avril 2013", a déclaré Jean-Marc Ayrault.
Dans les deux cas, de l'hexamine, un stabilisant, a été retrouvé. "Ce procédé de fabrication est celui développé par le CERS au profit du régime syrien", indique le résumé du rapport. Le Centre de recherches et d'études scientifiques de Syrie (CERS) est dans le viseur des pays occidentaux.
Enfin, l'analyse du contexte militaire fait dire à la France que l'aviation du régime, et en particulier un chasseur bombardier Sukhoi 22 décollant de la base de Chayrat, a effectué des frappes aériennes sur la localité le 4 avril au matin. Seul le régime dispose de ces moyens aériens.
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