Lucy l'australopithèque serait morte en chutant d'un arbre de 12 mètres de haut
L'australopithèque Lucy serait morte en chutant d'un arbre de 12 mètres de haut. Telle est la conclusion à laquelle sont arrivés des chercheurs américains après avoir étudié les ossements de l'ancêtre au scanner.
En examinant les restes de Lucy, bipède et arboricole ayant vécu il y a 3,2 millions d'années, le chercheur John Kappelman de l'Université du Texas à Austin a découvert des fractures présentant des brisures aiguës, avec des esquilles d'os encore en place, notamment au niveau de l'humérus droit. "Ce genre de fracture de compression survient quand la main frappe le sol lors d’une chute, ce qui a un impact sur les éléments de l’épaule qui entrent en collision les uns avec les autres, et qui crée une signature unique sur l’humérus", explique le scientifique dans un article publié lundi 29 dans la revue Nature. Intrigué, il a ensuite consulté un chirurgien orthopédique texan en lui présentant un moulage en 3D de Lucy, à l'échelle humaine. Ce dernier a conclu à une fracture engendrée par l'extension du bras pour se protéger d'une chute d'une hauteur considérable. Plusieurs spécialistes ont ensuite découvert de nombreuses autres fractures sur le fossile, notamment au niveau de l'épaule gauche, de la cheville droite, du genou gauche, du bassin et d'une côte. Ces blessures n'étant pas attribuables à des coups de dents de carnivores ou à des remaniements des sédiments dans lesquels le fossile a été conservé, elles résulteraient donc d'une chute.
D'après les chercheurs, Lucy, qui se serait réfugiée en haut d'un arbre avec ses congénères afin d'échapper aux fauves, aurait chuté de plus de douze mètres, à une vitesse d'impact approchant les soixante kilomètres/heure. "La mort a suivi rapidement", explique John Kappelman, reconnaissant le caractère"ironique" du décès. Le cadavre aurait ensuite été préservé dans un cours d'eau en contrebas.
Découverte en 1974 par des chercheurs américains et français dans la région de l'Afar en Ethiopie, Lucy appartient à l'espèce Australopithecus afarensis. Son fossile est exceptionnellement complet: environ 40% de son squelette a été retrouvé. Mais jusque-là, les circonstances de sa mort étaient inconnues. Aujourd'hui, John Kappelman s'attend à ce que son étude fasse débat. Pour Tobias Gauss, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Beaujon (Clichy), cité par Le Monde, elle est "plausible". "Le nombre, la localisation et le caractère des fractures fait penser qu’elles étaient associées à des lésions d’organes responsables de sa mort", explique-t-il. En revanche, Donald Johanson, de l'Université d'Airzona, qui co-dirigeait la mission lors de la découverte de Lucy, refuse de croire que Lucy grimpait aux arbres. Si la plupart des scientifiques considèrent désormais Lucy comme une "très ancienne cousine", lui continue à la voir en elle notre ancêtre directe, rapportent le New York Times et le Washington Post.
Mais désormais chaque scientifique pourra se faire sa propre idée de la mort de Lucy. En effet, le Muséum national d'Ethiopie a récemment rendu disponibles les scans 3D de l'épaule et du genou de Lucy à travers le site e.Lucy.org. De quoi alimenter de nombreuses discussions pour bien longtemps encore, à la plus grande joie de John Kappelman.
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