Un collyre à base de lanostérol suffirait pour soigner la cataracte

Selon des travaux réalisés par des chercheurs chinois et publiés dans la revue "Nature", un simple collyre à base de lanostérol, une substance naturellement produite par l'oeil, pourrait permettre de traiter la cataracte, première cause de cécité dans le monde. Cette découverte pourrait, à terme, diminuer le nombre d'opérations chirurgicales de l'oeil.

Et si un simple collyre pouvait remplacer une chirurgie de l'œil chez les patients souffrant de cataracte? C'est ce qu'ont suggéré une équipe de chercheurs chinois dans une étude publiée mercredi 22 dans la célèbre revue scientifique Nature (en anglais).

Selon eux, un traitement à base de lanostérol, une substance naturellement produite par l'œil, pourrait "réduire la sévérité de la cataracte". Première cause de cécité dans le monde, cette maladie se manifeste par une opacification partielle ou totale de cristallin, soit la lentille qui transmet la lumière dans notre œil et la focalise sur la rétine, à partir de 65 ou 70 ans. 

Partant du principe que le lanostérol est capable de dissoudre les protéiques anormales au sein de cellules du cristallin, le professeur Kang Zhang et son équipe ont voulu évaluer son aptitude à bloquer le lent processus de dénaturation des cristallines et de formation d'agrégats qui apparaît quand se développe la cataracte. Ils ont donc mis au point un collyre à base de lanostérol et l'ont utilisé in vitro sur des cristallins de lapins ayant développé spontanément, et non pas génétiquement, une cataracte. Ils ont ensuite fait de même chez des chiens, également naturellement malades. Résultat: quelques semaines seulement après le traitement, l'opacité du cristallin des lapins et des chiens avait diminué.

Cette recherche pourrait déboucher sur "le premier traitement préventif de la cataracte chez l'homme", estime l'expert indépendant américain Fielding Hejtmancik, dans un commentaire séparé publié par Nature. Par ailleurs, ralentir et retarder de plusieurs années l'apparition de la cataracte permettrait de réduire fortement le recours à une opération chirurgicale de l'œil. A l'heure actuelle seule alternative pour soigner la maladie, cette opération consiste à retirer le cristallin opaque de l'oeil pour le remplacer par un artificiel. Et si ce processus est indolore et rapide (cela dure entre 10 et 30 minutes seulement), il présente toutefois des risques infectieux, explique Le Monde. 

En France, on estime à 600.000 le nombre d'opérations de la cataracte par an alors que ce trouble affecte plus de 20% de la population de plus de 65 ans. Dans le monde, 18 millions de personnes sont affectées par cette maladie, selon les dernières estimations de l'Organisation mondiale de la Santé. Et étant donné le vieillissement progressif de la population monadiale, cela ne devrait pas aller en s'améliorant...