Université numérique : la télésurveillance des examens, révolution de l’éducation ?

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FranceSoir
Publié le 12 mai 2020 - 12:18
Mis à jour le 13 mai 2020 - 09:15
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Université numérique: la télésurveillance des examens, révolution de l’éducation?
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Changbok Ko / Unsplash
L'Université de Rennes 1, évitera les évaluations telesurveillées pour privilégier des devoirs maison et des mémoires.
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Comme les travailleurs, les étudiants ont vu leur vie chamboulée par le confinement. Et de la même façon que les travailleurs peuvent désormais être “espionnés” par  leurs employeurs pour garantir l’hygiène au travail , les étudiants seront confrontés dans les semaines à venir au passage des examens de fin d'année à distance, avec la possibilité pour certaines universités de se tourner vers la télésurveillance pour éviter les triches.

En quoi consiste la télésurveillance des examens

À l’aide de la webcam de l'ordinateur de chaque étudiant, des surveillants auront accès à la vidéo en direct, permettant de vérifier que l'étudiant est bien lui-même devant son ordinateur, et non pas une autre personne, qui pourrait l’aider ou passer l’épreuve à sa place.
D'autres mécanismes de triche pourront être détectés, comme l'utilisation d'un second écran ou l’accès à des sites internets pour copier des réponses.
L'Université de Paris II Panthéon-Assas a même évoqué la possibilité d’utiliser la technologie d'eye-tracking sur les ordinateurs des étudiants pour pouvoir suivre leur regard sur leur écran, cela qui pourrait dévoiler la consultation de sites comme wikipedia ou autre pour ne jamais manquer d’inspiration dans leurs rédactions et dissertations.

Zoom a tout prévu pour donner un coup de main aux enseignants

 Dans le cadre de son utilisation par certains centres d’enseignement, et après avoir reçu leur autorisation, la plateforme ZOOM propose des fonctionnalités qui permettent de donner un accès partiel à l'ordinateur à un membre d’une visioconférence. Grâce au partage d'écran, on peut guider quelqu'un ou l’accompagner dans son utilisation de l’ordinateur, mais on peut aussi voir si d’autres applications sont ouvertes. De cette manière, si on reçoit une notification Facebook d’un ami pendant que la personne qui suit votre ordinateur est en train de regarder votre écran, le message peut-être lu par le surveillant. Cette application est également dans la ligne de mire des autorités, en raison des problèmes de protection de la vie privée des usagers.

L'Université de Rennes mise sur le travail à la maison pour remplacer la surveillance

Des déclarations de l'université de Rennes ont été reprises dans les médias pour illustrer les possibilités de la télésurveillance des examens. Les étudiants en droit de Rennes 1 ont finalement été soulagés par les clarifications du doyen de la faculté de droit et de science politique. Frédéric Lambert, a démenti que les examens s’effectuer en télésurveillance: “À aucun moment, la direction de la Faculté et ses instances délibératives n’ont pris la décision de recourir à ce type de dispositif” a t-il déclaré.
L'Université de Rennes 1, évitera les évaluations telesurveillées pour privilégier des devoirs maison et des mémoires. Des épreuves orales seront également organisées par visioconférences ou téléphone.
Concernant la modalité de surveillance sur ordinateur, elle pourrait être appliquée à 79 étudiants volontaires sur les 30 000 que compte Rennes 1.  C’est un petit pourcentage d'étudiants qui passent leurs examens à distance, qui souhaitaient utiliser cette option de surveillance numérique. Cependant, rien est encore décidé sur cette démarche.
Si les étudiants ne souhaitent pas passer les examens de cette façon, ils pourront basculer sur les épreuves en présentiel au mois de septembre. L’université a la volonté de s’adapter aux souhaits des étudiants et de faciliter la validation de leur année.

La protection des données des étudiants, au coeur des polémiques

Les étudiants de leur côté, n’ont pas dénoncé la télésurveillance proposée par l'université, mais des pratiques de non respect de la confidentialité des échanges de la part de la société privée qui pourrait réaliser cette surveillance. La plateforme pourrait en effet prendre le contrôle de la webcam, du micro et pourrait avoir accès à la caméra de l’ordinateur de l'étudiant.
En mars dernier, le ministère de l'enseignement supérieur de la recherche et de l'innovation a rappelé l'importance de la protection des données personnelles, en signalant que les plateformes des sociétés privées devraient en tout cas être conformes au Règlement de la protection des données (RGPD) : « Le travail de mise en place d’une télésurveillance à domicile engendre un traitement de données à caractère personnel et doit donc être établi conjointement avec le délégué à la protection des données personnelle de l’établissement en respect des contraintes de RGPD».

L'e-learning, occasion de repenser l'évaluation et le monde de l'éducation

Le passage forcé à l'éducation numérique a pris l’enseignement par surprise: certaines ont mis en ligne des solutions d’urgence, sans vraiment réfléchir à la méthodologie. Les modalités d'évaluation restent à être explorées. L’enseignement en ligne est en effet une occasion pour repenser les modèles vers un apprentissage plus collaboratif, et la valorisation des acquis pourrait prendre des formes différentes, en donnant plus d'importance à la réflexion, l’implication, et l'appropriation des connaissances de façon différente, par l'expérience par exemple (à travers des stages), ou en réalisant des travaux pratiques.

Pour le CEO de Coursera, Lea Belsky, alors que la plupart des efforts d'apprentissage en ligne tentent de reproduire les systèmes actuels, les meilleures pratiques et les nouvelles technologies vont au contraire réorganiser l'expérience de l'éducation en ligne et mieux impliquer les étudiants. 

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