ExoMars : le module Schiaparelli s'est probablement écrasé, mais l'ESA relativise


La théorie d'un "crash" sur Mars du module Schiaparelli devient ce jeudi 20 de plus en plus pertinente à mesure que les heures de silence s'écoulent. L'atterrisseur de la mission russo-européenne ExoMars n'a pas donné signe de vie depuis sa périlleuse décente sur la Planète rouge, mercredi.
L'Agence spatiale européenne (ESA), qui pilote l'opération en partenariat avec son homologue russe Roscomos, refusait toujours ce jeudi de parler trop vite de crash ou d'échec de la mission. D'autant plus que l'atterrissage de Schiaparelli ne représentait qu'un aspect de celle-ci. La mise en orbite de l'orbiteur TGO (Trace Gas Orbiter) qui avait transporté le module jusque-là s'est, elle, parfaitement déroulée. L'agence spatiale évoque ainsi, un "décodage des données en cours".
Selon l'ESA, les six premières minutes la descente de Schiaparelli "se sont pour l’essentiel bien déroulées, notamment la phase de décélération atmosphérique ainsi que le déploiement des parachutes et du bouclier thermique". Malheureusement, lorsqu'il s'agit de poser un engin largué depuis l'espace, le final reste le plus important.
Le premiers éléments montrant "des divergences par rapport au scénario de référence", ont été connus ce jeudi matin, lorsque TGO a pu relayer les signaux après sa propre mise en orbite. Ils laissent supposer que l'éjection du bouclier thermique et du parachute s'est produite trop tôt, et donc trop haut. Schiaparelli est doté de propulseurs qui devaient ralentir sa descente "mais ils se sont vraisemblablement éteints trop rapidement, à une altitude qui reste à déterminer", précise l'ESA.
En d'autres termes, le module aurait chuté depuis une altitude encore indéterminée, sans parachute et à peine ralenti par ses réacteurs, et n'a pas donné de signe de vie depuis. L'espoir que l'appareil soit encore en état est donc faible.
Toutefois, ce qui ressemble à un échec est à relativiser. D'une part parce que contrairement à un "rover" (robot mobile d'exploration) comme Curiosity, sur Mars depuis 2012, Schiaparelli n'était destiné à rester actif sur la planète qu'une dizaine de jours tout au plus. Son principal objectif était de tester les technologies nécessaires à un atterrissage sur Mars, en vue de l'arrivée d'un "rover" européen dans quatre ans. Un éventuel crash serait donc également une source d'informations.
"Les données que nous recevons nous permettent de comprendre parfaitement le déroulé des événements et les raisons qui ont contrecarré l’atterrissage en douceur", a même déclaré David Parker, Directeur Vols habités et Exploration robotique à l’ESA, allant jusqu'à dire que "du point de vue technique, nous avons obtenu exactement ce que nous attendions d’un test, c’est-à-dire de précieuses informations sur lesquelles travailler".
Mais surtout, "nous disposons depuis hier d’une formidable sonde en orbite martienne, prête à recueillir des données scientifiques et à relayer les données de la mission du rover ExoMars de 2020", a ajouté Jan Wörner, Directeur général de l’ESA.
Si elle était confirmée, la perte de Schiaparelli constituerait cependant un deuxième échec européen sur deux tentatives de poser un engin sur Mars, après le raté de l'atterrisseur britannique Beagle 2 en 2003.
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