Toulouse : hommage à Rémi Fraisse, tué il y a deux ans, ce mercredi

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 octobre 2016 - 15:36
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Des messages de à la mémoire de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens.
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©Regis Duvignau/Reuters
Rémi Fraisse avait succombé à l'explosion d'une grenade offensive tirée par un gendarme.
©Regis Duvignau/Reuters
Un hommage doit avoir lieu ce mercredi soir à Toulouse au jeune écologiste Rémi Fraisse, tué il y a deux ans par une grenade des gendarmes alors qu'il manifestait contre le barrage de Sivens dans le Tarn. Si les organisateurs appellent à une "grande manifestation unitaire, apaisée et résolue", plusieurs rassemblements similaires ont par le passé dégénéré en heurts dans la ville rose.

Un hommage est rendu ce mercredi 26 à Toulouse, dans un contexte tendu, au jeune écologiste Rémi Fraisse, tué il y a deux ans par une grenade des gendarmes lors d'affrontements sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn). Quelques heures après la manifestation nationale de policiers, un rassemblement à l'appel d'un groupement de zadistes doit se tenir à 18h30 devant le Monument aux morts de Toulouse, choix très symbolique, avant une marche jusqu'au Capitole, en plein centre-ville. Les organisateurs appellent à une "grande manifestation unitaire, apaisée et résolue" mais plusieurs rassemblements similaires ont par le passé dégénéré en heurts à Toulouse.

Dimanche dernier, des empoignades avaient eu lieu et des insultes avaient été échangées à Sivens, sur le site même de la retenue d'eau contestée, entre des partisans du projet et un petit rassemblement de 75 personnes venues rendre hommage à Rémi Fraisse. Trois jeunes opposantes, dont une a porté plainte, ont affirmé avoir été blessées à coups de couteau par un militant pro-barrage lors de cette commémoration. D'autres rassemblements et hommages sont prévus ailleurs en France.

Rémi Fraisse, botaniste de 21 ans, avait trouvé la mort lors de violents affrontements le 26 octobre 2014 sur le site du chantier de Sivens. Le jeune homme, décrit comme un pacifiste par son entourage, avait succombé à l'explosion d'une grenade offensive tirée par un gendarme. Ce décès avait créé une vive émotion en France et provoqué la suspension du projet. Deux ans plus tard, l'enquête judiciaire sur la mort du jeune homme est toujours en cours et a permis l'audition de plusieurs gendarmes, dont des responsables, selon des sources proches du dossier. La défense de la famille de Rémi Fraisse n'a eu de cesse d'exiger que la hiérarchie soit auditionnée.

Le 18 mars 2016, le gendarme qui a tiré la grenade offensive présumée responsable de la mort de Rémi Fraisse a été placé à Toulouse sous le statut de témoin assisté, ce qui écarte en l'état son renvoi devant un tribunal. Les juges devraient en effet modifier le statut du gendarme, et le mettre en examen, s'ils veulent le renvoyer devant la justice. "La suite logique est qu'il bénéficie d'un non-lieu", avait alors déclaré son avocat, Jean Tamalet.

Le gendarme a déjà été blanchi dans un rapport de l'Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) rendu en décembre 2014, qui avait estimé que les avertissements nécessaires avaient été effectués avant le lancer d'une grenade offensive. Les forces de l'ordre se trouvaient alors face à "cinq opposants agressifs qui (jetaient) constamment toutes sortes de projectiles", selon le compte-rendu de la gendarmerie peu après les faits. Quant au projet de barrage, il a été définitivement abandonné mais une version "light" est à l'étude: réduite de moitié, elle devrait se situer à une distance maximale de 330 mètres en amont, mais possiblement plus près. Le projet originel, d'une surface équivalente à l'Esplanade des Invalides à Paris, a suscité des années de controverse.

Déclaré d'utilité publique en octobre 2013 en dépit de trois avis défavorables de conseils scientifiques, le barrage avait provoqué la création d'une "zone à défendre" (Zad) sur le site du futur chantier avant l'évacuation manu militari d'une quarantaine de zadistes par les forces de l'ordre le 6 mars 2015. Le 1er juillet 2016, le tribunal administratif de Toulouse annulait la déclaration d'utilité publique, une victoire a posteriori pour les opposants qui les a confortés dans leur sentiment que le projet était bien "illégal".

Le "surdimensionnement" du projet, ainsi que son "coût élevé" et ses "atteintes graves" à l'environnement "excèdent l'intérêt de l'opération", avait estimé le tribunal. Le nouveau chantier doit cette fois-ci se faire dans le cadre d'un "projet de territoire", obligation fixée par la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal. Mais le processus piétine tant il est difficile de réunir opposants et partisans à une même table.

 

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