Un commissaire de la DGSI jugé pour avoir giflé une avocate dans l'exercice de ses fonctions

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 29 juin 2016 - 18:09
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Au procès.
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©Fayolle Pascal/Sipa
Le jugement sera rendu le 6 septembre.
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Un commissaire de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été jugé mardi pour avoir giflé une avocate dans l'exercice de ses fonctions, accusation qu'il dément depuis deux ans. Le procureur a requis contre lui deux mois de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende.

Deux ans après les faits, l'émoi est toujours aussi vif dans le petit monde des avocats. Mardi 28, ils étaient nombreux à exprimer leur indignation devant le tribunal de Nanterre, où se tenait le procès pour "violence" d'un commissaire de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) jugé pour avoir giflé une avocate pourtant réputée pour son calme et sa discrétion. Le procureur, qui se serait bien passé de ce scandale symbolique de "violences volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique sur un avocat dans l’exercice de ses fonctions" a requis deux mois de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende contre le prévenu. Le jugement sera rendu le 6 septembre.

L'altercation a eu lieu le 1er avril 2014. Accompagné d'une avocate désignée par le barreau, un suspect présenté comme le facilitateur du Hezbollah en France est interrogé dans les sous-sols de la DGSI à Levallois-Perret pour ses liens supposés avec l'auteur d'un attentat en Bulgarie. L'homme refuse de parler. Exaspérés, les policiers préviennent leur chef: ils n'arrivent à rien. Le commissaire débarque et décide de prendre les choses en main. A peine arrivé, il conduit le suspect et son avocate dans une salle à part, une initiative qui sort de toutes les règles de procédure, fera valoir l'accusation. Le ton monte. A cause de l'avocate "cassante et méprisante", justifiera plus tard le commissaire. "J'ai été constamment interrompu, je n'arrivais pas à parler à son client. J'ai fini par partir", racontera-t-il à la barre mardi. La vidéosurveillance de la DGSI montre l'homme de 58 ans très énervé dans le couloir. "Quand je l'ai entendu dire qu'il n'avait rien à reprocher à mon client, j'ai relevé qu'il ne pouvait donc pas y avoir de garde à vue et annoncé que je le consignerai dans une note... C'est cela qui a déclenché sa fureur. Il m'a mis une gifle et traitée de petite conne", explique à son tour l'avocate, qui, soutenue par le témoignage du gardé à vue, ne tarde pas à porter plainte.

Depuis deux ans, le commissaire nie les faits dont on l'accuse, inlassablement. "Ça fait deux ans que je suis en butte à ses élucubrations", s'insurge-t-il devant le tribunal correctionnel.  En "l'absence d'éléments matériels",  impossible de condamner l'homme, "un des plus grands flics de France", renchérit son avocat Thibault de Montbrial. De son côté, l'avocate, qui préfère garder l'anonymat, explique à Libération être "gênée de se retrouver au centre d’un événement pareil (qui) jette le discrédit sur toutes nos fonctions". Car l'histoire, aussi embarrassante pour l'accusation que la défense, n'aurait pas pris cette tournure judiciaire si le policier avait eu l'humilité de s'excuser, assure le conseil de la partie civile, Jean-Yves Liénard. Et de conclure: "Il est regrettable de ne pas avoir eu le courage de dire: +J’ai perdu mes nerfs, j’ai eu une, deux, dix secondes de faiblesse+. Le policier ne s’est pas appartenu pendant quelques secondes. Nous sommes tous faibles un jour". 

 

 

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