La revue d’actu de France-Soir : du 29 mai au 2 juin

Auteur(s)
Wolf Wagner, pour France-Soir
Publié le 04 juin 2023 - 08:00
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Hyènes
Crédits
Michel-Ange Flori
Nouvelle affiche de Michel-Ange Flori, caricaturant la manière de gouverner de la Macronie...
Michel-Ange Flori

La revue d’actu de France-Soir est une revue de presse hebdomadaire articulée autour de l’actualité politique, économique et médiatique, tant française qu’internationale. Sans pour autant chercher à les ignorer, cette rubrique n’a pas vocation à s’attarder sur les sujets les plus discutés de la semaine. Elle s’attache plutôt à revenir – avec un regard gentiment acerbe – sur des nouvelles parfois passées inaperçues au milieu de l’intense flux d’informations hebdomadaires.

RDA#1 - Au programme de la "RDA" de France-Soir cette semaine : identité numérique, fraude sociale, censure, totalitarisme, Balkans et Sénégal, restriction écologique, Yvan Colonna, Julien Pain, Bruno Le Maire… ou encore Boris Johnson, le cousin breton d’Ursula von der Leyen !

FRANCE

Lundi, sur France-Info, Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications, avertissait Twitter que le réseau social devrait "se conformer d'ici le 25 août aux règles européennes nouvelles (…), sinon il ne sera plus le bienvenu en Europe et force restera à la loi". L’idée du ministre étant d’imposer une "obligation impérieuse : celle de lutter activement contre la désinformation".

Si, dans l’ensemble, ces déclarations ont été plutôt bien relayées par la presse française, une nouvelle est, elle, passée beaucoup plus inaperçue. Lors de cet entretien, Jean-Noël Barrot en a aussi profité pour annoncer la mise en place d’un nouveau "passeport numériquepour les élèves de 6e "dès la rentrée prochaine", afin de "les éduquer aux risques et aux bonnes attitudes à adopter en ligne lorsque l'on est témoin ou victime de cyberharcèlement".

En parallèle, le même jour, Gabriel Attal s’exprimait dans les colonnes du Parisien pour souligner son souhait de voir la carte Vitale et la carte d’identité fusionner de manière à lutter contre la "fraude sociale". Soit la fraude aux allocations sociales attribuée - à tort - aux plus précaires.

En effet, le lendemain, mardi, sur Twitter, Nicolas Framont, le rédacteur en chef de Frustration, rappelait que "80% de la fraude aux prestations sociales est le fait des professionnels de santé, [comme le] dit la Cour des comptes. 80% ! Et pourtant c'est la mère célibataire au RSA qui est systématiquement pointée du doigt et jamais le médecin bien né qui fraude la sécu".

De son côté, Alexis Poulin, journaliste au Monde moderne, regrettait surtout l’absence de réaction de la population face à ce qu’il estime être une montée en force du totalitarisme : "Gabriel Attal (…) décide de lutter contre la fraude sociale (…) [avec ce] qui permettra une sorte de crédit social… avec la monnaie numérique évidemment. Mais tout ça, (…) tout le monde s’en fout !".

Un brin désespéré, Alexis Poulin poursuivait son observation : "Ce n'est pas pas fini… parce qu’on a l’UE qui est en train de mettre en place une loi (celle évoquée par Jean-Noël Barrot, ndla) de lutte contre les discours de haine et la désinformation en ligne… qui est en réalité une loi de censure pour faire taire tous ceux qui ne seront pas d’accord avec le parti unique ! Voilà ! Si vous ne comprenez toujours pas où on est ou ce qu’il se passe… Bah je peux rien pour vous !".

Dans un autre registre, ce mardi,
France-Inter invitait Jean-Marc Jancovici, ingénieur, professeur à l'École des Mines, fondateur du cabinet de conseil Carbone 4 et président du think-tank The Shift Project. Au micro de Léa Salamé, il réitérait son souhait de voir un quota de vols en avion être imposé à chaque citoyen français… non pas chaque année, mais sur l’ensemble d’une vie. Avec quatre vols autorisés, en tout et pour tout, dont deux qui pourraient être effectués durant sa jeunesse.

Il est intéressant de noter que cette idée - mûrement réfléchie - ne définit pas le nombre d’avions autorisés à voler tous les ans, mais s’attache uniquement à octroyer un nombre maximum de vols autorisés dans la vie d’un individu. La nuance peut paraître mince, mais, à bien y regarder, elle est loin d’être anodine.

Visiblement, entre cause et conséquence, le cœur de l’ingénieur balance sensiblement.

Toujours ce même mardi, dans un rapport de plus de deux cent pages, la Commission d’enquête sur la mort d’Yvan Colonna (assassiné dans des circonstances encore non élucidées par un codétenu le 2 mars 2022 à la prison d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône) révélait quelques éléments particulièrement gratinés.

En effet, selon France 3-Corse, "des préfets en activités se seraient félicités dans des échanges privés du décès du détenu corse", avant que France 3 ne décide d’en publier une partie : "Tout cela milite pour (…) le rétablissement de la peine de mort, l’autre détenu n’a fait que ce que l’État aurait dû faire à l’époque", aurait ainsi déclaré l’un des préfets. En guise de dessert, France 3-Corse nous apprenait également que, lors de ces échanges, l’ancien Premier ministre Jean Castex, "dont l'action est lourdement critiquée par les deux correspondants", se voyait fréquemment surnommé "Fernandel".

La France sous Macron, un vrai vaudeville... sanguinaire.

Jeudi, Le Parisien revenait sur la volonté de Gabriel Attal de voir carte d’identité et carte Vitale être couplées. Le quotidien mettait en lumière un "courrier de l’Assurance maladie datant du 3 avril (…) [qui] montre que celle-ci n’est pas favorable au projet, estimant qu’il ne paraît répondre 'à aucun besoin'. La "plus-value en matière de lutte contre la fraude reste entièrement à démontrer", puisque 'les montants de fraude susceptibles d’être liés à une utilisation frauduleuse de la carte Vitale sont minimes'".

À ce stade de la démonstration, il est envisageable qu’Alexis Poulin ne puisse définitivement plus rien pour quiconque.

Le même jour, Anonyme Citoyen, un compte Telegram populaire traitant de l’activité sociale en France et dans le monde, relevait qu’une proposition de loi venait d’être déposée, puis adoptée, en Commission des lois du Sénat, avec pour objet d’inscrire de manière pérenne dans le droit (pour certaines situations du quotidien) la captation et l’utilisation d’images enregistrées à l’aide de drones.

Déjà largement répandue dans l’usage du maintien de l’ordre et appelée à se généraliser d’ici aux Jeux Olympiques 2024, la vidéosurveillance algorithmique et biométrique à la chinoise devient, chaque jour qui passe, de plus en plus française.

"Tous filmés, tous protégés", la nouvelle doctrine d’un pouvoir soucieux de préserver sa sécurité ?

Vendredi, Le Point rapportait que le 14 avril, lorsque le Conseil constitutionnel débattait du bien-fondé de valider, ou non, la loi sur la réforme des retraites, un impondérable serait survenu. Sur les neuf membres du Conseil constitutionnel - dont sept ont été nommés soit par Emmanuel Macron, soit par Gérard Larcher - si huit Sages sont rapidement tombés d’accord pour valider la constitutionnalité de la loi, Laurent Fabius, le président de l’institution, aurait, lui, préféré présenter ses réserves… ce qui n’aurait pas du tout plu au chef de l'État. Selon Le Point, "à l'Élysée, le président, qui jouait rien de moins que la suite de son quinquennat sur cette décision, s'est bien sûr tenu informé des échanges secrets des Sages. Et la position solitaire de Laurent Fabius lui serait bien vite revenue aux oreilles. 'Macron le sait, et il est fou de rage ! Il considère que c'est une agression délibérée', souffle un compagnon de route. La censure aurait constitué, pour l'exécutif, une gifle magistrale, une marque d'infamie, un brevet en amateurisme. Est-ce pour cette raison que Macron a promulgué si vite la loi réformant les retraites, à la surprise générale, dans la nuit du 14 au 15 avril, alors qu'il disposait de quinze jours pour le faire ?" (ndla : la loi n’a pas été promulguée dans la nuit du 14 au 15, mais la veille, le 14).

En définitive, cette "fronde" de Laurent Fabius a provoqué une véritable tempête… dans un verre d’eau au sein d’un Conseil constitutionnel tellement habitué à se tenir sage.


MONDE

Lundi, de violents affrontements ont éclaté entre, d’un côté, Serbes du Kosovo et, de l’autre, la police (albanaise) kosovarde accompagnée de membres de la KFOR, la force de sécurité de l’OTAN déployée pour « sécuriser » la région. Quelques heures plus tard, dans un communiqué, l’OTAN dénonçait une « attaque » sur ses soldats qui, selon Euronews, aurait engendré "25 blessés" dans ses rangs.

Du côté des civils, le média Intellinews, qui s’appuie sur différentes sources internationales et locales, rapportait (en anglais. Traduction en français via Google) que le directeur de l’hôpital du coin dénombrait divers types de blessures sur "50 citoyens attaqués à Zvecan", dont deux qui auraient été blessés "par armes à feu". Toujours selon Intellinews, la situation se serait tendue depuis quelques jours dans cette région autonome des Balkans (non-reconnue par la Serbie) en raison de la récente élection de maires albanais dans des municipalités à majorité serbe.

Les Balkans, l’éternelle poudrière de l’Europe.

Dans la nuit de mardi à mercredi, The Times révélait que le cabinet du Premier ministre britannique refusait de divulguer les messages WhatsApp échangés durant la crise sanitaire entre Boris Johnson et ses différents collaborateurs… alors même que l’intéressé avait précédemment assuré qu’il serait heureux de les rendre publics.

Quand Boris marche ainsi dans les pas d’Ursula, c’est un peu comme si le cœur du Brexit s'arrêtait de battre.

Jeudi, 20 Minutes rapportait que de "violents heurts" avaient enflammé le Sénégal… l’un des derniers bastions de la Françafrique. La raison ? La condamnation à deux ans de prison ferme de Ousmane Sonko, le principal opposant à Macky Sall, l’indéboulonnable président sénégalais. Sur Telegram, le compte Anonyme Citoyen montrait que la situation sur place était particulièrement tendue, tandis que Le Monde dénombrait au moins neuf morts chez les manifestants. Juan Branco, l’avocat de Ousmane Sonko présent sur place, s’est ensuite fendu d’un tweet pour avertir qu’internet venait d’être coupé dans le pays.

Une information confirmée par NetBlocks, qui précise que cette action "limite considérablement la faculté du public de communiquer". Un peu plus tard, Juan Branco se demandait si, à tout hasard, "la coupure des connexions internet par Orange sur l'ensemble du territoire sénégalais [avait] été décidée après consultation des autorités françaises". Puis, telle une cerise sur le gâteau, l’avocat français partageait ensuite trois vidéos surréalistes semblant montrer les forces de sécurité sénégalaises utiliser des manifestants comme... boucliers humains.

Bientôt la BRAV-M en stage de formation au Sénégal ?
 

ÉCONOMIE

Lundi, Le Monde révélait que Kering, une des sociétés de François-Henri Pinault, aurait "versé au moins 200 millions d’euros de rémunération à ses cadres par l’intermédiaire de filiales offshore".

En France, de la fraude sociale à l’optimisation fiscale, il existe une vraie différence : le nombre de zéros.

Le même jour, BFMTV observait que le marché de l’immobiliser connaissait une crise sans précédent depuis 2008. Au menu : hausse des taux d’intérêts, hausse des coûts de construction, baisse des ventes de maisons individuelles, mais aussi de nombreuses faillites d’agences et de promoteurs immobiliers. Véronique Bédague, PDG de Nexity, expliquait à BFM que "les Français ont perdu entre 20 et 25% de pouvoir d’achat immobilier en une seule année. C’est énorme !".

De l’énorme à la norme.

Vendredi, à la suite de la décision de l’agence de notation Standard & Poor’s de maintenir la note française à "AA", Le Journal du Dimanche donnait la parole à Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie se félicitait de ce "signal positif" envoyé par l’agence américaine qui, selon lui, prouverait que sa "stratégie en matière de finances publiques est claire. Elle est ambitieuse. Et elle est crédible".

À défaut d’avoir réussi à "provoquer l’effondrement de l’économie russe", Bruno Le Maire aspire donc manifestement toujours à être crédible… comme jamais.


MÉDIAS

Du côté du petit monde médiatique Libération rapportait, lundi, que le Syndicat des Journalistes (SDJ) de France-Info se demandait si Patrick Cohen, l’actuel chroniqueur de l’émission C à Vous sur France 5, avait été écarté de la matinale de la radio parce qu’il était "trop bon" ou alors, comme le rapportait l’intéressé au Parisien, parce qu’il aurait été "victime d’une vendetta" de Laurence Bloch, la directrice des antennes de la station, qui n’aurait pas digéré le départ, en 2017, de Patrick don Vito Cohen du service public vers Europe 1, une radio concurrente et privée.

Mardi, Charlotte d’Ornellas, journaliste à Valeurs Actuelles, jetait un pavé dans la mare de CNews en déclarant (à partir de 1:10:46) que "depuis le début du Covid, je note une chose, c’est qu’il y a des questions qui sont obligatoires et d’autres qui sont interdites. (…) Des questions qu’on a pas le droit de poser sur des effets secondaires qu’on constate (…), il y a la question des myocardites pour les enfants. Il y a la question de tous ces jeunes sportifs qui font des arrêts cardiaques… On a des questions ! Or, on n’a même pas le droit de les poser !".

Conclusion : si pas de questions, pas de réponses.

Mercredi, sur Twitter, Julien Pain, le premier "fact-checker"  de l’Histoire de France, partageait une vidéo dans le but de comparer "les gens sur les réseaux" à un canard barbotant dans une fontaine avec le dos tourné... à quelques centimètres d'une chute d'eau. Selon Julien Pain, en refusant d’ouvrir les yeux, la population des réseaux sociaux serait, à l’image de ce volatile, incapable de prendre conscience de la menace du vide et du "danger que représente la vague d’intox qui nous arrive dessus".

Savoir voler de ses propres ailes est définitivement un concept trop complotiste pour le canard boiteux de la presse française.

Jeudi, L’informé révélait qu'Avisa Partners, la société accusée par le magazine Fakir et Mediapart d’engager des "journalistes fantômes au service des lobbys" (soit l’antithèse même de la fonction de journaliste), venait d’être choisie par l’UE pour l’aider à… lutter contre la désinformation !

Tout va bien dans Le Meilleur des mondes ! En plus d’Huxley, entre Orwell et Kafka, il faut donc à présent compter sur Avisa Partners.

Le même jour, Le Figaro révélait que Les Échos – le journal économique propriété du groupe LVMH détenu par Bernard Arnault, alias l’homme le plus riche du monde – entrait dans une période de grève de 24h.
Dans un communiqué du SDJ du journal, les membres de la rédaction dénonçait la manière d’opérer de "la direction du groupe Les Échos [qui] veut vider de sa substance le droit de veto des journalistes sur la nomination d'un directeur de la rédaction prévu dans l'accord d'indépendance". En jeu : le nombre et la qualité des votants. Le communiqué précise que "la direction présente une liste de votants dépassant largement le champ de la rédaction permanente des Échos (CDI, CDD, apprentis, pigistes réguliers), une liste qui comprend même des non-journalistes. [Or,] dans ce scrutin, les abstentions comptent en soutien du candidat de l'actionnaire".

En somme, chez Bernard Arnault, les absents ont toujours raison puisqu’ils sont toujours d’accord avec lui.


DIVERS

Mercredi, Michel-Ange Flori, le désormais célèbre afficheur du Var habitué à caricaturer sans retenue les figures de la macronie sur ses panneaux d’affichage, frappait une nouvelle fois sa cible préférée en publiant sa dernière création sur son compte Twitter (cf. photo d’illustration de l’article, ndla). On y voit deux hyènes avec le visage maculé de sang. Sous leurs têtes apparaissent les noms de "Macron" et de "Borne". L’os d’une proie qu’elles viennent de dévorer est visible sur le bas de l’image, tandis que l’affiche précise "[qu’]il y a encore de la viande sur l’os".

Matignon et l’Élysée auront sûrement apprécié… avant de s’attaquer à la moelle ?
 

  • Wolf Wagner, journaliste indépendant pour France-Soir #RDA

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