Age légal, nombre de trimestres : qui pourra encore partir à 62 ans ?

Auteur(s)
La rédaction de France-Soir
Publié le 22 mars 2019 - 12:10
Image
La réforme des retraites vers un système universel par points, piste privilégiée par le gouvernement, va "changer le système social français", selon Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT
Crédits
© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Le nombre de salariés pouvant partir à taux plein à 62 ans va se réduire.
© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives

Dans une réforme de la retraite qui apparaît encore bien floue, l'opinion s'est émue d'une remise en cause de la barre des 62 ans pour pouvoir liquider ses droits, ce que le haut-commissaire en charge de la question a démenti. Mais les conditions pour partir à cet âge risquent de devenir de plus en plus restrictives.

Face à la polémique, il a tenté d'éteindre l'incendie. Le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye a assuré que "l'âge légal reste fixé à 62 ans" pour pouvoir liquider ses droits pour les travailleurs qui ont réuni les trimestres nécessaires. Mais, alors que l'âge moyen du départ à la retraite tourne plutôt autour des 63 ans, quels seront ces personnes qui pourront encore partir à cet âge avec la réforme de la retraite à venir?

S'il est encore difficile de répondre avec exactitude à cette question –la réforme n'est pas encore votée et peut donc évoluer– le projet porté par le gouvernement est clair: oui à la retraite à 62 ans… avec le plus d'incitations possibles de retarder son départ.

Dans la situation actuelle, partir à 62 ans n'est pas forcément aisé et les choses vont se compliquer, sans même qu'Emmanuel Macron et son gouvernement y soient pour quelque chose. Peut actuellement partir à 62 ans, à taux plein, toute personne née après 1955 qui a cotisé 166 trimestres soit 41 ans et 6 mois de travail. Donc une personne qui a commencé sa vie active à 20 ans. Mais pour les travailleurs nés après 1973, qui ont donc actuellement le milieu de la quarantaine, si l'âge de 62 ans reste toujours la barre officielle, le nombre de trimestres, lui, passe à 172. Soit 43 ans de travail. Pour partir à 62 ans à taux plein, il faut donc avoir cotisé sans discontinuer depuis l'âge de 19 ans. Soit une population qui commence à se réduire, surtout en considérant le recul –allongement des formations oblige– de l'âge d'entrée sur le marché du travail.

Lire aussi - Réforme des retraites: "l'âge légal reste fixé à 62 ans", affirme Delevoye

Le projet de réforme du gouvernement inclus, lui, une dimension supplémentaire avec un système à points qui renforcerait les décotes de ceux qui partiraient sans avoir collecté suffisamment de droits (qui seraient donc calculés en points et non plus en trimestres). Dans l'un des scénarios proposés par la réforme, un malus pourrait même temporairement être appliqué à un salarié qui aurait atteint les 62 ans, travaillé suffisamment, mais qui n'aurait pas atteint un "âge de référence". L'idée générale serait de dissuader de partir à 62 ans tous les salariés, même ceux qui remplissent les conditions d'un taux plein, même si le départ restera stricto sensu possible. Reste à savoir combien de futurs retraités seraient prêts à s'y plier. Ce type de système, où le taux plein n'est pas versé même quand les conditions sont remplies, existe d'ailleurs déjà pour la retraite complémentaire Agirc-Arrco.

Pour rappel, le seul moyen actuellement pour un salarié d'obtenir un taux plein quand il n'a pas encore tous ses trimestres arrivés à 62 ans est de continuer à travailler, sous réserve d'une minoration de 0,625% de sa pension par trimestre manquant. Les salariés qui travaillent jusqu'à 67 ans, eux, ont de droit accès à un taux plein même en cas de trimestres manquants. Il pourrait s'agir de l'horizon probable à terme pour les salariés qualifiés: un bac+5 né après 1973 qui n'aurait pas cotisé pendant sa jeunesse arriverait tout juste à atteindre le seuil en nombre de trimestres à 67 ans… en admettant qu'il ait trouvé du travail rapidement après son entrée dans la vie active.

Voir aussi:

Réforme des retraites: l'âge de départ au menu de "la concertation", assure Griveaux

Retraite: les Français partent toujours plus tard (et toujours plus nombreux)

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.