Les applis de rencontres aussi partagent vos données avec  des dizaines de "tierces parties "

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France-Soir
Publié le 23 janvier 2020 - 13:01
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Des applications populaires de rencontres partagent avec des entreprises tierces des données personnelles, y compris l’orientation sexuelle des usagers
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Tumisu / Pixabay
Des applications populaires de rencontres partagent avec des entreprises tierces des données personnelles, y compris l’orientation sexuelle des usagers
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Que font les applications dont on attend sécurité, car elles manipulent des données personnelles sensibles, comme les sites de rencontre? Elles font comme toutes les autres applis: elles mouchardes sur tous nos faits et gestes. Voici pourquoi, et comment s'en protéger.

Le 14 janvier, l’entreprise de sécurité informatique  norvégienne  Forbrukerrådet a publié un rapport pour montrer que chaque fois que l’on utilise nos téléphones, un grand nombre d'entités inconnues des consommateurs reçoivent des données personnelles sur nos intérêts, nos habitudes et notre comportement.

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Discrimination, manipulation , exploitation… le côté caché du profilage

Vous pensez peut-être, si vous êtes végétarien, qu’il est préférable de ne pas recevoir de publicités pour de la charcuteries ou de la viande. Cela est possible, même sans demande de votre part, car les marques et les sites internet utilisent les informations collectées par les applications pour créer des profils complets des utilisateurs, pour personnaliser et cibler la publicité. On peut parfois profiter de ce ciblage, mais il peut aussi servir de base à des pratiques discriminatoires, de manipulation ou d’exploitation de l’utilisateur.

​Graves conséquences pour l'économie numérique

Les acteurs de secteur du marketing sont très divers et complexes, et nos données n’arrivent pas seulement dans les mains de marques ou de services qui nous intéressent. Elles sont accessibles à des opérateurs peu scrupuleux, comme des systèmes de fraude généralisée ou des systèmes de surveillance commerciale massifs qui utilisent nos données à des fins inconnues.
Selon le rapport, les consommateurs ne sont pas les seuls affectés par ces mauvaises pratiques. À long terme, ces problèmes contribuent également à l'érosion de la confiance dans l'industrie numérique, ce qui peut avoir de graves conséquences pour l'économie numérique.

Les applis partagent des données des utilisateurs avec d'autres entreprises, sans leur consentement

Dans la majorité des cas, l’utilisateur n’a pas pu donner un consentement éclairé sur l’utilisation que les applis font de leurs données. C’est pourtant un des principes du règlement de protection des données (RGPD), «protection des données par défaut». Une condition de ce principe implique que les paramètres de confidentialité doivent être présélectionnés sur la configuration la plus respectueuse de la vie privée.
Le rapport rappelle que “supposer que l'utilisateur a consenti au suivi parce qu'il n'a pas désactivé les paramètres de niveau système n'est pas conforme au RGPD.”

Grindr : une application très peu respectueuse de nos données

Les 10 applications dont les flux de données ont été analysés par le rapport sont les applications de rencontres Grindr, Happn, OkCupid et Tinder; les applications de suivi de fertilité / période Clue et MyDays; l’application de maquillage Perfect365; l’application religieuse musulmane: Qibla Finder; et l'application pour enfants: My Talking Tom 2; ainsi que  l'application clavier Wave Keyboard.
Grindr, l’application de rencontres destinée aux hommes serait parmis les applications les moins respectueuse de la vie privée de ses utilisateurs. Cette plateforme communique des données très précises, et particulièrement sensibles, car pouvant permettre des actions liées à la discrimination des personnes LGTB+. Le conseil norvégien des consommateurs a décidé d’attaquer l’entreprise en justice, pour multiples violations du règlement européen sur la protection des données (RGPD).

Les données sensibles (genre, orientation sexuelle, opinions religieuses), sont encore plus protégées dans la loi, car elles peuvent servir à discriminer certains groupes.

D’autres application de rencontre comme Tinder et OkCupid, qui fournissent également des données relatives à l’orientation sexuelle de leurs utilisateurs sont également signalées par ce rapport.

Mentir sur son âge pour se protéger des utilisations frauduleuses de données?

Selon les spécialistes en sécurité des données, si vous souhaitez continuer à utiliser ces applications de rencontre, il est possible de pratiquer l’obfuscation des données, en français, donner de fausses informations personnelles. Les universitaires Helen Nissenbaum et Finn Brunton, définissent l'obfuscation comme la pratique de «produire délibérément des informations ambiguës, désordonnées et fallacieuses, de les ajouter aux données existantes afin de perturber la surveillance et la collecte de données personnelles».

Il existe aussi des applications qui permettent de générer de fausses données GPS. Malheureusement, avec de fausses données, il est plus difficile de faire un match avec quelqu’un qui vous correspond. Cette technique est tout de même utile pour d’autres applications pour lesquelles des informations réelles ne sont pas vraiment nécessaires.

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