Fabriquer de l'opium à partir de levure boulangère, c'est possible

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RT
Publié le 18 août 2015 - 18:09
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Levure de pain.
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©Frédéric Bisson/Flickr
Des scientifiques ont réussi à modifier génétiquement de la levure boulangère pour en faire un dérivé d'opiacé (photo d'illustration).
©Frédéric Bisson/Flickr
En cinq jours seulement, des scientifiques américains ont réussi à créer un dérivé d'opiacé à partir d'une levure boulangère. Si elle soulève de nombreuses questions inquiétantes, cette découverte ouvre néanmoins la voie à de nouvelles méthodes de production plus rapides et potentiellement moins coûteuses de médicaments dérivés de plantes.

Et si de la levure à l'opium, il n'y avait qu'un pas? Alors que les laboratoires pharmaceutiques mettent un an à transformer le pavot, cultivé légalement, en analgésiques, des chercheurs de l'Université de Standford (en Californie) ont réussi à réaliser un dérivé d'opiacé à partir de levure boulangère en cinq jours seulement.

En effet, comme l'explique l'étude parue jeudi 13 dans la revue Science, les chercheurs ont utilisé des fragments d'ADN provenant d'autres plantes, de bactéries et mêmes de rats, et les ont ensuite insérés dans une levure habituellement utilisée dans la fermentation du pain, du vin et de la bière pour produire les enzymes nécessaires aux cellules afin de convertir le sucre en un dérivé d'opiacé: de l'hydrocone.

"Les quantités produites sont encore minimes. Il faut 16.600 litres de levure traitée par cette technique de bio-ingénierie pour produire une seule dose d'hydrocodone", rappellent les chercheurs. "Mais l'expérience prouve qu'il est possible de manipuler génétiquement de la levure pour obtenir des médicaments dérivés de plantes", se réjouit Christina Smolke, professeur de bio-ingénierie à l'Université Stanford, qui a mené l'étude.

Cette dernière s'inscrit dans la lignée de précédents travaux réalisés sur le même type de sujets. Au mois de mai, des chercheurs de l'Université de Californie à Berkeley annonçaient notamment avoir réussi à avoir synthétisé de la morphine, également à partir de levure génétiquement modifiée.

Mais, si ces avancées constituent un progrès indéniable dans la prise en charge des douleurs, ouvrant la voie à de nouvelles méthodes de production plus rapides et potentiellement moins coûteuses de nombreux médicaments dérivés de plantes (morphine, codéine...), elles soulèvent également de nombreuses questions inquiétantes.

En effet, dans une tribune rédigée dans la revue Nature, de nombreux experts ont fait part de leur crainte que n'importe quel apprenti chimiste puisse produire ses propres opiacés et les revendre ensuite au marché noir. Ce à quoi Christian Smolke répond que le risque est faible, le procédé utilisé par son équipe étant "la bio-synthèse chimique la plus complexe jamais créée avec des levures".

Pour plus de sûreté, les experts réclament toutefois un renforcement de la sécurité des laboratoires et insistent également pour que les souches de levures génétiquement modifiées soient encadrées et conçues de façon à compliquer au maximum la tâche des trafiquants souhaitant s'en procurer.

Malgré tout,"cette technique, qui devrait permette de réduire les coûts de production, devrait surtout bénéficier aux pays les moins développés où, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, 5,5 milliards de personnes ont peu ou pas accès à ces antidouleurs", déclarent les scientifiques. 

 

 

 

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