La Fondation Chirac alerte contre le trafic de faux médicaments

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RT
Publié le 15 septembre 2015 - 17:29
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Des médicaments en vrac.
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Plus de 50% des médicaments vendus sur des sites illicites de pharmacies seraient contrefaits (Image d'illustration).
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Afin de lutter contre le trafic "en croissance exponentielle" de faux médicaments dans le monde, la Fondation Chirac vient de lancer une campagne de sensibilisation intitulée "Le médicament de la rue tue". Cette dernière s'adresse au grand public mais surtout au public africain, l'Afrique étant le continent le plus touché par ce fléau.

Aujourd'hui, les produits les plus contrefaits dans le monde ne sont plus les cigarettes mais les médicaments. Afin de lutter contre ce phénomène "en croissance exponentielle" selon les termes de l'Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm), la Fondation Chirac vient de lancer pour deux mois dans les médias et sur les réseaux sociaux une campagne de sensibilisation intitulée "Le médicament de la rue tue". L'opération, relayée par une vingtaine d'artistes et financée par la Fondation EDF et la CFAO, qui distribue des produits pharmaceutiques notamment en Afrique, vise à alerter "le grand public, tout particulièrement africain" contre ce trafic responsable de la mort de près de 800.000 personnes chaque année, est-il expliqué sur le site de la fondation. 

"Particulièrement africain" car, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les faux médicaments, produits sans molécule active ou en quantité insuffisante, avec des impuretés, voire des substances toxiques, sont particulièrement vendus en Afrique. En effet, alors que"10% des médicaments dans le monde sont des contrefaçons", d'après Bernard Leroy, directeur de l'Iracm, en Afrique ce chiffre grimpe jusqu'à 70%. Ces médicaments trafiqués se vendent dans la rue et arrivent le plus souvent par containers des grands laboratoires clandestins de Chine et d'Inde.

Et en Afrique le trafic est d'autant plus dangereux qu'il cible surtout des médicaments vitaux comme "les antibiotiques, mais aussi les médicaments pour traiter le paludisme, la tuberculose ou le sida", explique Bernard Leroy à France 24, partenaire de l'opération "Le médicament de la rue tue". "En France, il s’agit plus de médicaments contre le trouble érectile, les amaigrissants ou les anabolisants", compare le scientifique. 

Grâce à un circuit de distribution restreint et contrôlé, les pharmacies françaises restent heureusement bien protégées, même si la menace se rapproche, rodant autour de nos frontières. En février 2014, dans le port du Havre, les douanes françaises ont notamment mis la main sur 2,4 millions de médicaments falsifiés, un record absolu à l'échelle européenne, note RFI, également partenaire de l'opération.  

Les consommateurs sont en revanche plus exposés quand ils achètent en ligne. En effet, selon LegitScript et la National Association of Boards of Pharmacy (NABP), deux acteurs privés américains de lutte contre ce commerce, 95% des pharmacies en ligne ne sont pas légales. Ainsi, sur les quelque 35.610 pharmacies en activité sur internet, entre 200 et 300 seulement sont légitimes (0,6%) tandis que 1.819 sont potentiellement légitimes (5,1%) et 33.579 sont illicites (94,3%). Et, selon l'Organisation mondiale (OMS), plus de 50% des médicaments vendus sur ces sites illicites seraient des faux.

En France, la vente de médicaments sur Internet a été autorisée en 2013 avec de fortes restrictions: le site doit émaner d'une officine identifiée et ne peut fournir que des produits sans ordonnance. Malgré tout, "les trafiquants sont capables de s'immiscer dans les transactions des sites licites et de substituer à ces derniers sans que l'internaute ne s'en rende compte", explique Bernard Leroy. Pour ce faire, il se servent de "cookies", ces petits fichiers qui conservent la mémoire des informations données par l'internaute quand il navigue sur Internet et lui proposent ensuite le produit qu'il recherche à prix cassé. Sauf qu'il s'agit d'une dangereuse contrefaçon.  

Pour lutter contre ce fléau grandissant, les industriels équipent depuis 2011 les boîtes destinées aux marchés français de codes-barres à deux dimensions permettant une meilleure traçabilité. Par ailleurs, en vertu de la directive européenne "Médicaments falsifiés" de 2011, les 28 États membres devraient bientôt se doter d'un système informatique mutualisé. Grâce à l'apposition d'un numéro unique sur chaque boîte de médicament, il devrait permettre de détecter immédiatement l'existence de doublons et donc de faux sur le continent. Au niveau mondial, la Convention Médicrime est rentrée en vigueur au mois de juin. Elaborée par le Conseil de l'Europe, elle instaure des peines spécifiques pour les contrefacteurs de médicaments.

 

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