Trente ans requis contre un jardinier accusé d'avoir tué son ex-maîtresse

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 30 mai 2016 - 22:22
Le corps de la victime n'a jamais été retrouvé.
Évoquant une "avalanche de preuves", le ministère public a requis trente ans de prison ce lundi contre un jardinier accusé d'avoir tué son ex-maîtresse, une Anglaise disparue en 2012 dans l'Aveyron. Depuis le début de l'enquête, Jean-Louis Cayrou, 54 ans, clame son innocence. Ce week-end, il a été retrouvé dans cellule avec de légères traces de mutilation.

Le ministère public a requis 30 ans de réclusion criminelle ce lundi 30 à l'encontre d'un jardinier accusé d'avoir tué son ex-maîtresse anglaise, Patricia Wilson, disparue en 2012 en Aveyron, évoquant une "avalanche de preuves" que la défense s'est attachée à mettre en doute. Le verdict, initialement prévu pour mardi 31, devrait être annoncé ce lundi dans la soirée. Patricia Wilson, 58 ans, a été vue pour la dernière fois le 17 août 2012, à son domicile près de Vabre-Tizac, au retour d'un voyage en Angleterre. Sur les lieux, ses vêtements et d'abondantes traces de sang. La quinquagénaire, quant à elle, n'a jamais été retrouvée. Depuis le début de l'enquête, et tout au long des six jours du procès, Jean-Louis Cayrou, 54 ans, qui a été le jardinier et l'amant de Mme Wilson, clame son innocence, reconnaissant qu'il s'était bien rendu chez la disparue ce soir-là mais avait trouvé les lieux en l'état.

Retrouvé samedi 28 dans sa cellule avec des traces de mutilation très légères qu'il s'était infligées, il a finalement été jugé "apte à comparaître" lundi matin par la cour. "Mourir ou vivre, qu'importe, j'ai tout perdu", a-t-il déclaré avant la levée des débats. "Je suis innocent, Patricia, je l'aimais", a-t-il répété, demandant au jury de lui "rendre [sa] liberté et [son] honneur". "Nous n'avons pas besoin de ses aveux", a lancé l'avocate générale Manon Brignol. "Tout est parfaitement limpide, à part, c'est vrai, une chose sur laquelle vous avez réussi, c'est de cacher le corps de Patricia Wilson." Brossant le portrait d'un homme "jaloux" et "diabolique", Mme Brignol a estimé que M. Cayrou n'avait pas supporté la rupture décidée par Mme Wilson peu de temps avant.

"Oui, Jean-Louis Cayrou est l'assassin de Patricia Wilson", a-t-elle martelé, évoquant des traces de sang de la victime dans la voiture de l'accusé, les relevés téléphoniques montrant des appels répétés peu de temps avant la disparition, les témoignages de proches de la disparue et les "incohérences, mensonges et versions évolutives" de l'accusé. "C'est une avalanche de preuves qu'il y a contre vous", avait déclaré plus tôt, dans sa plaidoirie, l'avocate des parties civiles, Me Maryse Péchevis, une expression reprise à son compte par l'avocate générale. Évoquant la "difficulté" d'un deuil sans corps pour la famille, Me Péchevis a dénoncé les "techniques sordides" de la défense, qui avait émis des doutes sur le rôle du compagnon de la disparue, Donald Marcus, dont l'enquête a déterminé qu'il était en Angleterre au moment des faits. M. Cayrou "ne veut pas faire face à la réalité, aux éléments du dossier", a-t-elle poursuivi. "J'avais espoir qu'il finisse par craquer, dire ce que nous attendons tous, où est le corps de Patricia. Je pense qu'on le trouvera un jour."

"J'ai honte", a répliqué l'avocat de la défense, Me Jacques Lévy. "Jamais je n'ai vu un dossier traité avec une telle partialité depuis le début", s'est-il indigné, critiquant une instruction menée dans des "conditions scandaleuses". M. Cayrou "a un défaut: il n'est pas courageux, il n'a pas fait face, et toute l'affaire part de là", a déclaré l'avocat, affirmant que la nationalité de Mme Wilson imposait de trouver un "coupable" pour la justice française.

Le sang de la victime dans la voiture de l'accusé ? Seulement "des traces" incompatibles, selon Me Lévy, avec "un corps ensanglanté". Les aveux rapportés par des codétenus? "Deux truands notoires" à la "morale" soudain "froissée", a-t-il ironisé. Un cambriolage de la maison, peu de temps après les faits? "Tout le monde s'en fout, ça n'intéresse personne", selon l'avocat. "Je ne peux pas croire que vous puissiez fonder une condamnation à 30 ans sur des éléments aussi légers", a-t-il plaidé. "Si vous l'acquittez, vous rendrez la justice, parce qu'il n'y a pas assez d'éléments de preuve dans ce dossier."

 

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